Americans for Peace Now, 20 juillet 2009

[->http://peacenowconversation.org/?p=258]

Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Hier, Benjamin Netanyahou a défendu avec passion l’idée selon laquelle les Israéliens avaient le droit d’habiter partout à Jérusalem. Dans son enthousiasme à défendre le dernier projet d’Irving Moskowitz [[Le milliardaire Irving Moskowitz qui se définit lui-même comme un homme de la droite extrême, est considéré comme le financier et le « bienfaiteur » des colons. Il a investi plusieurs dizaines de millions de dollars dans les colonies et à Jérusalem Est, dont le fameux projet « Ateret Cohanim ». Il est aujourd’hui un proche de Benjamin Netanyahou. ]] – le même Moskowitz qui a joué un rôle clé dans la débâcle du « Tunnel des Hasmonéens » de Netanyahou -, celui-ci a lâché :

« Cela a été la politique de tous les gouvernements israéliens, et je voudrais dire qu’elle est réellement appliquée, parce que, ces dernières années, des centaines d’appartements situés dans des quartiers juifs et dans la partie occidentale de la ville ont été achetés – ou loués – par des résidents arabes, et que nous ne sommes pas intervenus. Cela veut bien dire qu’il n’existe aucune interdiction pour les Arabes d’acheter des appartements dans la partie occidentale de la ville, et qu’il n’y existe aucune interdiction pour des juifs d’acheter des appartements situés dans la partie Est de la ville. »

Le problème de cet argument est qu’il ne résiste pas à l’épreuve des faits. L’avocat israélien Daniel Seidemann remet les choses en place avec quelques faits :

 La plus grande partie de Jérusalem Ouest est interdite à l’achat pour les résidents palestiniens de Jérusalem, car cette partie de la ville, comme d’ailleurs la quasi totalité des terres israéliennes (93%), sont terres d’Etat ». Selon la loi israélienne, pour être en droit d’acheter un bien sur une « terre d’Etat », l’acheteur doit, soit être citoyen israélien (les habitants arabes de Jérusalem sont des résidents légaux, mais non des citoyens), soit pouvoir revendiquer la citoyenneté d’après la loi du retour (donc juif). Cela signifie qu’un Israélien ou un juif venu de n’importe où dans le monde peut acquérir ce bien dans Jérusalem Ouest, mais non un Palestinien qui habite la ville (techniquement, d’ailleurs, il n’y a pas d’achats mais seulement des locations de longue durée).

 Concernant la faible quantité de terres privées disponibles à Jérusalem Ouest, il n’y a, sur le plan juridique, aucune limite à ce qu’un Palestinien habitant Jérusalem Est puisse acquérir un bien à Jérusalem Ouest. Et cela vaut pour une location. Or Danny Seidemann, qui connaît très bien Jérusalem Est et ses habitants, n’a jamais entendu parler d’un seul cas où un résident palestinien de Jérusalem habite Jérusalem Ouest, que ce soit par un achat ou une location (à la différence des citoyens arabes d’Israël, dont un petit nombre habite Jérusalem Ouest). Les raisons en sont sociales, culturelles et économiques, ainsi que juridiques pour autant que des terres d’Etat soient concernées.

 En outre, il faut souligner que l’interdiction faite aux habitants palestiniens de Jérusalem d’acquérir un bien sur une « Terre d’Etat » s’étend à Jérusalem Est. Non seulement les Palestiniens de Jérusalem ne peuvent acheter aucun bien dans la quasi totalité de la ville occidentale, mais ils sont également interdits d’achat pour les 35% de Jérusalem Est qu’Israël a expropriés en tant que « terres d’Etat » depuis 1967 et sur lesquels les colonies de Jérusalem Est sont bâties. Cela signifie que dans plus d’1/3 de Jérusalem Est, Les Israéliens et les juifs de partout dans le monde ont le droit d’acquérir un bien dans des colonies, juives, mais qu’aucun habitant palestinien de Jérusalem n’a le même droit, y compris ceux-là même dont les biens ont été expropriés pour y construire ces colonies.

 Un petit nombre de Palestiniens résidents de Jérusalem Est ont loué des appartements dans certaines colonies de Jérusalem Est (en particulier : haGiv’a haTzarfatit, Pisgat Ze’ev et Neve Ya’akov) – colonies situées si « à l’est » qu’elle attirent de moins en moins d’Israéliens. Cela ne semble pas refléter un quelconque programme politique consistant à s’installer dans ces zones, mais plutôt un effet induit de la grave crise du logement qui sévit dans les quartiers palestiniens de Jérusalem Est. Et il faut noter qu’il s’agit là de locations de courte durée de la part de leurs propriétaires israéliens (à la différence de baux officiels accordés par le propriétaire en titre, soit le gouvernement israélien), à des Palestiniens.