La venue à Paris de Mahmoud Abbas l’a remis sous les projecteurs alors que ressort plus que jamais sa fragilité tant sur le plan politique que sur celui de son  état de santé, l’un n’étant pas sans rejaillir sur l’autre et réciproquement.
Sur le terrain, la situation ne s’améliore pas, loin s’en faut. Un Israélien, Ari Fuld, a été tué il y a quelques jours encore et le décompte des victimes palestiniennes ne fait que croitre sans solution à la problématique des cerfs-volants et ballons incendiaires. En matière de sécurité intérieure, le gouvernement israélien n’a essuyé que des échecs et ne peut se targuer d’aucun résultat concret. Par contre, l’un expliquant l’autre sans doute, il édicte des textes qui mettent Israël en marge des pays éclairés et démocratiques et provoquent de multiples fractures, que ce soit au sein de la société israélienne (arabes, druzes, laïques…) qu’avec des fractions de plus en plus larges des Juifs de par le monde qui ont de plus en plus de mal à se reconnaitre en cet État qui se détourne de sa déclaration d’indépendance.
Nombre de ceux qui ont soutenu systématiquement, aveuglément diraient certains, la politique de tous les gouvernements israéliens quelle qu’en fût la couleur, commencent à faire entendre leur voix sans remettre en cause leur attachement inconditionnel à l’existence de l’État, les critiques et réserves étant adressées à la politique menée par le gouvernement actuel.

Ce gouvernement, pour justifier son immobilisme politique ancré dans le soutien inconditionnel – pour l’instant – de Donald Trump, met en avant, depuis longtemps déjà et ce même lorsque les Travaillistes étaient au commandes, l’absence de partenaire palestinien. La vérité est toute autre: le gouvernement en fonction ne veut pas de partenaire avec lequel négocier car négocier c’est accepter des compromis. Certes, l’Autorité palestinienne est loin d’être parfaite – mais qu’elle autorité l’est? – et par ses divisons, elle offre un vaste champ de manœuvre que le gouvernement utilise avec une habileté certaine, sauf que cette habileté est contraire à l’intérêt des Israéliens. Le nombre croissant de victimes, certes davantage chez les Palestiniens que chez les Israéliens, en atteste.
L’horrible assassinat de Ari Fuld a donné un prétexte supplémentaire à ceux qui clament « on ne peut pas négocier avec ces gens là ». Dans un premier temps a été mise en exergue l’auto-satisfaction proclamée du Hamas comme représentant le point de vue palestinien, mais la condamnation par Mahmoud  Abbas, devant d’anciens politiciens israéliens, (dont Yossi Beilin) présents à Ramallah, a été quasiment passée sous silence. Puis on a appris la création d’une colonie sauvage en guise de représailes.
Au début du mois, les Palestiniens ont souhaité une rencontre avec des militants de la paix Israéliens (qu’ils ne boycottent pas comme le voudrait BDS). Shalom Akhsav a adjoint à sa délégation des « extérieurs » et on lira  dans cette Newsletter avec intérêt un résumé de ses principales déclarations. Elles vont à l’encontre de ce qui lui est généralement attribué, déclarations qui n’ont été que peu reprises.
Certes, il ne faut pas faire preuve de naïveté, une déclaration ne remplace par une politique mais une déclaration, surtout quand elle est réitérée, fait partie d’une politique.

Il y a un partenaire, fragilisé certes, mais cependant partenaire; l’affaiblir ne sert en rien aux intérêts d’Israël et de la paix dans la région.
Verser des larmes de crocodile dans un avenir plus ou moins proche ne permettra pas de revenir sur les occasions manquées, de même que les regrets actuels dont la presse fait état, de ne pas avoir su prendre en compte les informations transmises avant la guerre de Kippour, il y a 45 ans  ces jours-ci, ne feront pas revenir les disparus.
Le risque de la paix reste préférable à la certitude de la guerre.

Ilan Rozenkier

23 septembre 2018