Pendant longtemps l’Égypte et Israël ont été des ennemis autant acharnés qu’irréconciliables. Du moins le semblait-il. La question n’était pas de savoir s’il y aurait une nouvelle guerre mais quand elle aurait lieu. Et pourtant… Le 26 mars 1979, le traité de paix israélo-égyptien était signé à Washington par le président égyptien Anouar el-Sadate et le premier ministre israélien Menahem Begin, en présence de Jimmy Carter, alors président des USA. C’était le premier traité de paix entre l’État d’Israël et un État arabe. Ceux qui le croyaient impossible l’ont alors cru éphémère. Quarante ans plus tard, il tient toujours…

À moins de deux semaines d’échéances électorales particulièrement cruciales pour Israël, alors que la question du devenir du pays en tant qu’État juif et démocratique, à même de sauvegarder un équilibre en tension entre ces termes plutôt que de privilégier l’un aux dépens de l’autre, cet anniversaire revêt une signification particulière. Il démontre que, contre toute attente, des leaders courageux sont à même de faire la paix ; aussi instable et froide qu’elle puisse être, une telle paix sera toujours préférable à un conflit permanent et à une guerre chaude.

Il n’est guère étonnant que le ministère de l’Éducation ait passé sous silence ce quarantième anniversaire alors qu’il y a  quelques mois à peine, il incitait les établissements scolaires à prendre part à la journée du Gush Katif en souvenir des 21 communautés expulsées en 2005 lors du retrait israélien de cette région.

Shalom Akhshav a refusé l’oubli de cet événement dont il voulut mettre en exergue sa signification: la guerre n’est ni inévitable ni éternelle. Shalom Akhshav récuse le message implicite que diffusent les autorités à savoir que l’opposition à l’évacuation est plus importante que la défense de la sécurité des soldats et des civils.

Naphtali Bennett, actuel ministre de l’Éducation, plutôt que d’éduquer la nouvelle génération à la paix et la sécurité, ne préfère-t-il pas l’émergence d’une génération de combattants dévoués à assurer sécurité des implantations et pérennité de l’occupation ? Surtout de ne pas rappeler ce qu’écrivaient officiers et combattants réservistes, six mois après la visite de Sadate à Jérusalem, en s’adressant à Menahem Begin pour exiger de lui qu’il ne laisse pas passer cette occasion de faire la paix : « Nous savons que la véritable sécurité ne sera acquise qu’avec la venue de la paix« !

Lors du prochain Jour du souvenir, on évoquera sans nul doute auprès des élèves d’Israël tous ceux qui ont été tués pour que naisse et survive le pays mais on ne dira mot de tous ceux, soldats et civils, qui ont survécu grâce à ces dirigeants courageux qui ont pris le risque de la paix. C’est pour cela que SA a réalisé une vidéo, à laquelle nous avons contribué, « Pourquoi je suis encore en vie » qui montre et raconte ce que d’aucuns veulent taire et cacher. C’est pour célébrer cet anniversaire que Shalom Akhshav a déployé sur les routes, les ponts, les ronds-points, dans tout le pays, des dizaines de banderoles « Les dirigeants courageux font la paix » avec les photos de ces mêmes dirigeants.

En une semaine, cette vidéo (Cf. https://www.youtube.com/watch?v=ggrYOVSXZWw&t=4s)  a déjà été vue par plus de 750 000 personnes. Des enseignants n’ont pas hésité à l’utiliser en cours. Il faut la faire voir en dehors d’Israël également. De même qu’il convient d’aider le camp de la paix et ses militants. Aidez-nous à les aider et apportez-nous votre soutien. Nous en ferons bon usage.

Ilan Rozenkier