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Yediot Aharonot, 5 juillet 2006

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Les faits : les tirs continuels de roquettes artisanales Qassam ont provoqué des dommages massifs, peut-être irréversibles, pour le peuple palestinien qui gémit sous la botte de l’occupation israélienne. Ils donnent aussi à l’armée israélienne une raison de poursuivre sa politique des assassinats ciblés.

D’après des sources militaires israéliennes, plusieurs civils palestiniens ont été tués suite à ce qu’Israël appelle « des erreurs commises par l’armée de l’air au cours de missions où des missiles ont été tirés sur des cibles ». Les mêmes sources soulignent que plus de 1.000 Qassams ont été tirées depuis Gaza depuis le retrait israélien d’août 2005.

Le comportement des Palestiniens dans ce contexte illustre, mieux que tout, le chaos politique et sécuritaire qui continue à régner dans la bande de Gaza et à rendre celle-ci incontrôlable. Les politiques, emmenés par Mahmoud Abbas et par le gouvernement Haniyeh, n’ont pas su imposer une accalmie temporaire aux groupes armés, alors qu’Israël, de son côté, avait averti que si les tirs se poursuivaient, il réactualiserait ses plans de réoccupation de Gaza. Suite à l’enlèvement du soldat Gilad Shalit, l’opération « Pluies d’été » a débuté.

A la lumière de cette situation, toutes les factions palestiniennes doivent entamer un sérieux examen de conscience pour parvenir à certaines décisions stratégiques : la supériorité militaire d’Israël est claire, et si l’armée met à exécution sa menace d’entrer dans Gaza, les Palestiniens n’ont pas les moyens d’y faire quoi que ce soit.

De plus, à cause du siège imposé par Israël, la bande de Gaza est devenue une caisse d’explosifs alors que la faim, la pauvreté et le chômage atteignent des sommets. On a l’impression que le pragmatisme a été rayé du dictionnaire palestinien. Et l’on a du mal à se libérer de l’impression que certains groupes n’ont pas encore tiré les leçons de la résistance libanaise : quand le sud Liban était territoire occupé, le Hezbollah tirait régulièrement des Katioucha sur Kiryat Shmona [ville israélienne proche de la frontière libanaise]. Mais depuis le retrait israélien en mai 2000, les tirs de missiles sur le nord d’Israël ont cessé.

Alors, pourquoi les Palestiniens continuent-ils à tirer alors qu’Israël a quitté Gaza ?

La poursuite des tirs sur Israël prouve qu’il n’y a aucune raison. Au contraire : chaque Qassam tirée sur Israël est un but des Palestiniens contre leur camp. Chaque Qassam tirée nous fait perdre un peu de soutien de la communauté internationale qui tend vers les Palestiniens quand des civils sont tués.

Quand le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan s’est plaint auprès d’Ehoud Olmert des attaques israéliennes qui ont fait des victimes civiles, ce dernier a répondu simplement que les Palestiniens tiraient systématiquement sur le sud d’Israël, et Annan a dû battre en retraite.

Suspendre le feu apporterait d’immenses bénéfices au peuple palestinien, et humilierait Israël. En l’absence de tirs de Qassam, Olmert ne pourrait plus présenter les actions israéliennes comme « de l’autodéfense ». Il est donc de l’intérêt national palestinien que les factions cessent immédiatement de tirer sur Israël.

Concernant le prisonnier de guerre Gilad Shalit, je conseille au gouvernement israélien de comprendre le message clair envoyé par le père de Shalit : il n’y a aucun moyen de restaurer la force de dissuasion de Tsahal.

Le refus d’Israël de négocier avec ceux qu’il insiste pour nommer des « terroristes » est gouverné par l’émotion et non par la raison. Après tout, dans le passé, Israël a bien négocié avec Ahmed Jibril et avec Nasrallah, le leader du Hezbollah. Si l’on suivait cette logique jusqu’au bout, ils devraient être effacés de la liste des « terroristes » constituée par Israël.