Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Le discours de Yasser Arafat devant le Conseil Législatif Palesinien hier, pour l’anniversaire de la Nakba (catastrophe) – jour anniversaire de l’indépendance d’Israël suivant le calendrier grégorien – a confirmé les hypothèses de ces dernières semaines : la direction palestinienne fait des efforts pour faire cesser les attentats terroristes, et particulièrement les attentats à la bombe a l’intérieur de la Ligne verte.

« Les attentats à la bombe dirigés contre des civils israéliens sont des attentats qui ne servent pas nos intérêts, et montent contre nous de larges parts de la communauté internationale », a dit Arafat.

La plus grosse pression exercée sur Arafat pour qu’il cesse la violence vient des dirigeants égyptiens, saoudiens et jordaniens qui, travaillant de concert avec l’administration américaine, ont decidé de réfréner le terrorisme palestinien.

Un signe très clair des effets de l’effort fait par les Palestiniens pour faire cesser le terrorisme peut être trouvé dans le fait que personne n’a, pour l’instant, revendiqué la responsabilité de l’attentat de Rishon leTzion, apparemment par crainte que cela provoque une repression de la part de l’Autorité palestinienne.

Le discours d’Arafat a également ete loué par le President Bush, qu’Arafat a
salué comme « le premier président américain à dire devant l’Assemblée
générale des Nations-Unies » que les Etats-Unis soutenaient une solution à
deux Etats, et la création de la Palestine. Le fait qu’Arafat ait félicité Bush, publiquement et de façon enthousiaste, a dû certainement provoquer de la colère dans de larges secteurs de l’opinion palestinienne, qui lit quotidiennement dans les médias palestiniens des critiques acerbes de ce qui est perçu comme une position pro-israélienne de la part de l’administration Bush. Ces dernières semaines, Arafat lui-même s’est exprimé assez violemment, à plusieurs reprises, contre les Americains, furieux des expressions de déception à son égard émises par Bush. Mais hier, Arafat a ravalé sa colère.

Les Palestiniens attendent maintenant l’arrivée du directeur de la CIA, George Tenet, qui doit les aider à reconstruire et à réformer leurs services de sécurité. Arafat ne peut pas se permettre d’affronter les Americains – et les dirigeants de Jordanie, d’Arabie Saoudite et d’Egypte ne lui pardonneront pas s’il rallume les braises d’un conflit avec Washington.

Les passages du discours d’Arafat concernant les réformes ont été une
déception pour beauxcoup, y compris ceux présents dans la salle de Ramallah.
Arafat a quitté la salle immédiatement après son discours, ignorant les appels des délégués l’invitant à rester pour écouter leurs discours. « Les réformes d’Arafat sont une plaisanterie », dit le conseiller de Ramallah Abdel Juwad Salah, ancien ministre de l’Agriculture, qui a démissionné en 1998 pour protester contre le manque de réformes.

A part des déclarations d’ordre général sur la nécessité de « corrections », et l’annonce dramatique de mardi soir affirmant l’indépendance du pouvoir judiciaire par rapport au pouvoir exécutif, le seul élément concret du discours d’Arafat a été sa declaration concernant la préparation de nouvelles élections. Mais cela n’avait rien de particulièrement visionnaire, si l’on se souvient que les dernieres élections ont eu lieu début 1996, et qu’il est de toute facon temps de procéder à de nouvelles élections.