Omar Nasser se refuse à reconnaître Israël comme un État juif, mais il reçoit sans états d’âme des ministres de la droite ultranationaliste voire anti-arabe dans son bureau de maire d’Arabeh, bourg de 20 000 habitants entre Safed et Nazareth. Dans les années soixante-dix, on cultivait la pastèque dans les champs autour du “village“ (kfar) aux maisons de pierre à un, deux sinon trois étages faute d’obtenir des permis d’extension au sol… mais il y avait déjà une grande bibliothèque municipale et la nouvelle génération étudiait souvent le droit ou la médecine. Y compris quelques très rares filles, quand le grand frère bataillait pour qu’elles échappent à la vigilance collective et aillent à la fac plutôt que se marier dans la plus stricte endogamie.

Quand les voix des citoyens lambda célèbrent le ferme discours de leur Premier ministre devant un Congrès américain à majorité républicaine et l’ovation qu’il reçut en retour, la presse israélienne se fait, elle, extrêmement critique… pour ne rien dire des cercles militaires, diplomatiques ou des milieux intellectuels, artistiques et littéraires dont nous avions il y peu publié la prise de position (voir sur notre site :
[->http://www.lapaixmaintenant.org/article2140]).

Mais qu’en pensent les citoyens arabes de cet État qui constituent, toutes religions ou absence de religion confondues et hors Jérusalem-Est, 15% de sa population ?


Comme beaucoup, Omar Nasser, le maire d’Arabeh, était collé à son écran télé, mardi soir, à regarder le Premier ministre Benjamin Netanyahu parler devant le Congrès des États-Unis. Mais il lui en reste un sentiment d’extrême malaise. Il n’a guère apprécié l’insistance du Premier ministre à citer les Arabes israéliens pour seuls Arabes de la région. Et il se refuse à reconnaître l’État d’Israël comme un État juif, ainsi que Netanyahu le réclame. Toute reconnaissance de ce genre, insiste-t-il, va à l’encontre des intérêts des Arabes et des autres citoyens non juifs de l’État. Pourtant, il accueille sans problème dans son bureau des ministres de l’aile droite israélienne.

Ha’aretz : Omar Nasser, pourquoi était-il si important pour vous de regarder la prestation de Netanyahu devant le Congrès ?

Omar Nasser : C’était une semaine de discours, et tout le monde parlait de celui-ci. Il y avait même des gens qui prédisaient une surprise. On s’attendait également à ce que Netanyahu traite longuement de la problématique palestinienne, et moi, en tant que membre de ce peuple, je voulais entendre ce que le Premier ministre allait dire et comment il allait répondre aux remarques du président des États-Unis, Barack Obama. Je suis plus que certain que je n’étais pas le seul, mais que beaucoup, beaucoup de citoyens arabes le regardaient.

Ha’aretz : Avez-vous été surpris quand le Premier ministre a évoqué les droits des Arabes israéliens et combien ceux-ci jouissent de plus de démocratie que les Arabes de tout autre pays ?

Omar Nasser : C’est une insupportable hypocrisie. Le Premier ministre se trompe et nous trompe, et c’est un scandale que les membres du Congrès l’aient applaudi. Le Premier ministre a choisi de mesurer la démocratie en Israël à l’aune du monde arabe. Mais s’il est si fier de la démocratie en Israël, pourquoi alors ne la compare-t-il pas à la démocratie au Canada, en Suède ou en Suisse ?

Ha’aretz : Cela dit, si vous étiez maire d’une ville dans un pays arabe, vous n’oseriez jamais vous en prendre ainsi à un premier ministre ?

Omar Nasser : C’est vrai. Mais, là encore, ne me comparez pas à la Libye et au Soudan, comparez-moi à la Suisse et au Canada, où nul ne conteste à autrui le droit d’émettre une opinion ; je vous accorde que dès qu’il s’agit de liberté d’expression, la différence est énorme entre Israël et les pays arabes. Mais regardons les choses d’un autre œil : existe-t-il un pays démocratique au monde où il y ait des villages non reconnus [1] ? En Israël, il y en a. Y a-t-il un pays au monde où existent des lois autorisant des commissions d’admission à empêcher des citoyens de vivre dans certaines collectivités [2] ? En Israël, il y en a. Y a-t-il un pays réellement démocratique où une loi comme celle de la Nakba [3] puisse passer, ou dont la citoyenneté puisse être révoquée [4], y compris celle de dizaines de milliers de Palestiniens de Jérusalem-Est ? Y a-t-il un État démocratique qui domine un autre peuple comme Israël le fait avec les Palestiniens ?

Ha’aretz : Vous-même, et beaucoup d’autres peut-être, êtes néanmoins d’accord avec le Premier ministre pour dire que la démocratie devrait s’exercer dans le monde arabe ?

Omar Nasser : Cela n’est pas fonction des attentes du Premier ministre. Tout le monde veut des régimes démocratiques dans le monde arabe et que les dirigeants y soient élus dans le cadre d’élections libres. Nous soutenons donc les révolutions dans le monde arabe. À mon avis, ce que l’on fait à ces citoyens en Libye, au Yémen ou en Syrie, est un crime contre l’humanité.

Ha’aretz : Le Premier ministre demande constamment à Abu Mazen de reconnaître l’État d’Israël comme un État juif en échange de la reconnaissance de l’État palestinien. En tant que citoyen de cet État, partagez-vous cette position ?

Omar Nasser : Certainement pas. C’est comme si nous, citoyens arabes de l’État, vivions en marge. L’État d’Israël a évidemment une majorité juive et le caractère de l’État est juif. Mais en quoi est-il essentiel d’en demander la reconnaissance par d’autres jusqu’à en faire une condition de l’avancée du processus de paix ? Cette exigence constitue un obstacle et est lourde de conséquences, tout à la fois pour le droit au retour [5] et pour notre statut de citoyens de l’État d’Israël. Les Arabes israéliens ont aujourd’hui le sentiment que la menace du transfert [6] n’est pas de l’ordre d’un concept idéologique, mais représente un danger présent, avec l’appui que lui donnent certains ministres et partis membres de la coalition gouvernementale. Nous voulons être des citoyens égaux et jouir de droits égaux au sein de l’État.

Ha’aretz : Dans quel pays aimeriez-vous vivre ?

Omar Nasser : Primo, je reste à Arabeh. C’est ici que je suis né, comme mes parents et mes grands-parents, et je vis dans un endroit dont l’histoire remonte à 3 500 ans. Nous ne sommes ni des étrangers ni des colons et nous n’avons ni occupé ni conquis le pays [7]. Je veux vivre avec tout un chacun en tant que citoyen égal en droit. Ne pas reconnaître un État juif n’est pas une menace pour les Juifs, y compris nos voisins dans les agglomérations proches. C’est envers nous en tant que citoyens arabes qu’il y a menace et je viens d’expliquer pourquoi.

Ha’aretz : Donc la demande de déchirer l’accord avec le Hamas n’est pas légitime non plus, selon vous ?

Omar Nasser : Il y a là beaucoup de culot et de condescendance. Israël a toujours affirmé que, du fait des deux gouvernements et des divisions, il était impossible de mener des négociations. Maintenant qu’il y a un accord de réconciliation, on nous demande de le déchirer. Le Hamas représente une partie du peuple palestinien, et le peuple palestinien tout entier, y compris ceux qui vivent dans des pays arabes et dans une bonne partie du monde occidental, soutient la réconciliation.

Ha’aretz : Mais le Premier ministre dit, et les Américains sont d’accord, que le Hamas est une organisation terroriste qui ne reconnaît pas Israël ?

Omar Nasser : Le Hamas a déclaré de façon précise soutenir la formation d’un État palestinien le long des frontières de 1967 et cela, d’après moi, donne une réponse nette. Il est clair aussi que l’État aux côtés de l’État palestinien sera l’État d’Israël. Tout un chacun peut le voir, et ces choses ont été également été clairement mises en lumière dans les récents accords du Caire.

Ha’aretz : Ne sentez-vous pas que vous, en tant que maire et que citoyen, jouissez de droits égaux ?

Omar Nasser : Cela dépend des circonstances. Il y a des situations auxquelles cela s’applique, et d’autres ou ce n’est pas le cas. J’ai des droits en tant que maire, mais est-ce que la population arabe ou les citoyens arabes jouissent de droits complets ? Il est clair que tant qu’il y a des communes non reconnues, tant qu’il y a des discriminations budgétaires, tant qu’il y a des lois racistes et nous en avons de nombreux exemples, il est impossible de parler d’égalité et de démocratie au plein sens du terme.

Ha’aretz : Le tableau que vous dressez est sombre et vous critiquez le Premier ministre, mais vous-même avez été attaqué au sein de votre commune pour avoir reçu des ministres, y compris ceux d’Israël Beiteinu [8] ?

Omar Nasser : C’est exact. Au moment où nous parlons, le conseil municipal discute de cette question. Au conseil, je reçois des ministres et des cadres exécutifs de toutes tendances. Ils me rendent visite et je me rends à leurs bureaux, et nous débattons de questions d’ordre professionnel concernant le développement de la collectivité. Il n’y a là rien de mal. Arabeh a reçu les ministres Aharonovitch et Landau [9] et nous avons parlé de questions professionnelles, telle la participation d’Arabeh au projet “Violence-Free City“ [“Cité sans violence“]. Qu’y a-t-il de mal à ça ? Je ne discute pas de politique avec eux, ni du programme de leur parti ou de celui auquel j’appartiens, et j’entends par là le Hadash [10]. Cela n’influence en rien mes positions politiques. J’ai été élu pour me mettre au service du public et des membres de la collectivité.


NOTES

[1] “Villages non reconnus“ est une expression neutre pour désigner un ensemble d’agglomérations considérées comme illégales par l’État, et ne pouvant donc bénéficier d’aucun service (adduction d’eau ou d’égouts, électricité, etc.) en attendant de s’effondrer sous les coups des bull-dozers, en tout ou partie… avant d’être aussitôt reconstruites avec l’aide du Comité des villages non reconnus qui les réunit. Découlant de la “politique de sédentarisation“ des Bédouins, regroupés au sein de sept “villes“ dans les environs de Beersheva, la mise hors la loi des villages où ils pouvaient faire paître leurs troupeaux et pratiquaient une agriculture vivrière casse leur mode de vie, les marginalise en réduisant à zéro les bénéfices d’une sédentarisation progressive entamée spontanément au XIXe siècle, et participe du fort taux de chômage au sein de cette population.

2] Référence est ici faite à une loi passée au petit matin du 23 mars, face à un hémicycle quasi désert, qui vient confirmer le droit des agglomérations de moins de 400 foyers, en Galilée et dans le Néguev, à admettre ou non des habitants en fonction de critères de leur choix, afin d’éviter toute incompatibilité d’humeur. Dans un ordre d’idées qui nous semble comparable, quelques rabbins soutenus par des groupes ultra-religieux avaient mené à Safed cette année une campagne de propagande pour que les étudiants arabes des villages parfois assez lointains de Galilée ne puissent résider dans la cité (thématique qui ne peut sortir que renforcée du vote de cette loi, même si elle ne s’applique pas à ce cas, le maximum de 400 foyers étant à Safed largement dépassé). Voir sur notre site l’article du même Jack Khoury et de Jonathan Lys, publié dans Ha’aretz le 14 avril 2011 et traduit par La Paix Maintenant, “Deux lois jugées discriminatoires votées par la Knesseth“ : [

[3] Autre loi passée au petit matin du 23 mars, la loi dite de la Nakba (la “Catastrophe“, ainsi que les Palestiniens désignent la proclamation de l’indépendance d’Israël le 16 mai 1949) vise la mémoire arabe par l’asphyxie financière des organisations qui en marqueraient l’anniversaire. Voir l’article de Jack Khoury et Jonathan Lys cité ci-dessus, et celui de Ze’ev Sternhell publié dans Ha’aretz peu avant l’adoption en seconde lecture de ces deux lois, le 1er avril 2011, et traduit par Ilan Rozenkier pour La Paix Maintenant : “L’Anachronisme d’Israël “ :
[->http://www.lapaixmaintenant.org/article2129]

[4] Proposée par le député David Rotem reprenant devant la Knesseth le slogan électoral de son parti en 2009 (« Pas de citoyenneté sans loyauté »), la “loi Lieberman“ a été adoptée en dernière lecture le 28 mars 2011. La Cour suprême pourra désormais, sans préjudice des sanctions pénales par ailleurs encourues, révoquer la citoyenneté des personnes reconnues coupables de « trahison grave », d’aide à l’ennemi en temps de guerre ou d’attentat contre l’État. Le flou inhabituel entretenu par les articles de ce texte (où commence la trahison « grave » ?) laisse la porte ouverte à l’arbitraire. Un juriste du Shin Beth, les services de sécurité intérieure d’Israël, a ainsi déclaré au cours des délibérations que cette proposition de loi était « problématique » et que « les Arabes israéliens s’en sentaient les seuls destinataires ». À tort ou a raison, voilà qui reste à déterminer…

[5] Notons qu’il s’agit-là de l’un des véritables points d’achoppement dans le cadre d’une négociation qui prendrait pour base la position défendue par La Paix Maintenant : « Deux peuples, deux États. »

[6] Les actes d’hostilité mutuelle, dans la Palestine mandataire, entre Arabes et Juifs engagés dans des mouvements de libération nationale aux intérêts contradictoires font germer dans l’entre-deux guerres l’idée du transfert. Pour la commission d’enquête (dite Peel, nov. 1936 / juil. 1937) instituée par la couronne britannique pour proposer des modifications au Mandat à la suite de la Grande Révolte arabe, il ne s’agit encore que d’un “échange” réciproque de populations entre les deux États suggérés, l’un juif et l’autre arabe ; recommandation qui eut rapidement les faveurs des dirigeants travaillistes, tels David Ben Gourion ou Moshé Sharett, à la tête des institutions juives et bientôt aux commandes du nouvel État.

Quelques années plus tôt dans les milieux révisionnistes (à la droite du mouvement sioniste et très minoritaires à l’époque), c’était déjà le concept du « transfert » de l’une et une seulement de ces deux populations, les Arabes de Palestine en l’occurrence, qui prenait forme. L’idée est ainsi défendue par le journaliste expert de l’islam et de l’Orient, Theodor von Weisel, proche du théoricien du révisionnisme Ze’ev Jabotinsky, devant le souverain hachémite d’Irak, Fayçal. Jabotinsky lui-même s’y opposera cependant : « Il est abominable pour un Juif, écrivait-il en 1938, de penser que la renaissance d’un État juif serait liée à une proposition aussi odieuse que le transfert de citoyens non juifs. »

Les projets de transfert refont agressivement surface dans les années 1980 sous la plume et par la voix de Méïr Kahane dont le parti d’extrême droite, Kach (acronyme qui peut aussi se lire comme : “Prends”), sera un peu plus tard interdit en Israël. Cette fois, c’est d’expulsion vers les pays arabes voisins qu’il est clairement question. L’interdiction du Kach et la disparition de son chef, assassiné aux États-Unis où il était reparti, mit une sourdine aux proclamations des hérauts du transfert. Pour certains, il ne saurait se faire qu’avec l’accord de ceux que l’on transfère ou dans le cadre de négociations entre Israël et les gouvernements arabes ou les Palestiniens. Mais, sous tel ou tel avatar, il figure désormais dans les plates-formes des partis de la droite israélienne, dont Israël Beïtenu.

[7] Autre pierre jetée l’air de rien dans le jardin israélien, dont les citoyens seraient toujours des “étrangers” et la terre un pays “conquis”, tandis que lui-même et les générations qui l’ont précédé sont nés ici… D’où l’importance de cette autre notation qui nous renvoie à un univers de rivalité bien connu : « Je vis dans un endroit dont l’histoire remonte à 3 500 ans. » Mais quid de cette rhétorique dans le contexte, là encore, de « deux peuples, deux États ».

[8] Rassemblant en majeure partie des immigrants de l’ex Union soviétique et troisième parti de l’actuelle Knesseth avec 15 députés, Israël Beïtenu (“Israël est notre maison“) s’inscrit dans la lignée révisionniste. Nationaliste et antireligieux, ce parti ambitionne de se débarrasser du maximum possible d’Arabes israéliens en échangeant certaines parties du territoire israélien qu’ils peuplent majoritairement contre des implantations juives en Cisjordanie.

[9] Membres d’Israël Beïtenu, tout comme David Rotem précédemment cité, tous deux sont ministres. Des Infrastructures nationales en ce qui concerne Uzi Landau, transfuge du Likoud qui avait en son temps démissionné du cabinet du Premier ministre Ariel Sharon par opposition au plan de désengagement de la bande de Gaza ; de la Sécurité intérieure pour Yitzhak Aharonovitch, qui s’est récemment illustré par une volonté affichée de sévir contre les mineurs, directement ou par le biais de leurs parents. Ainsi a-t-il déclaré à la suite des événements de Silwan (village arabe de Jérusalem), où deux des enfants qui s’en prenaient à coup de pierres à la voiture conduite par David Beeri (le directeur de la fondation Elad pour le développement de l’habitat juif à Jérusalem-Est) avaient été percutés et blessés par son véhicule : « Cela doit cesser. Les enfants ne peuvent bénéficier de l’immunité. »

[10] Parti judéo-arabe fortement implanté dans la société arabe israélienne, H’adash est l’héritier des multiples scissions et recompositions du parti communiste israélien – lui-même constitué après l’indépendance d’Israël par les membres arabes et juifs de l’ancien parti communiste de Palestine restés dans les nouvelles frontières – autour des questions du sionisme et du rapport à l’Union soviétique.

Deux partis coexistent ainsi dans l’Israël d’avant 1967, le Maki (acronyme de Miflaga Komunistith Israélith – “Parti communiste israélien”) et le Raka’h (acronyme de Reshimah Komunistith H’adashah – “Liste communiste nouvelle”) majoritairement implanté dans les agglomérations arabes, avant que la forte minorité opposée au sein du Mapam (sioniste de gauche) à la participation au gouvernement d’union nationale constitué après la guerre des Six Jours ne conduise à la formation du Moked (“Focus”) par l’union de la nouvelle gauche estudiantine dite Karol-Adom (“Bleu-Rouge“, sioniste et révolutionnaire, donc) avec des militants du Maki… Dont le Raka’h allait reprendre le nom avant de se fondre dans une coalition électorale nouvelle avec diverses petites formations hors du consensus sioniste. “Nouveau”, tel est bien là le sens du mot formé par cet acronyme, H’azith Democratith leShalom veleShivion – “Front démocratique pour la Paix et l’Égalité”.

Pour plus de précisions, on peut lire l’ouvrage de référence d’Ilan Greilsammer, Les Communistes israéliens, aux Presses de Sciences Po, Paris, 1978.