Au moment où une trêve humanitaire de cinq heures fait taire les armes, la synthèse de la rédaction du Ha’Aretz sur la tentative avortée de cessez-le-feu plus tôt cette semaine nous a paru éclairante quant aux rapports de force politiques de chaque côté et leurs conséquences.


L’offre égyptienne de cessez-le-feu cette semaine promettait d’arrêter les combats entre Israël et Gaza, maintenant dans leur neuvième jour [dixième depuis]. Mais alors que le gouvernement israélien l’acceptait, le Hamas opposa un refus. Les commentateurs du Ha’Aretz ont pesé les raisons et les probables conséquences de ce surprenant développement.

Amira Hass observe que les réactions de la rue palestinienne au refus du Hamas étaient partagées – entre «le fatalisme, la peur et l’épuisement» de ses opposants et la méfiance de ses partisans, qui avaient pour attitude : «Mieux vaut une mort rapide que la mort lente sous le siège et l’emprisonnement offerts par Israël et l’Égypte».

Pour Anshel Pfeffer, si Netanyahu considère l’accord d’Israël et le rejet du Hamas comme légitimant sur la scène internationale l’amplification des attaques israéliennes, c’est une arme à double tranchant: «Il est cependant conscient qu’une quelconque légitimité reste limitée et que si le cessez-le-feu ne peut être sauvé, et vite, il se trouvera tout près d’une décision qu’il redoute infiniment de prendre – donner l’ordre d’une offensive terrestre à l’intérieur de la bande de Gaza.»

Quant aux conséquences en termes de politique intérieure israélienne, Yossi Verter note que l’accord de Netanyahu au cessez-le-feu peut lui faire gagner des points au centre-gauche, mais que ces électeurs ne voteront jamais pour lui. Dans son propre parti, le Likoud, la démission imposée au super-faucon Danny Danon lui a probablement fait perdre des points. «Danon, avec tout le respect qui lui est dû, n’est pas le problème. C’est le symptôme des difficultés de Nétanyahu avec le Likoud; sa révocation ne fera que l’aider lors des prochaines primaires [du parti].»

Jetant un regard dans les coulisses de la proposition de cessez-le-feu, Barak Ravid et Jack Khoury remarquent que celle-ci fut précipitée par l’offre/menace du secrétaire d’État américain John Kerry de venir dans la région et d’imposer une trêve. «Le Caire émit des réserves à la venue de Kerry dans le souci de montrer que le nouveau gouvernement du président Abdel-Fattah al-Sissi était capable de tenir sans aide de l’étranger le rôle diplomatique traditionnel de l’Égypte envers Gaza. Jérusalem émit des réserves de crainte que l’arrivée de John Kerry ne soit interprétée comme l’exercice de pressions américaines sur Israël, et donc comme un succès du Hamas… [Cela] poussa l’Égypte et Israël à donner un coup d’accélérateur à leurs propres efforts pour élaborer une proposition de cessez-le-feu.»