Le Premier ministre israélien a admis l’échec de la conception de la droite selon laquelle la sécurité pourrait être assurée en ignorant le problème palestinien ou par la seule force.


Auteur : Yair Golan, Haaretz, 3 octobre 2025

Traduction : Dory, groupe WhatsApp « Je suis Israël »

https://www.haaretz.com/opinion/2025-10-03/ty-article-opinion/.premium/how-trump-and-netanyahu-have-revived-the-two-state-solution/00000199-9e91-dc12-a5df-9f9b19a20000

Photo : Benjamin Netanyahu et Donald Trump à la Maison Blanche le 1er octobre 2025: « Nous devons abandonner l’idée d’une paix utopique et superficielle. »  © : Jonathan Ernst/Reuters

Mis en ligne le 6 octobre 2025


Cette semaine, après des semaines de pression internationale croissante, la grave détérioration de la position d’Israël, l’utilisation cynique des otages et des soldats à Gaza comme toile de fond du discours de Benjamin Netanyahou à l’ONU et la publication du plan de cessez-le-feu de Donald Trump, le Premier ministre israélien a déclaré oui à un accord à la Maison Blanche. Il a relancé la seule solution susceptible d’assurer la sécurité durable d’Israël : la solution à deux États.

Le « oui » de Netanyahou constituait un aveu de l’effondrement de la conception de la droite selon laquelle la sécurité ne peut être assurée qu’en ignorant le problème palestinien ou en recourant uniquement à la force. C’était une acceptation de la voie que nous avions toujours suivie.

Je me suis lancé en politique pour promouvoir la séparation d’avec les Palestiniens dans le cadre d’un accord régional qui conduirait à deux États pour deux peuples, deux États vivant côte à côte en sécurité et en paix. Ayant abordé cette question sous l’angle de la sécurité pendant des années, notamment comme officier au quartier général de la Cisjordanie lors de la mise en œuvre des accords d’Oslo dans les années 1990, et comme commandant de la division de Judée-Samarie de 2005 à 2007, je peux affirmer que la solution à deux États est dans l’intérêt stratégique d’Israël. Et je sais que la voie à suivre n’est pas moins importante que l’objectif.

Un Premier ministre favorable à la vie aurait lancé des négociations il y a plus d’un an avec l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis afin de bâtir un avenir plus sûr pour la bande de Gaza. L’accord issu du plan Trump aurait pu être mis sur la table il y a un an et demi, à l’initiative d’Israël. Mais Netanyahou, qui préférait conserver le poste de Premier ministre plutôt que de garder les otages en vie, a tout fait pour gâcher toute chance d’aboutir à un tel plan.

Aucun des pays mentionnés ci-dessus n’investira des milliards de dollars à Gaza, ni n’y formera ni n’y enverra de forces pour des opérations de stabilisation sans un engagement israélien sincère à poursuivre un processus diplomatique avec les Palestiniens, avec un objectif clair : l’établissement d’un État palestinien.

Mais après le 7 octobre, Israël n’est plus le même Israël qu’avant, et ne le sera jamais plus. Le traumatisme collectif a engendré chez les Israéliens une haine et une méfiance envers leurs voisins, avec une intensité que nous n’avions pas vue depuis des années.

Nous ne devons pas fermer les yeux sur ces sentiments et leurs implications. Ils ne disparaîtront pas si nous ne les reconnaissons pas et ne comprenons pas comment les gérer. La voie à suivre ne peut passer par une guerre vaine et désespérée qui exploite le traumatisme national pour nourrir des illusions messianiques sur l’annexion.

C’est sur la scène palestinienne que se jouera l’avenir de notre pays. Dans ce contexte, le défi le plus urgent est Gaza, un problème qui ne sera résolu que si nous apportons une solution à deux questions fondamentales : qui gouvernera la bande de Gaza et qui sera responsable de sa reconstruction ?

La sagesse d’Israël se mesurera désormais à sa capacité à influencer la formation d’un gouvernement destiné à remplacer l’organisation terroriste à Gaza. Ce gouvernement doit bénéficier d’une légitimité palestinienne interne, être modéré et travailler main dans la main avec les pays sunnites modérés de la région. Ce sont ces pays qui sont capables de soutenir la mise en place et la consolidation d’un tel gouvernement, et ce sont eux qui peuvent contribuer à la reconstruction de Gaza.

Ces deux processus nous obligent à abandonner une conception utopique et superficielle de la paix. Pour l’instant, le partenaire ne sera pas en mesure de garantir la sécurité des Israéliens. Par conséquent, Israël doit œuvrer pour une séparation au niveau civil tout en préservant la liberté d’action des forces de sécurité – le droit de prévenir et de réagir à toute menace terroriste jusqu’à ce qu’elle soit devenue inutile.

La voie commence par la fin de la guerre et la libération de tous les otages, suivies d’une étroite collaboration avec les pays modérés de la région et avec l’Occident, États-Unis en tête. Nous devons également reconnaître pleinement que le gouvernement multinational temporaire contrôlant Gaza devra finalement être remplacé par un gouvernement palestinien indépendant, capable d’être un partenaire sécuritaire et diplomatique digne d’Israël, tout en bénéficiant au peuple palestinien.

Ceux qui pensent que Netanyahou est capable de mener Israël sur cette voie se trompent et ne l’ont pas écouté attentivement l’autre jour. Seul un nouveau gouvernement, qui exclut les partis de la coalition actuelle, peut ouvrir la voie à une vie digne d’être vécue.

Depuis Yom Kippour 1973, un examen de conscience national s’est ajouté à l’examen de conscience personnel traditionnel de ce jour. Cinquante-deux ans plus tard et près de deux ans après le massacre de Simhat Torah, le temps est venu pour Yom Kippour de servir d’exemple à l’examen de conscience du gouvernement. Après cela, nous pourrons commencer à réparer.