A M. le Premier ministre Menahem Begin

Monsieur,

Ce sont des citoyens, qui servent également en tant que soldats et officiers dans l’armée de réserve, qui vous adressent cette lettre. Ce qui suit n’a pas été écrit de gaîté de coeur. Néanmoins, alors qu’un nouvel horizon de paix et de coopération s’ouvre pour la première fois à l’Etat d’Israël, nous nous sentons dans l’obligation d’en appeler à vous pour prévenir toute mesure susceptible de provoquer des problèmes sans fin pour notre peuple et pour notre Etat.

Nous vous écrivons cela parce que nous sommes profondément inquiets : nous aurions du mal à accepter un gouvernement qui préférerait exister dans les fontières du « Grand Israël » plutôt qu’exister en paix avec ses voisins. Un gouvernement qui préférerait les colonies au-delà de la ligne Verte au règlement de ce conflit historique par la normalisation des relations dans notre région nous poserait un problème quant à l’attitude que nous devrons avoir. Une politique qui provoquerait la perpétuation de la domination d’un million d’Arabes porterait atteinte au caractère juif et démocratique de l’Etat, et nous aurions du mal à nous identifier avec la voie choisie par l’Etat d’Israël.

Nous sommes conscients des besoins en sécurité de l’Etat d’Israël, et connaissons les difficultés qui se trouvent sur le chemin de la paix. Mais nous savons aussi que nous n’obtiendrons une véritable sécurité que lorsque la paix arrivera. La force de Tsahal réside dans l’identification de ses soldats avec la voie empruntée par l’Etat d’Israël.

348 signatures
Mars 1978