[->http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3355619,00.html]

Yediot Aharonot, 23 janvier 2007

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


La Suisse a joué le rôle de médiateur dans les pourparlers de paix entre Israël et la Syrie, dont l’existence a été révélée la semaine dernière [Voir notre article [, traduction du fameux article d’Akiva Eldar qui, le premier, a rendu public ce « Genève israélo-syrien ». Notre article contient la carte de ces accords.]], a reconnu lundi la présidente suisse Micheline Calmy-Rey. Lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion de son accession au poste de présidente de la Confédération, elle a révélé le rôle de son pays dans les contacts entre Damas et Jérusalem.

Cette ancienne ministre des affaires étrangères, qui a participé aux conversations avec les Syriens, condamne les représentants du gouvernement israélien qui ont démenti toute connaissance de ces pourparlers et en ont minimisé l’importance : « Il y avait une chance, les Syriens étaient intéressés, mais Israël n’a pas voulu les rencontrer. Ces conversations secrètes, qui n’ont plus rien de secret puisqu’elles ont été révélées par les médias, étaient en fait arbitrées par un médiateur suisse ».

Le Dr Alon Liel, ancien directeur de cabinet du ministère israélien des affaires étrangères, était le représentant israélien dans ces conversations officieuses, face à Ibrahim Suleiman, un Américain d’origine syrienne très proche du régime de Damas.

/…

« La seule manière pour nous de nous assurer que nos homologues étaient sérieux a été d’envoyer quelqu’un à Damas environ tous les mois pour le vérifier », a expliqué Liel. Il décrit ce médiateur comme « un dignitaire européen super-professionnel, super-responsable. »

Confirmant les déclarations d’Alon Liel, Micheline Calmy-Rey a dit lundi que ce médiateur suisse se trouvait en ce moment à Damas, ajoutant que le secrétaire aux affaires étrangères suisse se rendrait à Damas la semaine prochaine.

/…

Lors d’une rare interview qu’il nous a accordée depuis son domicile, dans la banlieue de Washington, Ibrahim Suleiman affirme que ces conversations avaient eu lieu avec le soutien des gouvernements de Jérusalem et de Damas, en pleine connaissance de cause : « La Syrie voulait faire la paix avec Israël, la Syrie voulait bâtir des relations avec les Etats-Unis, le président Assad n’a cessé de répéter qu’il voulait avoir de bonnes relations avec les Etats-Unis. Il a tendu la main de la paix et de l’amitié à Israël et aux Etats-Unis, et ils l’ont rejetée. »

Il était prévu que Suleiman prenne la parole pour la première fois devant un public israélien à la Conférence d’Hertzliya, en tant qu’invité spécial du Dr Uzi Arad, premier conseiller diplomatique du premier ministre pendant la mandature de Benjamin Netanyahou. Toutefois, quand ces efforts ont été rendus publics, Suleiman, qui croit dur comme fer que toute médiatisation sabote les négociations diplomatiques, a décidé d’annuler sa visite.


(source : Ha’aretz)

Sur le même sujet, le journaliste d’Ha’aretz Akiva Eldar, qui le premier a révélé l’existence de ces négociations, révèle aujourd’hui plusieurs détails supplémentaires :

 lors de ces pourparlers le retour en Israël de la dépouille de l’espion israélien Eli Cohen, exécuté à Damas, a été évoquée. Ariel Sharon aurait même affirmé à la veuve d’Eli Cohen que la dépouille de son mari serait bientôt enterrée en Israël.

 Silvan Shalom, ministre des affaires étrangères dans le gouvernement Sharon, confirme avoir été tenu au courant des conversations.

 Yossi Beilin a donné le nom du fameux « médiateur européen ». Il s’agit de Nicholas Lang, qui dirige le département Moyen-Orient au ministère suisse des affaires étrangères. Nicholas Lang avait déjà joué un rôle essentiel dans les contacts qui ont précédé les Accords de Genève.