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Il est clair que Netanyahou a mené de son point de vue une campagne intelligente, digne de l’officier de commando qu’il a été. Il a su au dernier moment réorienter son discours vers les publics spécifiques auprès desquels il était susceptible de gagner les sièges qui lui manquaient pour arriver nettement en tête. C’est sa force, mais une certaine faiblesse se traduit aussi dans ce résultat : Si l’on tient compte de l’élimination du raciste Baruch Marzel et du fait que le Likud en lice s’était auto-nettoyé d’une partie de ses scories les plus extrêmes (Moshe Feiglin notamment), le parti de Netanyahou a en fait résolu un problème de famille, de relations entre les composantes de sa majorité; mais il n’a pas élargi son périmètre. Il gagne des sièges au détriment de ses alliés. Ce n’est pas rien, mais ce n’est que cela. 

Si l’on veut faire preuve d’optimisme, et en se forçant un peu, on pourrait penser que Netanyahou a accru sa marge de manœuvre pour lui permettre de faire preuve d’une éventuelle souplesse dans les contacts avec les Palestiniens, s’il s’y trouvait contraint. Ses déclarations ne l’engagent pas plus que de coutume. Elles ont eu l’impact qu’il souhaitait. Il leur fera dire ce qu’il voudra le moment venu, lorsque le rapport des forces en présence (y compris au plan international) l’imposera.

L’Union sioniste, pour sa part, a élargi son périmètre. Pas énormément, mais un peu. On aurait pu espérer mieux, certes, mais l’installation de ce centre gauche dans le paysage politique semble durable et ce n’est pas rien. D’autant que Kakhlon et Lapid, qui seront dans la nouvelle majorité (Kakhlon en tout cas !), ne sont pas fermés à des évolutions sur la question des colonies et des contacts avec les Palestiniens.

Le Meretz assure sa survie dans un contexte particulièrement défavorable, coincé entre le vote utile au profit de l’Union sioniste d’une part, de la Liste arabe unifiée d’autre part. Les électeurs perdus, juifs et arabes, lui ont coûté un ou deux sièges. Saluons l’honnêteté de Za’ava Galon qui avait déclaré, en bref : « La victoire sera la nôtre, la défaite sera mienne ! » Elle décide de se retirer et laisse sa place à une plus jeune députée, Tamar Zandberg. Même si le Meretz remporte un cinquième siège, ce qui n’est pas encore totalement exclu, il ne pourra faire l’économie d’une remise en question, compte-tenu de la nouvelle donne électorale (élévation du seuil d’éligibilité).

Au final, si l’on espérait bénéficier d’une « pleine bouteille », la désillusion est sévère. Mais cette pleine bouteille n’était qu’une illusion, renforcée sans doute par les sondages. En outre, ce vote ne signifie pas davantage que la population israélienne se refuse à toute concession, puisqu’il n’y a pas eu débat sur cette question. Cette victoire de Netanyahou aura, à l’évidence, des conséquences – négatives à nos yeux et nous y reviendrons – s’agissant en particulier de la campagne (odieuse) à l’encontre des Arabes israéliens. Le président de l’État, Reuven Rivlin, qui n’est pas sur les positions de Netanyahou, aura fort à faire… Et l’on peut penser qu’il le fera.

Nous le savons, rien n’est simple dans cette région du monde et ce scrutin n’échappe pas à semblable complexité. N’entrons pas dans le jeu de ceux qui, de ce succès « familial » de Bibi, veulent faire une déroute de ceux qui ne font pas partie de la  » famille » ; il y a sans doute eu excès dans l’espérance (irraisonnée) de la victoire. Il ne faut pas qu’il y ait un excès inverse dans la perception de ce qui vient de se passer.

Le travail continue… Nous ne somme ni au bout du chemin, ni au bout des surprises !

N.B. : La coalition gouvernementale précédente (Likud et Israël Beiteinou, Yesh Atid, Hatnuah) disposait de 68 sièges – ou de 62 sans l’appoint de Tsipi Livni et de son parti.

Si l’on reprend cette même configuration, les mêmes forces regroupent aujourd’hui 65 sièges. Le différentiel n’est pas énorme et ne traduit pas un mouvement d’opinion massif. D’autant qu’on ne sait pas encore si Lapid fera partie du nouveau gouvernement et que les religieux reculent de 18 à 13 mandats.

L’Union sioniste et le Meretz totalisent actuellement 28 sièges, contre 21 en 2013 et 27 si l’on prend en compte les 6 sièges de Hatnuah, ce qui est exagéré, car Livni n’a pas apporté la totalité de ces 6 sièges dans son escarcelle. C’est pourquoi, au sein du Parti travailliste, l’accord de rotation entre Herzog et Livni était jugé trop généreux. Dans tous les cas, le centre gauche progresse, plus ou moins fortement selon le scénario retenu.