L’arrestation du rabbin Dov Lior sert tout le monde et prouve que certains sont plus égaux que d’autres.


Le rabbin Dov Lior aurait dû être soumis à interrogatoire dans le cadre d’affaires bien plus graves que son éloge d’un ouvrage incitant à la violence sur la base de versets de la Loi : certaines opérations du réseau terroriste juif ; l’assassinat d’Yitz’hak Rabin ; le massacre perpétré par Baruch Goldstein – tous ces crimes et d’autres émanaient d’un milieu dont le rabbin Lior était, et est toujours, l’autorité spirituelle.

Après coup, le Shin Beth voulut savoir si le rabbin Lior avait donné son aval à ces actes, en avait eu connaissance à l’avance… et qui d’autre en avait été averti si tant est que quelqu’un l’eût été. Pourtant, sur la très politique consigne de Premiers ministres, Lior ne fut pas inquiété, non plus que d’autres rabbins radicaux.

Ce fut une erreur historique que la lâcheté des Premiers ministres et l’étroitesse d’esprit des deux commissions d’enquête officielles. Rabbi Lior et ses congénères en conclurent non seulement qu’il leur était permis de se croire au-dessus des lois, mais encore qu’on les autorisait à agir ainsi.

Il n’est pas certain que le ministère public ait remédié à la lâcheté antérieure en s’entêtant à interroger le rabbin Lior, cette fois entre toutes, sur son aval accordé à un livre finalement sans importance. Qu’y a-t-il là au juste qui vaille enquête ? demande maintenant le rabbin Lior. J’ai vraiment écrit chacun des mots qui me sont attribués. Si les procureurs veulent m’inculper pour incitation, qu’ils le fassent.

Le fait qu’il ait fallu moins d’une heure aux inspecteurs de police pour boucler leurs investigations et qu’ils aient renvoyé le rabbin Lior chez lui sans condition restrictive d’aucune sorte montre que l’enquête trouvait en elle-même sa propre fin. Les inspecteurs n’ont rien appris qu’ils n’aient déjà su. Le rabbin Lior ne sera pas mis en examen. Et l’on peut douter que le rabbin Shapira, auteur de l’ouvrage, le soit – il en serait ravi, au demeurant, car cela ferait grimper les ventes.

Égalité devant la loi ?

Les événements survenus autour de l’interrogatoire du rabbin Lior témoignent d’un ego surdimensionné de part et d’autre. Nous avons d’un côté un rabbin convoqué au commissariat et qui refuse de s’y rendre par mépris de l’État et de ses institutions ; de l’autre, un ministère public agressif qui veut montrer à tous qui est le maître ; et des policiers qui regardent trop la télé.

L’embuscade qui a permis l’arrestation, dans Tunnel Road (qui relie les implantations du Goush Etzion à Jérusalem), a ajouté une touche de dramatisation superflue à une enquête subsidiaire, fourbissant fort à propos les armes des sectateurs factieux du rabbin Lior.

« Nous sommes tous égaux devant la loi », a déclaré l’avocat général Moshé Lador mardi (28 juin). J’aimerais que ce soit vrai. Nous sommes tous égaux devant la loi, et pourtant, quand on en vient à ceux qui violent la loi, certains sont plus égaux que d’autres. Les exemples ne manquent pas.

Voyez, par exemple, la façon dont notre appareil de maintien de l’ordre traite les criminels adulateurs du rabbin Lior. Ceux qui avaient bloqué la sortie de Jérusalem lundi (27 juin), dévasté les bâtiments de la Cour suprême et endommagé des biens publics ont été relâchés quelques heures après sans avoir été mis en garde. Il en va de même pour ceux qui se rebellent lors des évictions d’avant-postes illégaux et pour ceux qui y habitent. Égalité devant la loi ? Ne me faites pas rire.

La dramatisation autour de l’arrestation de rabbi Lior sert tout le monde : le rabbin est hissé sur les épaules de ses fans ; les policiers à galon y gagnent des éloges et l’immunité sur d’autres champs ; et les procureurs tiennent leur rôle favori – la loi, le héros, la victime.

Les empereurs romains savaient qu’il leur fallait pourvoir au pain et aux jeux. L’arrestation de Rabbi Lior appartient à la section des jeux.

« Nous sommes tous égaux devant la loi », a déclaré l’avocat général Moshe Lador mardi (28 juin). J’aimerais que ce soit vrai. Nous sommes tous égaux devant la loi, et pourtant, quand on en vient à ceux qui violent la loi, certains sont plus égaux que d’autres. Les exemples ne manquent pas.

Voyez, par exemple, la façon dont notre appareil de maintien de l’ordre traite les criminels adulateurs du rabbin Lior. Ceux qui avaient bloqué la sortie de Jérusalem lundi (27 juin), dévasté les bâtiments de la Cour suprême et endommagé des biens publics ont été relâchés quelques heures après sans avoir été mis en garde. Il en va de même pour ceux qui se rebellent lors des évictions d’avant-postes illégaux et pour ceux qui y habitent. Égalité devant la loi ? Ne me faites pas rire.

La dramatisation autour de l’arrestation de rabbi Lior sert tout le monde : le rabbin est hissé sur les épaules de ses fans ; les policiers galonnés y gagnent des éloges et l’immunité dans un autre domaine ; et les procureurs jouent leur rôle favori – la loi, le héros, la victime.

Les empereurs romains savaient qu’il leur fallait pourvoir au pain et aux jeux. L’arrestation de Rabbi Lior appartient à la section des jeux.