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Ha’aretz, 21 août 2006

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Après les événements au Liban et à Gaza, le concept de l’unilatéralisme semble avoir vécu. Plus de plan de convergence unilatéral. Avec lui pourrait disparaître son frère jumeau : le mur de séparation. Car à quoi sert un mur quand la guerre est menée à coups de Katiouchas, de Qassams et d’enlèvements ? Si le tracé du mur avait suivi la ligne Verte, cela aurait été différent, mais à partir du moment où il a commencé à empiéter sur la Cisjordanie, en particulier dans la zone de Jérusalem, il est devenu un plan d’annexion par la tromperie, par ailleurs impossible à mettre en œuvre autrement qu’en provoquant souffrances, discriminations et exploitation, ce qui ne peut pas durer indéfiniment.

L’alternative à l’unilatéralisme a été et demeure la recherche d’un accord. Les Palestiniens le demandent, et depuis quelques jours, ils y travaillent. La semaine dernière, Mahmoud Abbas a passé trois jours à Gaza pendant lesquels il a eu de longues conversations avec d’importantes personnalités du Hamas. Pour la première fois, Abbas a réuni à Gaza le Conseil national de sécurité de l’Autorité palestinienne, réunion où étaient présents le Premier ministre Ismail Haniyeh et le ministre de l’intérieur Saïd Seyam, responsable de l’appareil de sécurité intérieur de l’Autorité palestinienne.

La première question à l’ordre du jour a été la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale. Tous les courants politiques palestiniens comprennent que l’embargo sur le gouvernement du Hamas, imposé par les Etats-Unis et la plus grande partie du monde, doit être contourné. Comment faire ? Créer un nouveau gouvernement qui ne repose plus sur le seul Hamas, comme aujourd’hui. En théorie, la route qui mène à ce gouvernement est tracée. Haniyeh est arrivé à ce que toutes les factions se mettent d’accord sur une trêve, et de fait, les tirs de Qassam ont pratiquement cessé. Il existe aussi un plan politique qui contient une reconnaissance indirecte d’Israël (le « document des prisonniers »), et en théorie encore, tout ce qui reste à faire est de décider des nominations au nouveau gouvernement.

Certaines fuites aux médias palestiniens nous apprennent qu’il y a eu aussi des progrès dans les négociations sur la libération du caporal Gilad Shalit. Les médiateurs sont le gouvernement égyptien et les dirigeants qataris, responsables d’un projet d’accord selon lequel Shalit serait transféré en Egypte, et à partir de là, des discussions commenceraient autour de la liste des 600 prisonniers qu’Israël libérerait en échange. Cette liste comprendrait des femmes palestiniennes détenues en Israël, des mineurs, d’anciens prisonniers détenus depuis avant les accords d’Oslo, et des malades.

Les dirigeants palestiniens sont convaincus que si la trêve se poursuit, si Shalit et les prisonniers palestiniens sont libérés et si un gouvernement palestinien d’unité nationale est créé, le processus de paix peut reprendre. Mais il semble que les choses ne soient pas si simples, car Abbas, Haniyeh et leurs hommes s’imposent mutuellement des conditions très dures. Abbas exige du Hamas une reconnaissance d’Israël et des accords déjà signés plus concrète, ainsi qu’une renonciation à la violence, comme le Quartet l’exige. Haniyeh exige que le nouveau gouvernement soit toujours dirigé par le Hamas, avec une majorité de ministres de son mouvement. Azam el-Ahmad, du Fatah, réplique : « Nous n’accepterons pas d’être un ingrédient de plus au gouvernement, nous voulons être des partenaires à part entière. » Un accord est-il possible ? Ziad Abou-Amar, député indépendant de Gaza, accepté par les deux côtés, suggère de revenir à l’idée d’un gouvernement d’experts.

De son côté, le gouvernement israélien agit comme si les développements politiques en Palestine ne le concernaient pas. La routine continue, avec les arrachages d’oliviers, comme récemment dans le village de Zbuba, dans le district de Jénine, et les expropriations de terres pour le mur et les colonies (récemment, des plaintes sont venues de Susiya, Khalkhoul, Beit Omar et Al-Arub, ainsi que de Tul Karem et de Paron). Les raids, les assassinats ciblés et les arrestations se poursuivent. La dernière en date a été celle du vice-premier ministre Nasser al-Shaer, du Hamas, enlevé de son domicile de Ramallah, qui a rejoint les dizaines d’hommes politiques du Hamas emprisonnés en Israël, dont des ministres et des députés. Que cela ait un rapport ou non, différentes cellules d’organisations en Cisjordanie préparent des attentats, et comme d’habitude, les abus continuent aux check points, ce qui, à part les femmes de Makhsom Watch, n’ennuie plus guère de monde en Israël.