Les dernieres statistiques demographiques et socio-economiques rendues
publiques recemment (cf.notamment « Yedioth Hakharonot » du 4/09/02 d’ou sont
tires la plupart des chiffres de cet article) apportent un eclairage
interessant sur les evolutions structurelles de la societe israelienne,
parfois masquees par l’attention portee a la situation politique et
militaire.

1/ Croissance demographique mais?

Fin 2001, la population israelienne comptait 6 592 000 personnes, soit une
progression de 2,1 % par rapport à l’annee precedente. Cependant, au cours
de cette meme année, la part de la population juive a continue a decroitre
du fait, notamment, de la diminution de l’alyah. Dans l’absolu, la
population juive a certes augmente (+ 1,4 %), mais moins que l’augmentation
moyenne sur les annees 1977-2000 (+ 1,8 %). Fin 2001, les juifs
representaient 77,2 % de la population totale alors que l’annee precedente
ils etaient 77,8 %.

Les Arabes d’Israel representent 19 % de la population. Parmi eux, on
denombre 15,4 % de musulmans (+ 0,2 %), 2,1 % de chrétiens et 1,6 % de
druzes; 3,5 % n’étaient pas identifiés par leur religion (essentiellement
des émigrants et leur famille).

La proportion de la population arabe est demeuree en 2001 equivalente a ce
qu’elle etait lors de la creation de l’Etat d’Israel. Il est clair que
l’immigration venue de l’ex Union Sovietique (près d’un million de
personnes depuis 1989) a fortement contribue au maintien de l’equilibre
demographique.

L’anciennete de la population juive va croissant : près de 30 % de la
population appartient a la 3eme generation. Les personnes originaires
d’Europe et d’Amerique (ashkenazes) représentent 41 % de la population, les
« orientaux » etant 16 %. La communaute la plus nombreuse est celle venant de
l’ex Union Soviétique : 1 150 000 personnes dont 70 % depuis 1990.

2/ Jerusalem

La ville la plus peuplee est Jérusalem avec 670 000 habitants, soit une
progression de 12.400 par rapport a l’annee precedente. La moitie de ces
nouveaux habitants est arabe alors que la population arabe ne represente
qu’un tiers environ de la population totale de la ville. Ces differences
proviennent d’une fecondite inegale selon les communautes. Au niveau
national, une femme juive donne naissance a 2,71 enfants et une femme arabe
a 4,6 enfants.

3/ Le « peuple du livre »?

1.971.991 enfants et etudiants frequentaient des etablissements scolaires,
tous types confondus. 58,6 % des eleves du primaire etudiaient dans le
cadre du secteur public laique (« mamlakhti »), 18,9 % etudiaient dans les
ecoles du courant public religieux sioniste et presque un quart (22,5 %)
relevaient du courant orthodoxe. Les repercussions presentes et a venir sur
l’equilibre « religieux/laiques » sont aisement décelables.

117.525 étudiants poursuivaient leurs études a l’universite, soit 3,5 % de
plus que l’année precedente (113.750 en 2000). La progression a ete la plus
forte en mathematiques, informatique, sciences biologiques et sciences de
l’ingénieur. La feminisation du monde etudiant se poursuit.

En education comme dans les autres domaines, l’influence de l’appartenance
communautaire est notable. 14 % des eleves de terminale sont arabes, mais
ils ne sont que 9 % parmi ceux qui reussissent le bac. Les « orientaux »
representent 24 % des eleves de terminale et 19 % des bacheliers.

4/ Le modele familial « en crise »?

Le pourcentage de celibataires dans presque toutes les classes d’age
augmente, principalement du fait que le mariage est de moins en moins
« populaire ». Parmi les femmes juives agees de plus de 15 ans, 43 % sont
seules, contre 40 % parmi les hommes. Pour 1000 femmes, il y a 964 hommes.

Les familles monoparentales ont augmente (95.000) soit 9 % des familles. 29
676 couples se sont maries, 9693 ont divorce. Dans les annees 1970, 9 % des
couples se separaient au cours des 9 premieres annees de mariage. 20 ans
plus tard, c’est dans les cinq premieres annees que se separent 9 % des
couples.

Le nombre d’enfants croit quand meme. 136.638 enfants sont nes, soit 0,5 %
de plus. 91.230 sont nes de meres juives (67 %) et 36.317 de meres
musulmanes. Une part importante de ces naissances ont eu lieu dans le cadre
de familles nombreuses puisque ¼ d’entre elles sont des naissances de rang
4.

5/ Et l’alyah ?

20 000 Israeliens ont quitte le pays en 2001. Certes, durant la meme annee,
7000 Israeliens sejournant à l’etranger depuis plus d’un an sont rentres au
pays. Nombreux parmi ceux qui quittent feraient reference a l’absence
d’espoir et de perspective. Les destinations preferees seraient en Europe
et en Australie, l’Amérique n’attire plus comme par le passe. On noterait
par ailleurs une tendance « retour aux sources », les candidats a
l’emigration essayant d’obtenir la nationalite du pays dont leur famille
est originaire. Certes l’alyah continue : 43.600 nouveaux immigrants en
2001, mais elle a enregistre une baisse de 28 % par rapport a 2000.

6/ Et les implantations ?

Le rapport annuel des services statistiques revele que la croissance
demographique des implantations est restee positive, mais la chute est
drastique par rapport a l’annee precedente. 2.600 Israeliens seulement se
sont ajoutes a la population residant dans les implantations, soit une
diminution de 63 % par rapport a 2000 (+ 7.100 habitants, naissances
comprises). Il est clair que ce sont des considerations securitaires qui
sont a l’origine de cette evolution, le nombre des arrivees diminuant alors
que celui des departs augmente. On enregistre meme une diminution de la
population dans des implantations jusqu’a present considerees comme
« ideologiques », les motivations d’ordre ideologique l’emportant sur les
considerations economiques ou relevant de la recherche d’une meilleure
qualité de vie. C’est le cas a Emmanuel, Alon Hamoreh, Beit-El, Eli.

Certains responsables des implantations contestent ces chiffres, arguant
que des nouveaux arrivants ont pu ne pas signifier leur changement
d’adresse.
Quoiqu’il en soit, Mossi Raz, depute Meretz, a demande au gouvernement de
prendre des mesures pour inciter au depart des implantations et de ne pas
se contenter, passivement, de ceux qui s’en vont d’eux-memes. Shalom Akhshav
reclame egalement une politique active en ce sens.

On trouve dans ce recueil de donnees statistiques bien d’autres
informations interessantes couvrant les domaines les plus divers. Ainsi
apprend-on que parmi la population active, la moitie travaille en dehors
de la localite dans laquelle ils habitent, et pour 45 % leur lieu de travail
est « au loin », dans un autre « district ». On comprend mieux les
embouteillages et engorgements sur les routes israeliennes.


Au-dela de l’anecdote, ce recueil d’informations chiffrees, particulierement
fiables compte tenu de la qualite de l’appareil statistique dont Israel
s’est dote, et qui certes reste perfectible, apporte un eclairage
fondamental sur les grands problemes auxquels est confrontee la societe
israelienne, que ce soit le caractere juif de l’Etat et les relations
judeo-arabes, les rapports laiques / religieux ou encore ashkenazes /
sefarades, pour n’en citer que quelques-uns.