Trad. : Marie-Hélène Le Divelec pour La Paix Maintenant

Maintenant, c’est votre tour

Capetown (Afrique du sud) – Le jour apres la demission d’Amram Mitzna de la
direction du Parti travailliste, Frederik de Klerk s’est vu offrir le poste. Il etait assis dans sa grande veranda avec vue sur un terrain de golf magnifiquement entretenu et sur une petite baie a l’eau d’un bleu profond, quand des Israeliens et des Palestiniens lui telephonerent et lui demanderent comment proceder pour faire la paix.

Bien sur, de Klerk ne prit pas au serieux l’idee de remplacer Mitzna, que lui proposaient – egalement sans la prendre au serieux – deux membres de la
Knesset, Youli Tamir (Parti travailliste) et Eti Livni (Shinoui). En revanche, il prit tres au serieux la question concernant le processus de paix. Tirant une grande bouffee de sa cigarette, il sourit et dit : « La paix se fait tres simplement. On s’assoit et on parle. C’est ce que mes amis et moi avons fait apres le fameux discours au Parlement du 2 fevrier 1990 ».

La rencontre entre des Israeliens, des Palestiniens et de Klerk eut lieu la
semaine derniere en Afrique du sud, dans une charmante ville de villegiature
pres de Capetown, dans le cadre d’un seminaire sur les methodes et le
processus de paix dans des societes dechirees par des conflits. Cette
reunion avait ete organisee par le South African Human Sciences Research
Council, sous la direction du professeur Wilmot Jamas, lui-meme sociologue,
ecrivain et ancien militant contre l’apartheid. La Fondation Ford avait finance le seminaire. Il ne s’agissait pas d’une reunion politique, ou d’une de ces centaines de rencontres entre Israeliens et Palestiniens qui passent un week-end a l’etranger pour donner libre cours a leurs sentiments. Il ne s’agissait pas non plus de ce qu’un journaliste et confident d’Ariel Sharon a decrit avec mepris sur Radio Israel comme « quelques individus qui veulent comparer la situation dans les territoires occupes a l’apartheid ». C’etait avant tout un forum pour ecouter.

Parmi les invites au seminaire figuraient des personnalites clefs d’Afrique
du sud – entre autres des membres du gouvernement et du Parlement, des
hommes d’affaires, des journalistes, des hommes d’Eglise – menes par de
Klerk, qui a ete president de l’Afrique du sud entre 1989 et 1994 et qui a
recu le Prix Nobel de la paix en 1993 (avec Nelson Mandela). Bien qu’ils
soient ouvertement fiers des progres politiques qu’ils ont realises, les
participants sud-africains n’etaient pas venus pour precher ou pour comparer
leur situation a celle qui existe en Israel en ce moment, ou encore pour
suggerer des solutions immediates. Ils ont parle de la crise des annees 80,
de l’isolement international, des sanctions, de la honte que l’on eprouvait
a s’identifier comme un Sud-Africain, de la violence, du sang, des luttes
pour le pouvoir politique, de la souffrance et du desespoir – mais aussi de
la lumiere a l’autre bout du tunnel, a savoir de la transition de l’apartheid a la democratie.

De Klerk, l’homme qui a conduit l’Afrique du sud a la democratie, a ete invite a venir en Israel le mois prochain pour assister a une rencontre au sommet d’anciens dirigeants qui parleront de paix. Selon lui il y aura Ehoud Barak et Mikhail Gorbachev et de Klerk, qui est membre du Conseil international du Centre Peres pour la Paix, essaiera d’y participer malgre un emploi du temps tres charge. (De Klerk dirige une fondation internationale pour l’aide aux societes en conflit).

Depuis qu’il a quitte la vie politique en 1997 de Klerk est disponible pour
des missions internationales et il voit dans le conflit entre Israeliens et
Palestiniens la possibilite d’agir et aussi de rehausser son prestige en
Afrique du sud. Beaucoup de gens ici disent cyniquement que lors de son
fameux discours au Parlement en 1990, de Klerk n’avait pas vraiment
l’intention de faire sortir de la bouteille le djinn de la democratie au nom
d’une conviction profonde et authentique, mais qu’une fois le processus en
marche, les evenements l’ont emporte dans leur sillage.

Pourquoi le regime de l’apartheid a-t-il echoue ?

Que s’est-il passe le 2 fevrier 1990 ? De Klerk raconte l’histoire comme un
bon roman policier. Ce matin-la il preparait son discours annuel pour la
nouvelle session parlementaire. La veille il avait redige le discours a la
main mais, contrairement a ses habitudes, il n’avait pas donne le brouillon
a taper par sa secretaire. Ensuite il rassembla quelques amis et leur
communiqua les grandes lignes de son discours. Plus tard dans la journee il
tint une reunion avec son cabinet ou il devoila ses intentions.

« Je ne voulais pas de fuites dans la presse, par consequent je leur ai fait
promettre de ne pas meme en parler a leurs femmes – parce qu’en general il y
a des fuites – et j’ai promis de n’en rien dire a la mienne. Pour une fois nous avons garde le secret parce que nous voulions que notre declaration ait le maximum d’effet de choc afin de pouvoir changer toute l’attitude des Sud-Africains et de montrer au reste du monde que ceci etait serieux et que nous ne faisions pas semblant ».

A minuit De Klerk telephona au Premier ministre britannique de l’epoque, Margaret Thatcher, et lui dit qu’elle ne serait pas decue par le discours qu’il allait prononcer le lendemain. Sa femme, Marike (qui sera sauvagement assassinee en decembre 2001) le conduisit au Parlement le jour suivant et il lui dit « L’Afrique du sud ne sera plus jamais la meme ». Il ajoute, « et elle comprit ».

Son discours a fait boule de neige pour la democratie en Afrique du sud. Il
annonca que le Parti communiste, qui etait hai du Parti national afrikaner, serait reconnu legalement, que tous les prisonniers politiques qui n’etaient pas coupables de crimes de sang seraient liberes, qu’il y aurait un moratoire sur toutes les executions, et que Nelson Mandela serait libere sans conditions dans les dix jours.

Demander a un Sud-Africain ou il etait le 2 fevrier 1990 quand de Klerk a
prononce son discours revient a demander a un Americain ou il etait quand
Kennedy a ete assassine ou a un Isrelien ou il etait quand Yitzhak Rabin a ete assassine. La plupart des noirs et des gens de couleur repondront que ce jour-la ils se battaient d’une maniere ou d’une autre contre l’apartheid, et la plupart des blancs diront que non seulement ils savaient depuis longtemps que la fin de l’apartheid se profilait, mais aussi qu’ils pensaient que le regime de l’apartheid etait immoral et injuste. Il se trouve que la plupart des partisans de l’apartheid disparurent en meme temps que l’apartheid lui-meme, comme s’ils n’avaient jamais existe. La memoire collective s’est metamorphosee : tout le monde etait partisan de Mandela.

De Klerk, 67 ans, est ne a Johannesburg dans une famille afrikaaner qui
compte de nombreuses personnalites et des politiciens. Il etudia le droit et
il exerca la profession d’avocat pendant 12 ans. En 1973, il refusa un poste
universitaire prestigieux pour se lancer dans une carriere politique apres avoir ete elu au Parlement en novembre 1972. Il est regulierement monte dans la hierarchie du Parti national – qui etait au pouvoir depuis 1948 et qui avait introduit la legislation de l’apartheid – jusqu’en 1989, quand le president P.W. Botha a eu une attaque et a demissionne et le Parlement lui choisit de Klerk comme successeur.

Les Palestiniens, les Israeliens et, curieusement, les Sud-Africains qui assistaient au seminaire voulaient savoir ce qui avait cause la transformation de de Klerk. Qu’est-ce qui avait pousse un politicien avec un passe si conservateur – qui avait grandi et vecu dans le climat raciste rigide de la classe dominante – qu’est-ce qui l’avait pousse a changer radicalement de cap ?

Dans sa reponse, de Klerk depeint le passe avec les couleurs d’aujourd’hui :
« Quand j’etais jeune et que j’etais partisan de l’apartheid, l’idee etait de diviser l’Afrique du sud et d’offrir a chacun une nation identifiable, avec sa propre langue, sa propre culture, sa propre famille royale, une independance qui en fin de compte menerait a une sorte de confederation comme l’etait l’Union europeenne. En d’autres termes et dans un certain sens, ce que l’apartheid voulait realiser a l’origine est ce que tout le monde decrit maintenant comme la solution pour Israel et la Palestine, a savoir la division, la separation de nations/Etats en fonction de l’ethnie, de la culture et de la langue ».

Si c’etait si bien, pourquoi cela a-t-il echoue ?

« Dans notre cas cela ne pouvait pas marcher a cause d’une realite demographique et d’une economie totalement integree. La majorite des noirs
ont dit que ce n’etait pas ainsi qu’ils voulaient jouir de leurs droits, qu’ils preferaient jouir de leurs droits dans un seul pays unifie. Les Sud-Africains blancs voulaient trop de terre et ils n’etaient pas disposes a renoncer a suffisamment de terres pour que la nation noire puisse etre viable d’un point de vue economique. Ainsi la partition est devenue impossible a realiser ».

La negociation sous le feu

De Klerk parle de la necessite d’une nouvelle facon de penser le conflit
israelo-palestinien, tout en insistant sur les differences entre l’Afrique du sud et le Moyen-Orient.

« Les Israeliens et les Palestiniens n’ont pas d’autre solution que celle de la negociation et d’un compromis qui serait significatif et juste pour toutes les parties concernees. Je ne connais pas de conflit qui ait ete resolu sans negociations significatives ».

Quand il parle de l’experience sud-africaine, ses critiques a l’egard des Israeliens et des Palestiniens sont evidentes : « Nous avons negocie sous le feu. L’Afrique du sud se consumait dans la violence mais personne ne s’est offert le luxe de croire que nous pouvions attendre que la violence cesse pour negocier ».

L’isolement de l’Afrique du sud et les sanctions vous ont-ils pousse vers
cette decision ?

« Ce qui etait tragique c’est que les sanctions nuisaient le plus aux gens
qu’elles voulaient le plus aider. L’absence de developpement economique n’a
pas augmente le chomage chez les blancs, mais bien chez les noirs. Les
classes aux revenus eleves ou moyens n’en ont pas souffert, mais les groupes
aux revenus modestes ont ete durement touches et l’effet sur le chomage a
ete profond.

L’isolement a joue un grand role – par exemple, les Sud-Africains sont de grands sportifs. Le fait d’etre exclus des competitions internationales comme les Jeux Olympiques les a beaucoup marques. L’isolement scientifique a aussi joue un grand role dans la mobilisation du monde universitaire pour une action politique ; tout a coup les portes des universites et des bibliotheques etaient fermees a nos brillants etudiants, et les partisans du changement s’en sont trouves stimules et motives. En revanche l’isolement a eu aussi un effet contraire pendant quelques annees en augmentant le patriotisme des Sud-Africains blancs qui trouvaient inadmissible que l’on veuille leur dicter une politique ».

L’ecroulement du bloc communiste en 1989 a aussi joue un role dans le
changement de direction chez de Klerk. Jusque la, dit-il, il etait paralyse par la crainte d’une prise pouvoir des communistes en Afrique du sud et dans les pays avoisinants.

En Afrique du sud, les gens disent que ce n’etait ni la crainte du communisme a l’interieur du pays ou a l’exterieur, ni une vision a long terme qui pousserent de Klerk a s’engager sur la voie historique correcte. Selon eux, c’etait aussi simplement une histoire d’amour, une transformation quand, a l’age de 60 ans, il est tombe amoureux d’Elita Georgiades, la femme d’un milliardaire grec avec des interets en Afrique du sud et etait un sympathisant du Parti national. Apres une liaison secrete il s’est tenu loin d’elle pendant trois ans, mais a la fin ils ont tous deux divorce – de Klerk apres 39 ans de mariage. Aujourd’hui ils sont maries et de Klerk protege energiquement sa vie privee.

Les sanctions n’aident pas toujours

Ce ne sont pas des reflexions sur l’amour qui ont accompagne la fin du premier jour du seminaire, mais plutot une joie spontanee qui a eclate dans une danse. Peut-etre est-ce ainsi que doit etre la paix. Les Palestiniens, les Israeliens et les Africains ont rompu les barrieres, se sont tenu la main et se sont mis a danser. Tout le monde s’est laisse aller, en particulier les ministres de l’education et des finances de l’Afrique du sud. Quand de Klerk a su qu’ils avaient danse mais aussi que les Israeliens et les Palestiniens etaient pessimistes, il dit : « Quelquefois, c’est quand les choses semblent le plus sombres que la lumiere est proche ».

L’ancien gouvernement de la minorite blanche mene par de Klerk et ses
predecesseurs avaient de bonnes relations avec Israel, meme quand la
communaute internationale avait impose des sanctions contre l’Afrique du sud. C’etait une alliance entre parias. Les noirs et Mandela, leur dirigeant, avaient des liens etroits avec l’Organisation pour la Liberation de la Palestine. Une alliance des opprimes. Maintenant le gouvernement sud-africain essaie de trouver un equilibre. « Oui, les Israeliens nous ont aides a faire face aux sanctions
internationales. Certains pays nous ont aides parce que tous les pays n’etaient pas d’accord avec le concept de sanction.

Mais aujourd’hui nous sommes plus objectifs dans nos relations avec Israel.
Oui, traditionnellement Israel entretenait de bonnes relation avec l’Afrique du sud, qui a ete le premier pays a reconnaitre son existence. Et il est logique de dire que maintenant l’actuel gouvernement de l’Afrique du sud est plus proche des Palestiniens ; auparavant les relations etaient plus etroites entre l’ancien gouvernement et Israel ».

Pensez-vous qu’Abou Mazen sera le Mandela des Palestiniens ?

« Je ne suis pas un expert et je ne peux pas formuler une telle opinion. J’espere sincerement que nous pourrons aider les Israeliens et les Palestiniens a sortir de l’impasse ».

Sharon peut-il etre le de Klerk des Israeliens ?

« Je peux difficilement repondre a cette question. Vous devez faire avec les
dirigeants que vous avez. Vous ne pouvez pas importer des dirigeants, vous
devez les creer ».

Entre Mandela et Barghouti

Heribert Adam, qui est originaire de Francfort, etudie depuis des annees le
nationalisme en Israel et en Afrique du sud. Il enseigne la sociologie politique a l’universite Simon Fraser a Vancouver et a l’universite de Capetown et il se specialise dans l’etude du nationalisme, des conflits entre ethnies, de la memoire collective et dans la facon dont les societes se relevent des crimes et des traumatismes du passe. Sa relation avec l’Afrique du sud debuta sous le regime de l’apartheid quand, lors d’un de ses voyages pour des raisons universitaires, il est tombe amoureux d’une Sud-Africaine d’origine indienne qu’il epousa par la suite.

« Lorsqu’il s’avera que la loi m’interdisait de la rencontrer – et ne parlons pas de vivre avec elle – nous avons decide de quitter l’Afrique du sud et nous nous sommes etablis au Canada. Mais je dois admettre qu’il y avait quelque chose de magique dans tout cela – le fait que nous devions nous cacher et tromper les autorites -, la sensation forte de gouter au fruit defendu ».

Il va regulierement en Afrique du sud depuis la fin de l’apartheid. Le seminaire a ete en grande partie organise en fonction du modele conceptuel qu’il a cree : le processus de paix dans une societe divisee. Lors d’une de ses communications a ce seminaire, il a secoue tout le monde en declarant preferer la solution d’un « Etat binational » a « deux Etats pour deux nations » et en critiquant severement les Palestiniens pour la mauvaise publicite qu’ils donnent a leur cause.

Le concept binational a-t-il la moindre chance en Israel ?

« Je me rends compte que pour le moment cette idee n’a aucune chance en
Israel, mais je pense qu’elle pourrait surgir lors d’une des prochaines etapes de la negociation. Mais je ne la trouve pas du tout illogique. En tenant compte du fait que votre economie depend tellement de la leur et que les deux economies sont maintenant en si mauvais etat, cette dependance rend l’independance politique presque triviale.

L’Etat palestinien qui va etre cree sera incapable d’assurer le minimum de
besoins de la population de tous les points de vue, et certainement pas du
point de vue du territoire puisqu’il y a peu d’espoir que les colonies soient evacuees. Sur ce sujet, je ne suis pas du tout optimiste, et a la fin cela conduira a la creation d’un seul Etat, un Etat binational.

Dans ce cas je dirais meme : Pourquoi les colons ne pourraient-ils pas rester ou ils sont et pourquoi le gouvernement palestinien ne serait-il pas au moins aussi tolerant a leur egard que ne l’est le gouvernement israelien a l’egard des Palestiniens qui vivent a l’interieur des frontieres d’Israel? »

Adam ne pense pas que Sharon deviendra bientot un nouveau de Klerk ou un
nouveau de Gaulle. « Pour le moment, il ressemble davantage au President
Botha » – sous le gouvernement duquel l’apartheid atteignit un sommet.

Y a-t-il une chance qu’Abou Mazen devienne un jour un nouveau Nelson Mandela?

« J’en doute. Quiconque est ouvertement soutenu par Israel et par les
Etats-Unis est un dirigeant impose aux Palestiniens, par consequent il ne
sera pas largement soutenu. Mais peut-etre d’autres, peut-etre certains qui
sont en prison, comme Marwan Barghouti, peuvent devenir un Mandela ».

Le conseil d’Adam aux Palestiniens est de changer leurs relations publiques.
« Tant qu’ils ne reconnaitront pas l’existence legitime d’Israel et qu’ils ne changeront pas de relations publiques dans la presse internationale, et
tant qu’ils donneront l’impression de precher l’antisemitisme, rien ne se
passera. Il faut qu’ils se declarent ouvertement opposes aux kamikazes et
qu’ils encouragent une discussion dans les Etats arabes qui menera a la
reconnaissance de l’existence legitime d’une etat juif ».

La parabole de la maison en feu

L’assistance est restee silencieuse quand Pallo Jordan a parle – ancien
ministre de l’environnement et du tourisme dans le gouvernement de Mandela,
il est maintenant depute et president du comite parlementaire pour les affaires etrangeres. On s’attendait peut-etre a ce qu’un dirigeant noir, un membre eminent du parti African National Congress (ANP) et un politicien tres respecte, fasse a Israel une lecon de morale. Au lieu de cela, Jordan s’est tourne vers les Palestiniens et il a suggere qu’ils cessent d’utiliser le « Protocole des anciens de Sion », ce faux antisemite que la police secrete russe avait concocte il y cent ans.

« Les Palestiniens n’ont aucune chance de reussir si chaque Juif en Israel
pense que la seule chose qui puisse arriver c’est que les Palestiniens les
fassent sauter, ajouta-t-il plus tard. La chose intelligente a faire est de persuader les Israeliens qu’un Etat palestinien, une fois etabli, ne sera pas une menace pour eux. Les Palestiniens ne doivent pas oublier le traumatisme des Juifs d’Europe. S’ils n’apprennent pas l’histoire des Juifs, s’ils ne prennent pas en compte leur passe de pogroms, de l’Holocauste et de souffrances, et s’ils ne se degagent pas d’un contexte antisemite, ils ne pourront jamais reussir a faire avancer leurs interets legitimes du point de vue des relations publiques ».

Jordan note que l’ANC a toujours soutenu les Palestiniens et continue a les
soutenir. « Mais nous sommes assez equitables pour leur dire qu’ils se nuisent a eux-memes en ayant recours a ces methodes violentes. En revanche, je ne m’attends pas a ce qu’Ariel Sharon soit la personne qui fera la paix ou qui changera d’attitude ».

Comment avez-vous reussi a neutraliser l’hostilite, la colere et la haine que vous avez tous du ressentir a l’egard des blancs ?

« La colere ne mene a rien. On doit parler, on doit poser les fusils et parler, on doit ecouter ce que l’autre a a dire. C’est ce que font les gens qui utilisent leur cervelle plutot que leur sang. Il faut penser ou on veut en arriver et ensuite y arriver. Quel est le probleme ? Decidez de ce que vous etes en tant qu’Israeliens et ce qu’ils veulent en tant que Palestiniens, et ensuite utilisez votre intelligence pour imaginer comment y arriver ».

De Klerk : « Vous devez travailler avec les dirigeants que vous avez. Vous
ne pouvez pas importer des dirigeants, vous devez les creer ».