Trd. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


L’attentat terroriste de lundi au centre commercial de Petah Tikva, qui a tué un bébé et sa grand-mère, ainsi que d’autres attentats déjoués ces deux derniers jours et les nombreuses alertes aux attentats, ont une fois de plus remis le terrorisme au coeur de la vie quotidienne en Israël. Le public est forcé de s’habituer à cette terrible routine, et la considère comme un jugement de Dieu. Cette attitude repose sur deux hypothèses : la première est que l’opinion palestinienne est de façon monolithique en faveur des attentats suicides, et veut tuer autant d’Israéliens que possible. La deuxième est qu’il n’y a personne du côté palestinien avec qui avancer dans le processus de paix.

Ces hypothèses doivent être réexaminées à la lumiere des nombreux rapports
qui nous parviennent sur les voix (du côté palestinien comme de celui d’autres dirigeants arabes) appelant avec force à mettre un terme aux attentats suicides et aux attentats contre les civils israéliens. Il est devenu difficile aujourd’hui de ne considérer que comme des paroles de pure forme les condamnations claires et sans equivoque des attentats par les dirigeants de l’Autorité palestinienne, en particulier quand ils condamnent des mouvements comme le Hamas et le Jihad islamique, et même des mouvements liés au Fatah, responsables de quelques-uns des attentats suicides.

Comme on peut l’espérer, une nouvelle atmosphère est en train de s’installer
chez les dirigeants palestiniens et dans la société arabe, édictant de nouvelles règles concernant ceux des instruments qui sont légitimes dans la lutte contre l’occupation, et ceux qui ne le sont pas. Cette atmosphère est très importante, parce qu’elle pourrait délimiter une frontière entre des groupes terroristes comme le Hamas, le Jihad islamique, les Brigades des Martyrs d’El Aqsa et les Brigades Iz a Din al Kassam – qui doivent être combattus avec toute la force nécessaire – et la société palestinienne et ses dirigeants, qui tentent, légitimement, de se libérer de l’occupation.

Faire cette distinction est nécessaire si l’on veut réexaminer l’hypothèse selon laquelle il n’existe aucun partenaire du côté palestinien pour négocier, et avec lequel mener une campagne en commun contre les groupes terroristes, qui menacent aussi la légitimité de l’Autorité palestinienne. Pour établir un partenariat de ce type et mener une campagne commune contre la terreur, les opérations militaires à grande echelle, qui se sont révélées incapables d’empêcher les attentats, ne suffisent pas. Il faut aussi ce qu’on nomme ici, à longueur de temps, un « horizon politique ».

La direction palestinienne, qui s’exprime maintenant clairement contre les attentats, demande à Israël de lui fournir les munitions politiques pour prouver à l’opinion palestinienne qu’il n’est pas nécessaire de choisir la terreur pour parvenir à ses fins. Si, malgré ces voix qui s’élèvent, Israël continue à construire de nouvelles colonies et encourage ses citoyens à s’y installer, au lieu de proposer un plan réaliste, et si George Bush continue à émettre des jugements émotionnels sur Yasser Arafat, au lieu d’aller de l’avant avec une inititiative politique américaine, la routine du terrorisme pourrait continuer, et empirer.

Avec la levée du siège de la Mouqata à Ramallah, et la solution de compromis
pour le siège autour de l’Eglise de la Nativité à Bethléem, et à la lumière des pressions importantes exercées sur les Palestiniens pour qu’ils mettent fin au terrorisme, il existe, momentanément, une ouverture pour renouer le dialogue. Mais les jours passent, et de plus en plus, nous craignons qu’Israël ne fasse rien pour profiter de cette opportunité.