Nous commencerons ce billet par des affaires « internes ». A ce moment de l’année, comme de nombreuses associations, nous ne pouvons pas ne pas faire appel à votre soutien.

Nous constatons en effet, comme de nombreuses associations, que nous sommes impactés par la situation présente et que nous n’avons pas encore retrouvé les niveaux d’adhésions et de soutien qui ont été les nôtres l’an passé. Et ce, à un moment où le « camp de la paix »en Israël reste mobilisé et se bat au quotidien en faveur d’une solution au conflit israélo-palestinien et ce pour qu’Israël demeure un État juif ET démocratique. Les accords de reconnaissance mutuelle avec les EAU, Bahreïn, le Soudan – et peut-être d’autres encore à venir – s’ils sont les bienvenus, n’invalident en rien l’urgence et la nécessité de parvenir à un accord avec les Palestiniens qui sont et resteront les voisins immédiats des Israéliens.

Nous avons donc besoin de votre aide pour poursuivre notre action et surtout pour soutenir, comme nous venons de le faire, encore et à nouveau, Shalom Akhshav, présent dans la large contestation de B. Netanyahu et de son gouvernement qui dure maintenant depuis bientôt 6 mois sans discontinuer, ainsi que dans la dénonciation – et la documentation – de la colonisation dans les territoires occupés. Plusieurs décisions lourdes de conséquences ont été lancées en cette période « d’entre deux », prélude à la prise de fonction de Joe Biden, durant laquelle un gouvernement israélien en fin de vie entend faire avancer des projets dont il pense qu’ils se heurteront à l’opposition de la nouvelle administration US.

Le plan actuel le plus dangereux est le projet de construction de 2 610 unités de logement à Givat Hamatos, construction qui entravera sérieusement la perspective d’une solution à deux États car elle bloquera à terme la possibilité d’une contiguïté territoriale entre Jérusalem-Est et Bethléem, et empêchera notamment le village palestinien de Beit Safafa d’être relié à un futur État palestinien. D’autres mesures sont dans les cartons comme la légalisation rétroactive de dizaines de colonies sauvages, illégales au regard même de la législation israélienne. Des décisions d’expulsion ont été signifiées, et d’autres devraient l’être prochainement, de résidents palestiniens à Jérusalem-Est au motif qu’ils habitent des propriétés, que souvent ils ont achetées, appartenant avant 1948 à des Juifs. Ces procédures, engagées par des associations nationalistes dotées de moyens importants, sont une « menace stratégique sur la justification morale de centaines de milliers d’Israéliens vivant sur des terres qui appartenaient à des Palestiniens »: pour chaque dunam de Jérusalem-Est qui appartenait à des Juifs et qui a été perdu pendant la guerre de 1948, il y a des dizaines de milliers de dunams en Israël qui appartenaient à des Palestiniens qui les ont perdus pendant la guerre de 1948.

Ces mesures portent gravement atteinte au caractère démocratique de l’État en ce que les droits des uns ne sont pas reconnus aux autres. L’instabilité politique actuelle risque d’aggraver cette tendance car une course aux électeurs est engagée. Les députés israéliens ont en effet adopté, lors d’un vote préliminaire le 2 décembre, une motion de l’opposition appelant à la dissolution du Parlement et à la convocation de nouvelles élections législatives. Benny Gantz s’y est rallié, davantage  sans doute pour faire pression sur Netanyahu et obtenir que la rotation se déroule bien comme prévu, que pour faire tomber le gouvernement. Les sondages semblent en effet le condamner à une retraite politique précoce, alors que Netanyahu préférerait sans doute des élections plus tardives pour profiter du recul éventuel de la pandémie et de la reprise économique qui s’ensuivrait. Un nouveau compromis, non moins  bancal que les précédents, reste donc plausible durant la période qui précède le vote final. S’en réjouir ou le déplorer? Chacun tranchera…

Triste spectacle qu’offrent des hommes politiques de peu d’éthique alors qu’a contrario la société civile témoigne d’une vitalité étonnante dans un contexte particulièrement rude. La question de sa traduction politique demeure entière, d’autant plus urgente et nécessaire que, compromis ou pas, la tenue d’élections semble avérée même si le moment reste à préciser.
En l’absence d’une alternative politique crédible, humainement incarnée,  on peut redouter que le pire scénario ne devienne le scénario du pire.

Mis en ligne le 5 décembre 2020