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Haaretz, 15 juin 2004


Le plan d’Ariel Sharon de desengagement de Gaza jouit depuis quelque temps
d’un debut de soutien international, cense restreindre la liberte de
manoeuvre du premier ministre et obliger a Israel a appliquer son projet
d’evacuation, au-dela de sa simple planification. Lorsque la situation
judiciaire et politique de Sharon sera clarifiee, il devra fournir un
calendrier de retrait accelere. (Signalons que depuis la parution de cet
article, Sharon ne risque plus rien sur le plan judiciaire, ndt).
Alors que le retrait de Gaza parait pour le moment etre une mesure de fond
et non pas seulement tactique, en Cisjordanie, ce qui se passe tend a douter
des intentitions du gouvernement Sharon. En moins d’une semaine, trois
evenements de la sorte se sont produits : deux dans la region de Jerusalem,
et un en Samarie. Chacun d’entre eux, pris separement, pose un probleme et
est susceptible de torpiller les liens entre Israel et les Palestiniens.
Pris dans leur globalite, ils constituent un phenomene et une politique.

Dans le village de Walaja, au sud-est de Jerusalem, on planifie un nouveau
quartier residentiel. Les nouveaux habitants ne feront pas qu’y vivre, ils
vont constituer une provocation ambulante. Le precedent cree par la
construction du quartier juif de Har Homa est evident, et alors que la
realite urbaine de Jerusalem (comme par exemple Gilo et Ramot, quartiers
construits a l’est de la Ligne verte) rendent impossible un retour integral
aux lignes de cessez-le-feu, il est ahurissant d’ajouter de nouveaux
obstacles a une situation deja difficile.

Le long du perimetre nord de Jerusalem, dans les quartiers d’A-Ram et de
Qalandyah, on construit une partie de la cloture de securite. Comme en
d’autres endroits, la cloture divise des familles et des communautes,
rendant leur vie quotidienne encore plus difficile, mais dans ce secteur en
particulier, les problemes sont tres aigus. Certaines institutions
internationales (la Banque mondiale, le consulat de Norvege) sont situees
dans le secteur et refusent de demenager, ou d’ouvrir des bureaux de l’autre
cote de la cloture, et la confrontation avec les residents prend une
dimension supplementaire.

La cloture de separation a A-Ram a conduit la logique interne de la cloture
a une conclusion illogique : pour faire obstacle au terrorisme, elle est
censee courir tout au long d’une ligne continue, sans aucun trou. Or, avec
cette logique, il n’existe pas de solutions simples. Il est possible d’en
reduire le perimetre en le tirant vers Jerusalem proprement dite, ou de
l’agrandir en y incluant la zone metropolitaine (ce qui implique de laisser
a l’interieur de la cloture certains quartiers problematiques), ou encore de
diviser les quartiers de facon arbitraire. Chacune de ces solutions implique
des difficultes operationnelles et provoque des frictions avec les
habitants.

La troisieme action qui pose probleme est la preparation des infrastructures
de la cloture dans le voisinage de la ville d’Ariel, profondement en
Cisjordanie. Le trace choisi ici pour la cloture est contraire aux
engagements pris par Sharon envers l’administration Bush, mais satisfait ses
rivaux du Likoud, et Benjamin Netanyahou en particulier. Des terres
palestiniennes ont ete confisquees, et meme si cela est reversible (comme la
cloture elle-meme qui a ete deplacee apres des investissements de plusieurs
millions), il apparait qu’il y a la une intention de proceder a une
construction.

Sharon a presente l’evacuation de Gaza a la droite (opposee a tout retrait)
comme une mesure susceptible d’apporter un double benefice : une aide
americaine et le renforcement des positions israeliennes en Cisjordanie.
Cette seconde moitie de la proposition est insupportable. Elle obere toute
evolution d’Israel vers la paix et la securite, aux cotes d’un Etat
palestinien viable.