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Ha’aretz, 12 septembre 2006

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Bien que le Hamas ait fait quelques concessions pour permettre la création d’un gouvernement palestinien d’union nationale, il est peu probable qu’elles suffisent pour mettre totalement fin à l’embargo imposé au gouvernement palestinien depuis février dernier, et qu’elles permettent la reprise des négpciations diplomatiques avec Israël.

Voyons par exemple la question de la reconnaissance de l’Etat d’Israël, une des conditions posées par le Quartet pour reconnaître le gouvernement du Hamas (les deux autres étant la renonciation à la violence et l’acceptation des accords précédents intervenus entre Israël et l’OLP). Dans l’actuel projet d’accord du gouvernement d’union nationale, la direction du Hamas accepte de reconnaître « la situation politique existante dans la région », mais évite de dire qu’il reconnaît Israël.

Pour expliquer pourquoi le Hamas ne souhaite pas déclarer sans équivoque qu’il reconnaît Israël, Sami Abou Zuhri, porte-parole de l’organisation à Gaza, dit que « nous voudrions voir l’embargo levé, mais nous ne nous soumettrons pas à des diktats et nous n’accepterons pas de sacrifier les intérêts et les droits du peuple palestinien. »

Ismail Haniyeh, qui demeurera premier ministre dans le nouveau gouvernement, a tenu des propos semblables. Il s’est demandé si les gouvernements palestiniens précédents, qui avaient, eux, reconnu Israël, en avaient tiré bénéfice d’une manière quelconque : les Palestiniens se sont-ils rapprochés de la création d’un Etat avec Jérusalem pour capitale? Des prisonniers ont-ils été libérés? Les réfugiés sont-ils retournés chez eux?

Concernant les conditions auxquelles les accords précédents pourraient être reconnus, la position du nouveau gouvernement n’est pas moins vague. Le « Document des Prisonniers » (manifeste commun signé par des responsables du Fatah et du Hamas emprisonnés en Israël) stipule que le nouveau gouvernement acceptera à la fois les accords précédents et l’inititiative de la Ligue arabe de 2002 prise à Beyrouth (reconnaissance d’Israël en échange du retrait israélien sur les frontières de 1967 et d’une solution au problème des réfugiés), « tant que cela servira les intérêts palestiniens ». Alors, que se passe-t-il si quelqu’un pense que cela ne sert pas les intérêts palestiniens?

Même en ce qui concerne la question de la cessation complète des violences, la position du nouveau gouvernement palestinien n’est pas claire. Toutes les attaques à l’intérieur d’Israël seront stoppées, mais un feu vert est donné aux opérations contre l’occupation, en d’autres termes, en Cisjordanie.

Alors, où sont les concessions du Hamas? Le Hamas a cédé un important centre de pouvoir, et il est probable que les ministres du Hamas ne seront plus en majorité au gouvernement.

Des sources palestiniennes haut placées ont confirmé que dans le cadre de l’accord, le soldat israélien Gilad Shalit serait libéré en échange de la libération d’un grand nombre de prisonniers palestiniens, dont les ministres et députés du Hamas arrêtés après l’enlèvement de Shalit le 25 juin.

La raison principale qui explique cette acceptation du Hamas est l’extrême difficulté financière à laquelle l’Autorité palestinienne doit faire face. Et des sondages ont indiqué une chute importante de la popularité du mouvement islamiste depuis son arrivée au pouvoir en février.