(par Michel Gordon, Sao Paulo 31/10/2002)
L’auteur a ecrit cet article pour la « Semaine Juive » au Bresil, ou il a ete
publie de façon condensee en raison de contraintes d’espace
Nous le publions ici, aimablement traduit en francais par Ghislaine Balland
a partir de la version integrale publiee sur la Liste PAZ AGORA/BR –
des Amis Bresiliens de Shalom Akhshav – Amigos Brasileiros do PAZ AGORA


Il est clair que pour beaucoup, la clef des conflits qui repandent le sang
et la terreur au Moyen Orient, c’est l’EDUCATION POUR LA PAIX, l’education
qui prend en compte la connaissance de l’autre et le respect des
differences. La paix ne sera pas atteinte si les parties au pouvoir qui
representent les deux peuples ne font que signer un pacte de non agression
mutuelle. Non. L’histoire peut voir son cours s’accelerer grace a de grands
hommes d’Etat mais elle est construite pierre par pierre par des hommes
ordinaires et dans le cour de ces hommes, la paix devra atteindre de plus
grandes dimensions que celles d’une feuille de papier. C’est avec cette
formule que le CENTRE GIVAT HAVIVA, en Israel, essaie d’atteindre la paix.
Par la convivialite entre Palestiniens et Israeliens dans les salles de
classe ou lors d’activites communes – ou les enfants des deux peuples
apprennent a vivre avec l’autre different, se nourrissant de ce qu’il y a de
meilleur dans ce type d’experience – telles que des echanges entre les
eleves des ecoles juives et ceux des villages arabes, des programmes
d’education pour la paix avec des professeurs d’ecole de toute l’Israel,
l’edition de publications par des redacteurs arabes et juifs, des tournois
de football entre des equipes ou se melent jeunes arabes et juifs, etc..

Selon Giora Avraham, l’un de ses directeurs, le centre Givat Haviva agit en
Israel depuis 1945. Il est ne, il y a plus de 50 ans, d’une initiative du
mouvement des jeunes sionistes Hashomer Hatzair et du mouvement socialiste
des Kibboutzim ; il a pour objectif, en dehors de l’education, le
developpement d’etudes poussees dans le champ de la democratie et de la
citoyennete, de la paix, de la coexistence et de la tolerance entre les
peuples. Plus de 50 000 enfants et jeunes sont passes par ce centre et
demeurent « contamines » par l’espoir en un futur meilleur. LE CENTRE
JUDEO-ARABE POUR LA PAIX DE GIVAT HAVIVA ([->www.dialogate.com.gr]) a gagne en
2001 le prix de l’Education pour la Paix » de l’UNESCO et a conquis au long
de decennies d’un travail professionnel solide, le respect des gouvernements
israeliens qui se sont succede, et de l’Autorite Palestinienne et de divers
organismes internationaux, en tant qu’initiative concrete pour la
construction de bases de relations saines entre juifs et arabes au Moyen
Orient.

Deux directeurs de ce Centre sont venus a Sao Paulo entre le 7 et le 12
octobre sur l’invitation du mouvement pacifiste « Les Amis Bresiliens de PAZ
AGORA – PAZ AGORA/BR (->www.paz-agora.com] – [), pour
participer aux Rencontres 2002 du Reseau Global d’Education pour la Paix.
Aux côtes de PAZ AGORA/BR et de plus de 100 institutions bresiliennes et du
monde entier, outre les autorites liees a l’education et les leaders de
differents courants religieux, parmi lesquels le Rabbin Sobel, deux
representants du « Centre Givat Haviva », Guiora Avraham et Riad Kabha ont
participe a un riche echange international d’experiences et de resserrement
de nouveaux liens importants pendant ces Rencontres 2002 du Reseau Global
d’Education a la Paix, realisees au SESC Vila Mariana, au Parlement
Latino-Americain et au Memorial de l’Amerique Latine, promues par le Redepaz
([->www.redepaz.org]) avec le soutien de l’UNESCO et d’autres organisations.

Malgre un agenda charge, ils ont tenu a s’adresser a la communaute juive
bresilienne, par le biais de la Semaine Juive. Guiora Avraham (directeur
executif) e Riad Kabha (codirecteur), l’un juif et l’autre arabe, l’un
sioniste-israelien et l’autre palestino-israelien, comme ils se definissent
tous deux, ont accorde un entretien le soir du 8 octobre dans leur hotel.

Le Centre Givat Haviva a actuellement 25 projets en cours en relation avec
le theme de la paix et de la coexistence pacifique. Pour construire ce pont
de liaison entre arabes et juifs, le centre compte sur l’aide financiere de
donateurs du monde entier, outre les subventions accordees par le
gouvernement israelien, qui etaient bien plus importantes auparavant. Ce qui
m’a surpris dans cette conversation, ce fut la facon dont elle a ete
conduite par ces deux representants. Au debut je leur ai pose des questions
sur les nouvelles tetes de la vie politique des deux pays, j’ai commente les
incursions israeliennes en territoires occupes, je leur ai pose des
questions sur les hommes-bombes, mais j’ai immediatement ete devie de cette
ligne de raisonnement quand M. Guiora a explique que leur travail ne prend
en compte que l’education. « Seule l’education peut apporter la paix dans
l’avenir. Nous ne sommes pas un parti politique. Nous soutenons la droite ou
la gauche; nous sommes au-dessus des partis et ne travaillons que pour
l’education a la paix.  »

Pour cette raison, rien de ce que je pouvais dire ou demander au sujet de la
guerre, absolument rien, n’avait de sens. Beaucoup plus interessant a ete
d’entendre le recit des experiences fascinantes que ce centre pratique en
Israel et dans les territoires occupes. Experiences qui confirment la these
que ces deux peuples ne sont pas seulement condamnes a vivre ensemble
eternellement mais bien qu’ils sont destines a un avenir commun. Et un
avenir prometteur.

J’ai demande a M. Riad pourquoi il se definissait comme israelo-palestinien.
Qu’est-ce que ce terme signifie finalement ? A-t-il un sens ? Bien sur,
m’a-t-il repondu. Il a mis en avant qu’il appartient au peuple palestinien
mais qu’il a une carte d’identite israelienne : il vote, paie ses impots et
recoit ses revenus du gouvernement d’Israel. Il regrette que son Etat
aujourd’hui lutte contre son peuple. C’est le dilemme dans lequel se trouve
une partie significative de la communaute arabe en Israel qui attend
ardemment la paix.

Cette definition palestino-israelienne resume par certains cotes l’ideologie
du Givat Haviva. Le lien entre Palestiniens et Israeliens est possible, et
meme reel, et cette confusion de nomenclatures ne permet plus que ces termes
se dissocient.

Est-ce que la paix viendra ? Ils en sont persuades meme s’ils savent qu’un
long chemin reste a parcourir. Mais ils ont deja trouve un chemin pour y
arriver : l’education, le contact personnel et la connaissance de l’autre.

Cela ne depend pas des militaires, ni meme des hommes politiques. Si
ceux-ci, simplement, ne brouillaient pas les cartes et s’ils laissaient aux
arabes et aux juifs une chance de mieux se connaitre, comme des etres
humains.