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Apres avoir crie triomphe pendant trois jours au sujet du veto americain a
la resolution du Conseil de securite des Nations-Unies, une resolution
quasiment identique a ete adoptee par l’Assemblee pleniere des memes
Nations-Unies.

La reaction d’Israel a ete prompte : une declaration meprisante attribuant
le resultat du vote (133 contre 4) a la majorite automatique dont jouit le
bloc des Etats arabes.

On peut, bien sur, se feliciter des allies qu’Israel a trouves au sein de
cette assemblee pleniere : outre les Etats-Unis, la Micronesie et les Iles
Marshall. On peut aussi ne pas tenir compte du fait regrettable que tous les
Etats europeens ont fait partie de l’enorme majorite qui a soutenu la
resolution, destinee a interdire a Israel de toucher a Arafat. On peut aussi
ecarter la conclusion, une gifle diplomatique a la stupide decision du
gouvernement israelien, en se consolant du fait qu’il ne s’agit que d’une
declaration d’intention, sans aucune possibilite reelle de l’appliquer.

Une semaine apres la reunion hallucinatoire du cabinet, au cours de laquelle
il a decide d' »enlever l’obstacle » (Arafat), meme ses ministres admettent que cela ne devait pas etre applique de facon imminente, et qu’a cet egard, Israel est totalement dependant de l’approbation des Etats-Unis.

Le desir de se debarrasser d’Arafat, d’une maniere ou d’une autre, est la demonstration la plus eclatante de la tendance qu’a Israel a fuir toute responsabilite et a tout conditionner a des developpements imaginaires du
cote palestinien. Au lieu de faire ce qu’il doit faire pour tenter de
ramener le calme, Israel produit des plans d’action pour le rival, et lui
demande de les appliquer. Et quand les Palestiniens ne repondent pas a ces
attentes, Israel en retire de nouveau la confirmation qu’il n’existe aucun
partenaire pour faire la paix.

Les accords d’Oslo etaient fondes, entre autres, sur une exigence : que les
Palestiniens changent de caractere et deviennent une societe democratique,
une merveille qui n’existe nulle part dans le monde arabe. Cette condition a
ete remplie, en apparence, et c’est sur cette base qu’Arafat a ete elu a
l’unanimite president de l’Autorite palestinienne. Cette procedure formelle,
comme celle qui avait cours dans l’Irak de Saddam Hussein, est maintenant
utilisee, de maniere assez ironique, par Ahmed Tibi (depute arabe israelien
a la Knesset, ndt) et d’autres pour dire que la menace d’Israel envers
Arafat torpille un processus parfaitement democratique. Pour voir combien la
regle democratique prevaut dans la societe palestinienne, il suffit
d’examiner la campagne montee contre Mahmoud Abbas quand celui-ci a ose
defier Arafat.

Le processus qui a conduit a l’election de Mahmoud Abbas au poste de premier
ministre est aussi un exemple de cette illusion d’Israel selon laquelle il
peut imposer un changement du cote palestinien. Telle aussi est la demande
que les Palestiniens produisent un leader de la trempe de Ben-Gourion, qui
serait assez determine pour etablir son autorite sur tous les mouvements
armes. La decision du cabinet de se debarrasser d’Arafat tombe dans la
poubelle aux hallucinations. Ni Israel, ni aucun acteur exterieur ne peut
remplacer, par la force, les processus necessaires pour changer les
referentiels de la societe palestinienne, ses regles du jeu et sa politique.

Israel doit apprendre a traiter avec le rival palestinien comme il est.
D’abord et avant tout, il doit jouer son propre role pour regler le conflit,
ou plutot, faire tout ce qu’il est possible de faire pour le calmer. Une
proposition de cessez-le-feu est sur la table. Jusqu’ici, le cabinet ne s’y
est pas interesse, en dehors de l’argument habituel : aussi longtemps
qu’Arafat est la, et aussi longtemps que l’Autorite palestinienne ne
demantelera pas les organisations terroristes, il n’existera aucune chance
d’aboutir a un accord.

Ces conditions prealables sont irrealistes, meme si elles semblent
justifiees aux yeux d’Israel. Elles ne seront pas remplies sans un profond
changement dans le climat general qui regne sur le conflit. Et pour que ce
changement se produise, Israel doit enfin en arriver a se rendre compte
qu’il doit renoncer aux territoires.