sur le site du Jerusalem Post

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Jusqu’à cette semaine, les journalistes israéliens et palestiniens qui voulaient se rencontrer dans un cadre quelque peu officiel avaient l’Association de la presse étrangère (Foreign Press Association). Depuis ce mardi, les journalistes israéliens et palestiniens désireux d’échanger des vues et de coopérer à l’occasion de reportages dans le territoire de l’autre disposent d’une nouvelle option : le Club de la presse du Moyen-Orient (Mideast Press Club).

Fondé par Felice Friedson, président de The Media Line Ltd, une agence de presse américaine à but non lucratif qui couvre le Moyen-Orient, le Club de la presse du Moyen-Orient a été lancé à l’hôtel American Colony (Jérusalem Est), qui, depuis de nombreuses années, accueille des journalistes du monde entier et sert de terrain neutre pour des échanges entre Israéliens et Palestiniens.

Bien que l’agence The Media Line ait évité de politiser l’événement, des journalistes de Gaza ont été retenus et fouillés au checkpoint une partie de la matinée, avant d’être autorisés à poursuivre leur route. L’objectif était de faire parler des journalistes des deux côtés du conflit israélo-palestinien des difficultés que représente un reportage de l’autre côté. « C’est toujours une région en guerre », dit David Harris, de Media Line. « Notre job, c’est d’être rapides, être les premiers à pondre autant de scoops que possible ». Deux obstacles principaux ont été cités [par les journalistes] : l’accès limité à l’autre côté, et la crainte pour leur sécurité.

Radwan Abou Ayyash, président de l’office de radiodiffusion palestinienne (Palestinian Broadcasting Corporation), a souligné les problèmes que rencontrait une équipe palestinienne de télévision désireuse de réaliser un reportage en Israël. Après avoir obtenu un permis, passé les barrages et les checkpoints, et récupéré leur équipement en Israël, les journalistes doivent alors essayer de produire un reportage objectif. L’objectivité est difficile pour des gens qui vivent sous occupation, dit Abou Ayyash. Néanmoins, il a ajouté : « autant que nous le pouvons, nous envoyons un message de paix. Les journalistes des deux côtés peuvent changer beaucoup de choses, et nous sommes ici pour travailler ensemble ».

D’autres journalistes palestiniens ont dit que c’était la première fois depuis quatre ans qu’ils venaient à Jérusalem. « Quand je passe un checkpoint, ils ne croient jamais que je suis journaliste. Pour eux, je ne suis qu’un Palestinien », dit Abou Ayyash.

Motti Sklar, directeur de la seconde Autorité pour la radio et la télévision [israéliennes] dit qu’il est difficile de produire une image équilibrée lorsqu’on couvre l’autre côté, parce que la tendance est de mettre l’accent sur les aspects les plus extrêmes de l’autre côté : « il nous faut un climat différent. Il nous faut une période d’accalmie pour apprendre à nous comprendre ». Sklar a également souligné l’importance de l’introspection et de l’autocritique.

« Comment peut-on demander aux médias palestiniens d’être objectifs, alors que nos droits sont bafoués par l’occupation? » demande une journaliste palestinienne. Une journaliste de Galey Tsahal (radio de l’armée israélienne, ndt) lui répond : « même quand nous allons là-bas en tant que journalistes, on s’en prend à nous physiquement. Nous ne pouvons pas mettre fin à l’occupation, nous ne sommes pas mandatés pour ça ». Mais elle admet qu’il est bien plus facile pour un journaliste israélien d’obtenir des réponses de la part de l’establishment palestinien, que pour un journaliste palestinien d’obtenir des réponses de la part de l’establishment israélien. Elle parle aussi d’un « changement spectaculaire » dans les médias palestiniens, ces dernières semaines.

Yaakov Ah’imeïr, journaliste chevronné à la 1ère chaîne de télévision [israélienne] : « Nous ne pouvons pas être objectifs. En tant qu’Israélien, je ne peux pas être objectif envers une autre nation, surtout si cette nation nous est hostile ».

Radwan Abou Ayyash pose la question : « sommes-nous assez professionnels pour respecter notre profession? Nous pouvons essayer d’être honnêtes, de nous respecter mutuellement et de travailler dans l’espoir plutôt que dans le désespoir. Il nous faut trouver des moyens de coopérer dans la production de reportages ».