MARCO SARABIA: « La droite nationale-religieuse ne déstabilisera pas le gouvernement d’union Bennett/Lapid.”

Dans le cadre de “Chroniques pour la Paix”, émission bimensuelle sur Radio Shalom parrainée par La Paix Maintenant et par JCall, Ouzi MEYERSON s’entretient avec Marco SARABIA sur l’instabilité, une fois de plus, de la situation politique qui prévaut en Israël, configuration que le pays connaît bien, hélas, pour l’avoir souvent vécue : celle d’une crise gouvernementale sur fond d’attentats terroristes meurtriers.

MARCO SARABIA, membre de l’assemblée du Parti travailliste israélien depuis de nombreuses années, a été l’un des animateurs du mouvement social dit « de la rue Balfour » contre B. Netanyahou. Pendant près de 40 semaines, depuis juin 2020, des manifestants se rassemblaient rue Balfour à Jérusalem, lieu de la résidence du Premier ministre.


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Marco Sarabia ne voit pas de planification terroriste dans la vague d’attentats qui vient d’endeuiller Israël et qui n’a pas de rapport avec le sommet de Sde Boker(1) qui, quelques jours auparavant, rassemblait les signataires des Accords d’Abraham(2) plus l’Égypte et les États-Unis.

Il constate que le premier attentat a été commis par un Bédouin du sud d’Israël, le second par un habitant arabe du pays et les deux autres par des Palestiniens de Cisjordanie. Les motivations de l’auteur du premier attentat sont plutôt à relier aux tensions sociales et aux trafics d’armes qui sévissent dans la communauté bédouine et dont la police s’occupe très activement depuis la mise en place gouvernement Bennett/Lapid. Les trois autres attentats sont dus à un effet “d’enchaînement par l’exemple” dans le cadre du Ramadan, qui est toujours un moment délicat en Israël d’un point de vue sécuritaire.

Marco Sarabia regrette que l’opposition de droite nationale-religieuse cherche à exploiter ce drame pour déstabiliser le gouvernement d’union. Il rappelle que “malgré le désistement d’une députée religieuse de la coalition de gouvernement, soumise à l’énorme pression de l’opposition d’extrême-droite, l’union Bennett/Lapid continue à fonctionner. Elle a déjà amplement fait ses preuves, ayant permis de régler de nombreux dossiers importants et en sursis depuis plusieurs années du fait de l’ancien Premier Ministre Nétanyahou : le budget national pour 2021 et 2022 a été voté, des mesures ont été prises pour le logement et contre la vie chère, un plan d’urgence a été adopté contre la criminalité dans les villes arabes d’Israël, des moyens ont été dégagés pour moderniser la barrière de sécurité bordant les territoires palestiniens, etc.”. Il estime que “personne n’a intérêt à ce que de nouvelles élections aient lieu, certainement pas le Likoud qui serait dans l’incapacité de monter un gouvernement majoritaire et qui aurait Nétanyahou comme Premier ministre, un homme poursuivi par la Justice pour de multiples raisons”. Pour l’ancien manifestant de Balfour, “l’actuel gouvernement plaît à la majorité des citoyens d’Israël car il s’agit d’une union démocratique, pluri-ethnique, qui œuvre efficacement dans le dialogue”.

S’agissant de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, Marco Sarabia note qu’il existe un large consensus dans le pays pour considérer qu’Israël doit rester à égale distance des deux pays. Il explique : “nous voyons bien que l’agression vient de Poutine, mais nous devons préserver nos intérêts, c’est-à-dire notre capacité d’attaquer les forces iraniennes qui nous menacent en Syrie et le Hezbollah au Liban. Nous avons un accord avec les Russes qui nous laissent une liberté d’action que nous devons préserver. C’est pour cela qu’Israël essaie de favoriser le dialogue entre Poutine et Zelensky. De plus, nous avons une population qui compte beaucoup de personnes issues de ces deux Etats”.

(1) Sdé Boker est un kibboutz dans le désert du sud d’Israël, le Néguev, où est enterré David Ben Gourion, le père fondateur de l’État hébreu.

2) Les accords d’Abraham sont deux traités de paix, signés en 2020 à Washington, entre Israël et les Émirats Arabes Unis, d’une part et entre Israël et Bahreïn d’autre part. Le Maroc s’y adjoindra quelques mois plus tard.

 

Mis en ligne le 19 avril 2022