«Le groupe d’extrémistes juifs, de fous furieux, a bien plus en commun avec l’[Organisation] État islamique», ou Isis, «qu’il ne l’imagine» écrit ici Moshe Arens. Et de poursuivre: «Il nous appartient de combattre ces deux groupes et les détruire».


Oui, il existe bien un équivalent juif à l’État islamique, cette organisation terroriste radicale qui se vante elle-même de décapiter toute personne qui ne suivrait pas les commandements religieux de l’islam, tels qu’elle les interprète.

Cet équivalent est un petit groupe de voyous juifs qui vont ça et là, assassinant des Arabes, et célèbrent ensuite leurs forfaits barbares. Ils sont à la marge de la communauté juive d’Israël, mais les effets désastreux de leurs crimes sont loin d’être marginaux. Ils constituent un danger mortel pour les victimes qu’ils visent, mais aussi un danger pour l’État d’Israël. Tout comme Isis, ils s’imaginent qu’ils suivent les commandements divins, et méprisent les lois de leur pays, ainsi que les standards moraux de la société où ils vivent.

Ils rejettent l’État d’Israël et ses lois, mais dès qu’ils sont appréhendés et interrogés, ils n’hésitent pas à invoquer les protections légales que cet État a mises en place. Ils nous crachent au visage, et dans le même temps exigent tous, y compris les suspects de menées criminelles, que l’État leur garantisse les mêmes droits que tous les autres citoyens.

Constituent-ils des “bombes à retardement” qui justifieraient les «méthodes poussées d’interrogatoire” [1] dont usent les services de sécurité du Shin Beth ? Indiscutablement ! La poursuite de leurs activités criminelles conduira à la mort de personnes innocentes et à de graves dommages pour l’État d’Israël. Ils pourraient être à l’origine d’un nouveau cycle de violence entre Juifs et Arabes, auquel il sera ensuite difficile de mettre un terme. Chacun en Israël, qu’il soit Juif ou Arabe, peut s’attendre à ce que les coupables du meurtre de la famille Dawabsheh [2] dans le village de Douma en Cisjordanie soient arrêtés, jugés et punis ; que leurs partisans soient jugés pour incitation au meurtre ; et que cet épisode de meurtres revanchards s’arrête dans notre pays.

Aujourd’hui, nous nous interrogeons. Comment un tel houliganisme criminel a-t-il pu se développer au sein de notre peuple ? Il serait trop facile d’accuser l’occupation de la Judée et de la Samarie [3] d’être la mère nourricière de ces cinglés. En effet, les assassins de Mohammed Abu Khdeir [4] n’étaient pas des colons, ni aucun des profanateurs des lieux saints chrétiens d’Israël. Les religieux fanatiques qui inventent des justifications aux actes de violence ne se limitent donc pas à certaines localités.

C’est en direction des dirigeants religieux de Judée et de Samarie, et de l’ensemble de l’État d’Israël, que nous devons nous tourner, pour exiger qu’ils prennent leurs responsabilités dans les aberrantes dérives religieuses de ces jeunes. Et il appartient aux services de sécurité d’appréhender ces criminels et de les faire juger.

Au fond, ils sont comme les partisans de l’organisation État islamique ; ils croient que Dieu leur a commandé de tuer. Isis tue les “infidèles”, tandis qu’eux tuent des Arabes. Au fond d’eux-mêmes, ce sont comme des frères.
Il faudra faire un effort substantiel et international pour nous débarrasser d’Isis. Le monde entier, et les millions de gens qui souffrent de leurs actes barbares en Syrie et en Irak, attendent encore que cet effort atteigne ses objectifs. Ce sera chose faite tôt ou tard.

Heureusement, les crimes des religieux fanatiques juifs qui tuent des innocents sont de bien plus petites dimensions et plus faciles à contrôler. Néanmoins, il faudra l’effort concerté des services israéliens de sécurité, des autorités judiciaires et des dirigeants religieux afin d’empêcher la propagation de ce courant et de l’éliminer.

Ce n’est sans doute pas un hasard si leurs actions criminelles coïncident avec la vague de terreur qu’a vécue Israël ces derniers mois. Dans leurs cerveaux dérangés, c’est peut-être bien à cause de cela qu’ils ont considéré que leurs actes ne constituaient qu’une réponse aux attaques au couteau commises par des terroristes palestiniens. En agissant ainsi, ils ne font rien d’autre que de rendre encore bien plus difficile la tâche de ceux qui sont responsables de la loi et de l’ordre. Comme pour leurs frères d’armes idéologiques d’Isis, il sera mis fin à leurs activités. Et le plus tôt sera le mieux.

NOTES

[1] Euphémisme employé pour désigner les formes de torture légalisées de longue date au motif de prévenir des attentats.

[2] La famille palestinienne morte brûlée, des parents au petit dernier, un nourrisson, dans (ou, concernant le jeune père, des suites de) l’incendie criminel de leur maison.

[3] La Cisjordanie, dans la terminologie biblique des colons officialisée par les gouvernements de droite. La locution neutre étant la Gadah haMaaravith, la rive occidentale (du Jourdain).

[4] L’adolescent arabe de Jérusalem brûlé vif dans la forêt en représaille de la découverte, après deux mois de recherche haletantes, des corps de trois jeunes étudiants de yeshivah qu’on espérait retenus en otage mais encore vivants’