Yediot Aharonot, 2 février 2006


Après les violences qui ont accompagné l’évacuation de la colonie sauvage d’Amona, des proches d’Ehud Olmert s’expriment de façon très dure contre l’extrême droite et laissent présager de futures évacuations.

L’un des proches d’Olmert a comparé l’extrême droite [israélienne] à un « Hamas juif » : « les représentants de l’extrême droite, qui sont le Hamas juif, tentent de délégitimer Ehud Olmert à travers les incidents d’Amona« .

Ce proche a également rejeté l’argument selon lequel les incidents d’Amona favoriseraient le parti Kadima et a annoncé qu’il serait procédé à d’autres évacuations dans un futur proche : « il existe une décision de justice d’évacuer deux autres colonies sauvages : le 725 et la colline de Sakali. Ce qui est illégal est illégal, et aucun autre ordre n’est nécessaire. Nous devons évacuer« . « Cela n’a rien à voir avec les élections ou quoi que ce soit d’autre. S’il y a une décision d’évacuer, cela doit être fait, même si cela ne nous aide pas dans notre campagne. Il vaudrait mieux que le calme règne, mais une décision est une décision« , a-t-il, ajouté.

De hauts responsables de Kadima ont violemment attaqué Benjamin Netanyahou, président du Likoud, lui reprochant notamment de ne pas s’être exprimé sur ce sujet.

Olmert lui-même a affirmé que les événements d’Amona avaient « atteint une dimension que nous ne connaissions pas auparavant. Il s’agit d’une action organisée de la part des colons pour des buts politiques. L’Etat d’Israël ne le tolérera pas« .

Shalom Akhshav : évacuer d’autres colonies sauvages

Le mouvement Shalom Akhshav (La Paix Maintenant) attend la réponse de l’Etat à la requête déposée auprès de la Haute cour il y a 5 mois environ et qui exige l’application des ordres de démolition concernant les colonies sauvages de Harasha et Hayovel. Hayovel compte 17 bâtiments en dur, et l’ordre de démolition a été émis il y a trois ans. De même pour les 6 bâtiments de Harasha.

L’évacuation d’Amona a été en grande partie le résultat de l’action de Shalom Akhshav. En réponse à une requête déposée par ce mouvement, l’Etat a déclaré qu’il comptait évacuer cet avant-poste, déclaration qui a conduit aux violents heurts de mercredi.

Yariv Oppenheimer, secrétaire général de Shalom Akhshav a déclaré que son mouvement suivait attentivement l’action du gouvernement en la matière : « si le gouvernement n’évacue pas les colonies sauvages de sa propre initiative, il y en a un certain nombre contre lesquels nous intenterons une action en justice« .

Dror Etkes, responsable de l’Observatoire de la colonisation de Shalom Akhshav, continue à photographier et à recueillir des informations sur les avant-postes illégaux, informations qui serviront de base à de futures actions en justice.

Mais de son côté, Yariv Oppenheimer sait que d’après le rapport Sasson, il existe 105 avant-postes illégaux que l’Etat doit évacuer, et que la Haute cour sera dans l’incapacité de traiter tous les cas, car chaque délibération peut prendre au moins plusieurs mois . Dror Etkes : « je pense que les moyens juridiques sont limités. Si nous voulons résoudre le problème des colonies sauvages à la racine, cela ne peut être fait que par une décision gouvernementale et non par une décision de justice. Mais aussi longtemps que le gouvernement ne le fera pas, nous nous tournerons vers la Haute cour. Ce n’est pas à Shalom Akhshav de veiller à ce que la loi soit respectée, mais au gouvernement, et nous ne sommes pas ravis d’avoir à recours à la justice. D’un autre côté, le pouvoir judiciaire est le seul qui, de fait, constitue un outil efficace qui prouve qu’il est capable de forcer le gouvernement à évacuer des avant-postes« .

L’évacuation d’un certain nombre de bâtiments en dur construits sur de lointaines collines justifie-t-elle les scènes très dures auxquelles nous avons assisté mercredi ? Oppenheimer pense qu’il n’y a pas d’autre solution : « je regrette les violences qui ont eu lieu aujourd’hui, de part et d’autre. Mais elles sont le résultat de la négligence du gouvernement vieille de plusieurs années face à l’état de non-droit qui règne dans les territoires. Un groupe entier de jeunes est éduqué pour être une jeunesse de pogroms« .

« Il faut résoudre ce problème une bonne fois pour toutes« , a conclu Oppenheimer.