La tragédie de Gaza se poursuit et se « tragédise » de plus en plus. Les otages israéliens agonisent, des soldats meurent, peut-être sans le savoir, pour un messianisme et une judaïsation de Gaza dissimulés derrière des préoccupations sécuritaires, les civils gazaouis sont déchiquetés, le Hamas n’est pas éradiqué et jamais il ne le sera.
Plus importantes que nos déchirures, notre désarroi, sont la prise de conscience et la parole des Israéliens eux-mêmes face à une réalité que nombre d’entre eux ne peut voir, traumatisés par la volonté génocidaire du 7 octobre. Une réalité non dite et non montrée par les politiques et les médias israéliens.
Cependant, ce paysage commence à bouger, trop lentement sans doute, mais des images furtivement passent, des articles paraissent dans des journaux souvent « catalogués » et à diffusion restreinte, des leaders politiques, trop rares sans doute, s’expriment.
J’ai choisi pour cet éditorial de faire entendre le cri du cœur de l’un d’entre eux, Gilad Kariv, député du parti Les Démocrates de Yaïr Golan et rabbin réformé:
« Nous ne pouvons plus fermer les yeux et ignorer la situation.
Le rapport publié hier par Nir Hasson* et Nurit Yohanan* sur la mort d’une famille entière suite au bombardement d’un immeuble de la bande de Gaza, alors que les secours ont été empêchés d’atteindre les lieux pendant de longues heures, me hante.
Il en va de même pour le rapport faisant état de 20 morts supplémentaires dans l’un des centres de distribution alimentaire de la Fondation Humanitaire de Gaza.
Nous ne devons pas fermer les yeux.
Nous ne devons pas faire l’autruche.
Nous ne devons pas rester indifférents aux pertes en vies humaines innocentes dans une guerre qui aurait dû prendre fin depuis longtemps.
La guerre « Epées de fer » est devenue une guerre de tromperie. La poursuite de la guerre impose un prix sanglant, immoral et injustifiable aux personnes enlevées, à nos soldats et aux habitants palestiniens innocents.
La guerre doit cesser.
En attendant, l’armée israélienne doit modifier sa conduite concernant les attaques contre les centres urbains.
Les médias doivent se pencher sur ce qui se passe dans la bande de Gaza.
L’opinion publique israélienne doit descendre dans la rue pour réclamer la fin de la guerre, et oui, mes partenaires de l’opposition et moi-même devons également exiger plus clairement et plus fermement la fin de la guerre.
Ça suffit!
Nous perdons nos valeurs.
Nous perdons notre résilience.
Nous nous égarons. »
Ce post a été publié le 16 juillet, avec la capture reproduite ci-dessous d’un extrait de l’article de Nir Hasson publié la veille dans Haaretz : »Tsahal a empêché de les dégager » . »13 membres d’une même famille ont été tués lors d’une attaque à Gaza. Ils ont été montrés essayant de survivre sous les décombres« .
Sur la photo, les enfants en noir sont ceux qui n’ont pas survécu.
Dans un autre post (David Ben Ichou) on pouvait lire : « Le Hamas nous a battu le 7 octobre mais pire qu’un acte de barbarie, qui a plongé tout le pays dans la stupeur et l’effroi, il nous a contaminés et la gangrène se propage.
Pour survivre mentalement, moralement nous allons devoir nous couper le bras droit.
Si ce n’est pas maintenant, si comme des enfants sages et disciplinés, nous attendons la date des prochaines élections, la route sera pavée de corps qui s’amoncellent, ceux de nos soldats ou de civils palestiniens. Un chemin pavé de sang, de larmes, de honte, de culpabilité. Nous allons nous damner nous-mêmes... »