Ha’aretz, 14 février 2007

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Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Au lieu de se rendre la semaine prochaine au sommet tripartite avec Mahmoud Abbas et Condoleezza Rice dans un état d’esprit positif, au lieu de réitérer sa promesse de se retirer de la plupart des territoires de Cisjordanie en échange d’un accord de paix, promesse faite il y a peu dans son discours de Sdeh Boker, Ehoud Olmert a choisi de déclarer à l’avance qu’il n’en ferait rien. Devant la commission parlementaire des affaires étrangères et de la défense, Olmert a dit : « il n’y aura aucune discussion sur les questions principales d’un accord définitif. Ni sur Jérusalem, ni sur les réfugiés, ni sur un retrait sur les frontières de 1967 ». La raison qu’il a donnée à ces trois « Non » a été le souhait de ne pas mettre à l’ordre du jour tout sujet qui puisse conduire à une crise.

Le 19 juin 1967, au lendemain de la victoire israélienne sur les Etats arabes et de l’occupation des territoires, le gouvernement israélien avait annoncé qu’il était prêt à se retirer de ces territoires en échange de la paix. Les Etats arabes avaient réagi par leurs célèbres trois « Non » au sommet de Khartoum (non à l’existence d’Israël, non à la paix, non à la négociation, ndt).

Depuis, les conditions pour parvenir à la paix n’ont pas changé, et tout le monde sait qu’en échange de la paix, Israël devra se retirer près de la ligne Verte, et que toutes modification de la frontière internationale devra s’effectuer avec l’assentiment des deux parties. Ainsi, ces formules de refus ne sont rien de plus que de simples ergotages. On pourrait évidemment considérer ces déclarations comme d’habiles tactiques de négociateur et continuer à prétendre que dans des négociations, les concessions se font à la fin et non au début. Mais quand des négociations durent depuis 30 ans, il est douteux que cette tactique soit très utile. La lassitude des participants à des sommets qui ne mènent nulle part ne présage rien de bon. Le faux calme qui règne sur le front palestinien, violé par des lancements de Qassam et assuré par de fréquentes opérations du Shin Bet, ne doit tromper personne. Les rencontres au sommet ne sont pas des fins en soi mais des moyens. Si le gouvernement palestinien d’union nationale représente une occasion de déboucher sur un processus diplomatique, alors il faut donner à ce processus un contenu.

A partir du moment où Israël repousse aujourd’hui l’option du retrait unilatéral et a décidé de retourner à la négociation d’un accord, à partir du moment où , sur tout l’échiquier politique, on est parvenu à la conclusion qu’un Etat palestinien à côté d’Israël était la seule option possible [[le rédacteur en chef d’Ha’aretz force un peu le trait. Le front du refus israélien existe toujours, à commencer par le Likoud (donné grand gagnant en cas d’élections anticipées), sans parler des partis d’extrême droite, religieux ou non (ndt).]], il ne reste rien d’autre à discuter que de la mise en oeuvre. Les gouvernements naîtront puis tomberont, du côté israélien comme du côté palestinien, mais la solution demeurera la même. La promesse d’Olmert de ne pas se retirer sur les frontières de 1967 et de ne pas discuter de l’avenir de Jérusalem pose la question : en quoi son gouvernement est-il différent d’un gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahou?

Alors que les Palestiniens sont en train de discuter de la reprise des négociations avec Israël qui sont censées commencer avec ce sommet à venir, et que le président Mahmoud Abbas déclare que les questions relatives à un accord définitif seront à l’ordre du jour, le gouvernement israélien ne parle que de « pourparlers théoriques », et ses représentants expliquent qu’ils utilisent la formule « horizon politique » pour ne pas susciter trop d’attentes. Ce n’est pas un message d’espoir pour l’avenir, ni même une promesse d’aller dans cette direction. Le chemin emprunté par Abbas est censé prendre le pas sur celui du Hamas. Mais il est clair qu’il ne pourra compter sur aucune aide de la part du gouvernement israélien.