Ce n’est pas tant du résultat des élections dont il s’agit. La « droite » a gagné et tel est le jeu démocratique.
Elle a déjà gagné dans le passé. Puis elle a perdu. Elle perdra à nouveau. Là n’est pas le problème… Le problème n’est pas la droite non plus. On peut être de droite et démocrate, et de gauche et a-démocrate.

Celui qui a pour voisin le porteur du T-shirt sur lequel est réclamée la libération d’Ygal Amir, l’assassin d’Yitzhak Rabin, vient de remporter 14 sièges. Faiseur de roi de la coalition à venir, il répand la haine, celle de celui qui n’est pas comme lui, l’Arabe, le gauchiste, le Juif laïque qui assume cette double identité. Il n’est pas un accident de l’histoire mais l’incarnation d’un processus qui se déploie depuis plusieurs dizaine d’années déjà.

L’assassinat de Rabin aurait dû amener la société israélienne à prendre conscience des dangers qui menacent son essence même et à la pousser à prendre les mesures qui s’imposaient. Les condamnations, le plus souvent sincères mais parfois feintes, ont fait office d’anesthésiant avant le retour « à la normale ». Alors que rien ne l’était plus.
Certes, il y a des facteurs explicatifs, des responsabilités partagées, internes et externes. Mais il n’en reste pas moins que le venin, dorénavant bien installé, s’est propagé…

Relire aujourd’hui le dernier discours prononcé par Y. Rabin* le soir de son assassinat puis se remémorer les diatribes électorales et on ne pourra que le constater : Rabin a été assassiné il y a 27 ans, ses valeurs, son éthique agonisent présentement.

Que ceux qui les portent encore en leur plus profond, à droite et à gauche, se remettent en action.
Il est encore temps… mais pour combien de temps?

*Cf. https://international.blogs.ouest-france.fr/archive/2015/11/03/rabin-israel-14975.html

Ilan Rozenkier

 

Mis en ligne le 4 novembre 2022