D’anciens patrons des forces israéliennes de sécurité ont brossé le schéma d’une nouvelle initiative de paix, dont ils espèrent user comme d’une plate-forme destinée à pousser le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à relancer avec les Palestiniens des pourparlers actuellement au point mort.

Un porte-parole a confirmé mardi le plan dans ses grandes lignes, précisant qu’il se basait sur une initiative arabe de 2002 qu’Israël s’était gardé d’adopter car elle appelait au rapatriement des réfugiés et au retrait complet des territoires conquis pendant la guerre de 1967.

Une quarantaine d’Israéliens éminents – au nombre desquels d’ex-dirigeants politiques de tendance colombe tout comme d’anciens chefs du Mossad, du Shin Beth et de l’armée – sont venus soutenir le projet, disant qu’ils rendraient leurs idées pleinement publiques le lendemain mercredi.

Le plan a été conçu « à la lueur des événements dramatiques au Moyen-Orient », allusion aux soulèvements populaires contre un pouvoir autocratique qui enflamment le monde arabe depuis janvier ; il se donne pour objectif de presser le gouvernement de « renouer immédiatement des pourparlers de paix », selon une déclaration du groupe.

Ce dernier comprend l’ex-chef d’état-major de Tsahal Amnon Lipkin-Shahak, les anciens chef du Mossad Dany Yatom et directeurs du Shin Beth Yaakov Perry et Dany Ayalon, tout comme l’ex-général et dirigeant du Parti travailliste Amran Mitzna, candidat premier ministrable lors des élections de 2002.

Parlant à l’agence Reuters sous condition d’anonymat, un porte-parole du groupe a confirmé les articles selon lesquels le plan presserait Israël d’accepter la formation d’un État palestinien à Gaza et dans presque toute la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.

Une éventuelle compensation financière destinée aux réfugiés palestiniens y est proposée, ainsi qu’un partage de souveraineté à Jérusalem, les quartiers largement palestiniens étant placés sous leur contrôle tandis que les zones juives seraient gouvernées par Israël.

Les réfugiés pourraient se voir offrir un dédommagement et un petit nombre d’entre eux seraient autorisés à retrouver leurs anciennes maisons en Israël, a ajouté le porte-parole.

Les Palestiniens veulent un État sur l’ensemble de la Cisjordanie et de la bande de Gaza avec la Jérusalem-Est arabe pour capitale et un règlement de la question des réfugiés. Ils se sont refusés à tout commentaire sur l’initiative, disant qu’ils désirent tout d’abord en voir le texte.

Le plan appelle également au retrait complet des forces israéliennes des hauteurs du Golan, territoire pris à la Syrie au cours de cette même guerre de 1967 au Moyen-Orient, en échange de garanties en termes de sécurité régionale et de projets économiques, toujours selon le porte-parole.

Un exemplaire de ce plan a été montré au Premier ministre Benjamin Netanyahu, mais il n’a fait aucun commentaire en public.

Le State Department U.S. a déclaré en réaction à ces documents, qui lui ont été présentés par Ha’aretz : « Nous sommes impatients d’en apprendre plus sur l’initiative israélienne de paix et croyons qu’elle pourrait constituer une contribution positive à la recherche de la paix. »

Les tentatives de reviviscence des pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens ont jusqu’ici échoué et les Palestiniens concentrent leurs efforts sur l’organisation du soutien international à une déclaration unilatérale d’indépendance en septembre par les Nations unies.

Certains dirigeants israéliens redoutent qu’une telle stratégie les précipite dans l’isolement sur la scène diplomatique. Au sein de son cabinet, quelques-uns des ministres de Netanyahu l’ont pressé de s’emparer de l’initiative et de présenter un nouveau plan pour sortir de l’impasse.

« Nous pensons être dans notre bon droit, mais de nombreux autres pays de par le monde ne semblent pas partager notre point de vue, ce qui est désastreux », nous a confié un ministre refusant d’être nommé.

« Nous devons déplacer un pion et montrer notre jeu », dit-il, ajoutant qu’il n’était pas certain que Netanyahu le ferait.


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