PATRICK KLUGMAN : « …Seuls les terroristes palestiniens seraient visés par cette loi qui porte donc atteinte au principe d’égalité… La peine de mort n’a jamais dissuadé qui que ce soit. Le terroriste, dans sa perspective fondamentaliste, aspire, on le sait, à mourir en martyr. Ce projet de loi n’est donc pas dissuasif mais il serait même incitatif... »
Dans le cadre de Chroniques pour la Paix, émission bimensuelle sur Radio Shalom parrainée par La Paix Maintenant et JCall, Patrick KLUGMAN s’entretient avec Jean-Daniel MESSINGER du projet de loi passé en première lecture à la Knesset portant sur la peine de mort pour les terroristes palestiniens.
PATRICK KLUGMAN est avocat au barreau de Paris et ancien Président de l’Union des étudiants juifs de France.
Robert Badinter : ce qu’il pensait d’un tel projet de loi
On réécoutera avec intérêt la brève intervention de Robert Badinter, ancien ministre français de la Justice, ancien président du Conseil constitutionnel français, à la conférence « Sauver la démocratie israélienne » organisée au Parlement européen le 27 mars 2023 par, conjointement, le Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind (CCLJ), JCall et La Paix Maintenant.
Il lui a été demandé ce qu’il pensait du projet d’établir la peine de mort pour les terroristes palestiniens dans le cadre de cette « réforme juridique » que le gouvernement israélien tentait d’imposer :
https://www.youtube.com/watch?v=iOWzpNd7UnU&t=4s
« Un des sujets de fierté qu’ont eu les Juifs dans le monde, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale qui leur avait été si cruelle, c’est que l’État d’Israël n’ait pas voulu introduire dans sa législation la peine de mort. C’était d’une certaine manière la réponse de la civilisation de la vie à l’hitlérisme et à la mort. Et nous avons tiré tous, tous les Juifs, au-delà de l’État d’Israël, une grande fierté de ce que le nouvel État juif reconstitué refusait la peine de mort, qui était le signe même de la barbarie nazie.
Je sais qu’Eichman, j’ai assisté au procès dans des temps lointains, a été condamné à mort et exécuté. Mais depuis l’instauration jusqu’à ce jour, et en dépit des attaques constantes des terroristes, jamais Israël n’a voulu rétablir la peine de mort. Jamais. Et pourtant, le terrorisme ne date pas d’hier. Ce n’est pas seulement la nécessaire désormais dimension d’humanité qui doit prévaloir dans l’État d’Israël reconstitué. C’est aussi un mouvement qui emporte à travers le monde toutes les démocraties. La démocratie et la peine de mort ne sont pas compatibles.
Et puis il faut être lucide. Les terroristes entretiennent avec la mort des rapports secrets et névrotiques. Ils donnent la mort. Ils aiment la mort. Ils sont les agents de la mort. Mourir pour eux, ce n’est pas autre chose que répondre à cette fascination secrète. Espérer dissuader du terrorisme par la peine de mort, c’est absurde. C’est une trahison de ce que nous avons de plus sacré accepter de donner la mort, c’est rejoindre les bourreaux des Juifs, les adversaires d’Israël aujourd’hui. »

