Le blog de Yariv, Jerusalem Post, 7 octobre 2008

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Ces dernières semaines, le Conseil « Yesha » [[« Yesha » est l’acronyme de « Yehouda, Shomron ve’Aza » (Judée, Samarie et
Gaza, voir note 3). A noter que Yesha devrait maintenant s’appeler « Yesh »,
compte tenu de l’évacuation des colonies de la bande de Gaza.]] (représentant les colons des territoires occupés) a lancé une nouvelle campagne sous le nom de « Yehouda
et Shomron – L’Histoire de tous les juifs » [[Yehouda = Judée ; Shomron = Samarie. Sauf quand le contexte l’impose,
comme c’est le cas ici, nous traduisons par « Cisjordanie ».]]). L’utilisation de ce titre a
un objectif : estomper tout caractère politique et donner l’impression d’une
campagne à caractère éducatif. Diverses publicités portent la signature
d’une nouvelle structure issue des bureaux imaginatifs du Conseil Yesha,
nommée « Yehouda et Shomron – Centre de Propagande » [[Le mot « hasbara » (littéralement, « explication ») peut être traduit par
« propagande » sans grande crainte d’être accusé de propagande. Sinon, on peut
préférer « communication ».]]
.

Dans le cadre de cette campagne, les héros et autres personnages légendaires
de la Bible ont été mobilisés pour prendre part au débat sur le sort des
colonies : le roi David, Yehouda Maccabi, Rachel et Samuel le prophète, tous
sont recrutés pour la vision d’un Grand Israël et pour la perpétuation de
l’occupation des territoires par Israël.

Dans cette campagne, les colons présentent la Judée et la Samarie comme des
parties inséparables d’Israël, comme le sont le Néguev ou la Galilée. Dans
ces publicités, il n’y a ni Palestiniens, ni check points, ni occupation
militaire, ni terrorisme. D’après Yesha, Bethléem est une ville juive sans
Palestiniens, et la Cisjordanie est une terre disponible qui n’attend que
d’être peuplée de Juifs.

Au-delà de la tentative de cacher une réalité peu ragoûtante et de dessiner
une image fondée sur le mensonge, les colons essaient (avec les
encouragements de partisans juifs et chrétiens de l’étranger) d’introduire
un élément religieux dans le débat politique sur le sort des colonies, ce
qui ne laisse aucune place au compromis rationnel.

Au lieu de traiter le sort des territoires et des millions de Palestiniens
qui y habitent comme une question politique, les colons se concentrent sur
des éléments religieux pour en faire une question religieuse – halakhique [[« Halakha » : ensemble de règles et de prescriptions qui régissent la vie
religieuse juive.]].

Par nature, cette démarche nie la foi d’une personne qui aurait une
position opposée, en présentant cette position comme soi-disant contraire à
la loi juive, et en faisant de l’idée de deux Etats un péché contre le
judaïsme.

Cette monopolisation de la religion par quelques-uns, et le fait d’instiller
des éléments religieux dans le conflit israélo-palestinien, constituent une
entreprise très dangereuse. Lorsqu’un rabbin se transforme en homme d’Etat
et qu’un texte religieux devient un texte ayant force de loi, la démocratie
perd son autorité et, au nom de Dieu, l’opposition au retrait des
territoires est autorisée, quels qu’en soient les moyens.

Du côté palestinien, il y a également ceux qui choisissent de prendre la
religion pour prétexte de non-reconnaissance du droit d’Israël à exister.
Contrairement au gouvernement de Mahmoud Abbas, qui considère le conflit
avec Israël comme un conflit politique soluble par le compromis politique,
les dirigeants du Hamas continuent de réciter la formule magique selon
laquelle le lien entre l’islam et tout le territoire de la Palestine (y
compris Israël) est historique et religieux et qu’aucun Palestinien n’a
d’autorité à renoncer à une partie de ce territoire. Chez eux comme chez
nous, le lien entre religion et conflit politique encourage la violence et
sape l’autorité des gouvernements élus à négocier et à parvenir à des
compromis.

Personne ne nie l’importance religieuse de la Cisjordanie pour le peuple
juif. Mais la perpétuation de l’occupation par Israël des territoires et de
sa population se retourne contre le rêve sioniste d’un Etat juif
démocratique. En outre, l’occupation et l’oppression d’un autre peuple vont
à l’encontre des valeurs juives, fondées sur le respect des droits de
l’homme, la recherche de la paix et le caractère sacré de la vie humaine.

Il manque, dans les clips de Yesha, qui montrent des espaces infinis, une
ambiance bucolique, de la spiritualité et de l’utopie, l’avertissement de
fin, comme sur les paquets de cigarettes : la perpétuation de l’occupation
et de la colonisation est comme un cancer au cœur de notre peuple, qui peut
mener à la désintégration du projet sioniste.