Ha’aretz, 11 janvier 2009

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Deux semaine environ après le début des combats à Gaza, on ne reçoit que des informations très vagues sur les succès qu’obtient Israël dans les dégâts infligés aux « infrastructures terroristes ». En revanche, les chiffres des dégâts infligés aux civils s’accumulent. Plus de 800 Palestiniens ont été tués et près de 3 000 blessés, dont une majorité écrasante par des frappes aériennes. Selon les chiffres des Nations unies, la moitié des morts sont des civils, et parmi eux, la moitié sont des femmes et des enfants.

Outre les informations sur le nombre de morts et de blessés, il y a des informations sur des médecins à qui l’on a interdit l’entrée, l’impossibilité d’ONG de parvenir à entrer en contact avec les réfugiés et de leur faire parvenir de la nourriture, ainsi que sur une crise sanitaire très grave. La responsabilité de l’armée israélienne n’est pas seule engagée. Le Hamas et d’autres organisations palestiniennes ont délibérément tiré sur un convoi transportant de la nourriture parce qu’il cherchait à pénétrer dans Gaza par un autre point de passage que celui que souhaitait le Hamas. Le Hamas liquide également ses adversaires politiques de l’intérieur et refuse (comme Israël, ndt) d’adopter l’initiative de cessez-le-feu égyptienne. Mais tout cela ne peut pas servir d’excuse à une guerre cruelle et totale contre 1,5 million de civils palestiniens.

Hier (samedi), Israël a annoncé, en lançant des tracts depuis les airs dans des zones densément peuplées de Gaza, qu’il comptait intensifier son opération militaire. Cela suscite des inquiétudes, similaires à celles qui étaient déjà là lors de la seconde guerre du Liban : la raison de l’entrée en guerre a été oubliée pour être remplacée par le désir illusoire de renverser le régime du Hamas dans la bande de Gaza. Si, il y a quelques années encore, l’opinion criait sa protestation après le bombardement d’une maison à Gaza et la déclaration de l’ancien pilote, puis chef d’état-major Dan Haloutz, qui avait dit qu’il n’avait ressenti qu’un « léger frémissement de l’aile » en larguant ses bombes sur une maison, aujourd’hui, elle réagit avec indifférence, voire avec satisfaction, aux souffrances infligées aux Palestiniens.

Les leçons des guerres précédentes, quand l’armée avait détruit des infrastructures et des maisons de civils, sans pour cela gagner l’accalmie qu’elle recherchait, n’ont pas été tirées. Les justifications apportées par Israël en agissant contre les lanceurs de roquettes sont de plus en plus mises à mal ces deux dernières semaines. La légitimité et la compréhension dont a brièvement joui Israël ont fondu au milieu des images de mort et de destruction. Israël est accusé de crimes de guerre. Il faut que cette guerre soit immédiatement remplacée par la voie diplomatique et des accords qui, seuls, mettront fin aux fantasmes et aux illusions des deux côtés.