Sur le site d’Ha’aretz

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Que ceux qui veullent appeler Amram Mitzna un novice en politique peuvent continuer. Mais c’est quand même ce novice qui est arrivé de nulle part et a conquis le Parti travailliste, et c’est ce même novice quii, cette semaine, a forcé toute la direction travailliste à déclarer publiquement : ce sera ou nous, ou Sharon.

Mitzna a compris que le Parti travailliste était devenue la feuille de vigne d’Ariel Sharon et de Tommy Lapid (centre laïque, ndt). Sharon voulait cette feuille de vigne pour être en mesure de poursuivre la même politique qu’il a menée ces deux dernières années avec Benjamin Ben-Eliezer pour alibi local, et Shimon Peres pour défenseur en Europe et garant auprès des Etats-Unis.

Lapid veut Mitzna au gouvernement parce qu’il meurt d’envie d’être ministre, et que sans Mitzna il ne pourra pas se joindre à un gouvernement d’extrême droite + Shas. Que Dieu nous en préserve, il deviendrait soudain l’aile gauche du gouvernement!

Sharon et Lapid en veulent donc beaucoup au novice en politique qui a mis en piàces leur rêve d’un gouvernement stable et large, un gouvernement qui continuerait à ne rien faire et à ne prendre aucune initiative.

L’analyse de Mitzna est que s’il ne gagne pas cette fois-ci, et que Sharon forme un gouvernement réduit à la droite et aux religieux, ce gouvernement ne tardera pas à s’effondrer sous la pression de la crise économique, car il est évident que l’économie est en chute libre.

Il y a deux ans, quand l’intifada s’est transformée en guerre d’usure et que les kamikazes ont atteint le coeur des villes, il y en avait qui refusaient de comprendre que l’économie et la société allaient en payer le prix. La direction du Likoud, et quelques commentateurs, clamaient que la récession était le résultat de la crise du high tech et des attentats du 11 septembre.

Donc, clamaient-ils, quand l’économie mondiale redemarrera, Israël retrouvera une croissance rapide. Ils admettent aujourd’hui que la raison de la crise n’est pas seulement la crise du high tech et la récession mondiale, mais que l’intifada a eu une influence ravageuse sur l’économie.
Ils ne sont pas encore prêts à comprendre que l’intifada est la raison principale de la crise socio-économique, et que tout le reste compte bien moins.

La comparaison la plus ridicule est celle qui met en parallèle notre crise économique avec la récession mondiale. Existe-il un autre pays occidental qui ait des difficultés a lever des capitaux? Existe-il un autre pays qui ait des difficultés a rembourser ses prêts, ou qui soit menacé d’une baisse de cotation par les instituts de rating? Existe-il un autre pays qui coure après les Américains pour demander 8 milliards de $ de garantie, et 4 autres milliards de $ de subvention exceptionnelle, parce qu’il est incapable de finir l’année sans cet argent?

Au Trésor, certains admettent aujourd’hui que le budget récemment voté par la Knesset n’est pas sincère. Ils admettent qu’ils devront en couper des milliards destinés aux fonctionnaires, baisser les salaires, fermer des ministères, et peut-être augmenter les impôts, car la crise en 2003 sera pire qu’en 2002. Les recettes fiscales vont continuer à baisser, et il n’y aura plus d’argent pour payer les dépenses militaires. Ils sont terrifiés à l’idée que Washington n’accorde ni la garantie, ni la subvention. Cela pourrait être un coup fatal pour l’économie, qui transformerait la crise économique en crise financière et qui ferait ressembler juin 2002 à un jeu d’enfant.

Ceux qui minimisent l’importance de l’intifada dans la crise économique disent, en substance, qu’il n’y a nul besoin de se presser pour reprendre les négociations, et que la guerre d’usure peut continuer longtemps.

Voici ce qu’a dit a ce sujet le professeur Stanley Fisher, ami d’Israël :

« La reprise du processus de paix est d’une importance capitale. Seules la fin de l’état de guerre et la reprise du dialogue avec les Palestiniens peuvent faire changer l’économie israélienne. Une bonne politique économique de la part du gouvernement et de la Banque d’Israël peuvent aider à améliorer quelque peu les résultats économiques, mais dans une faible mesure. Cela ne transformera pas une croissance négative en croissance positive. Sans l’intifada et sans la guerre, l’économie israélienne serait en croissance, peut-être pas aussi rapide que par le passé, mais en croissance, certainement. »