Le cabinet de sécurité israélien a finalement décidé jeudi d’élargir l’autorisation de tirs à balles réelles par les forces de sécurité contre les lanceurs de pierres. D’autres mesures répressives ont également été annoncées, dont la presse a rendu compte.

On sait que celà intervient dans un contexte de forte tension et de multiplication des incidents, en particulier à Jérusalem. On se souvient par ailleurs qu’un Israélien de 65 ans, Alexander Levlovitz, s’était tué après avoir perdu le contrôle de sa voiture il y a deux semaines environ, suite à des jets de pierres. Il est incontestable que les pierres sont dangereuses et peuvent être mortelles. Ces mesures cependant posent question.

Pour preuve, le conseiller juridique du gouvernement, Y. Weinstein, s’est montré, on le sait, plus que réticent à leur adoption – considérant que l’arsenal répressif actuel était suffisant, sous réserve de quelques adaptations. N’avait-il pas autorisé récemment l’utilisation à Jérusalem-Est des fusils Ruger, capables de neutraliser sans être aussi mortels que des armes plus lourdes? Des responsables de la sécurité s’étaient également inquiétés des effets contre-productifs de ces mesures. L’augmentation du nombre de victimes qu’elles étaient susceptibles d’entraîner n’allait-elle pas provoquer davantage de tensions et d’incidents, enclenchant l’escalade de la violence?

Le plus étonnant dans les mesures annoncées est ce dont elles ne parlent pas. Le politique est le grand absent – comme si le gouvernement oubliait que ne pas s’attaquer aux causes, et les ignorer même, risque de préparer un avenir plus sombre encore. Comment croire que sans ouverture politique porteuse d’espérance, sans mettre fin à la discrimination et aux inégalités en matière de développement et de conditions de vie entre quartiers arabes et juifs à Jérusalem, un calme durable puisse être rétabli?

L’enseignement de Rabin est plus que jamais d’actualité. Adapter sa célèbre formule revient à dire que l’on doit réprimer la violence (et celle des colons également…) sans considérations politiques, tout en mettant simultanément la politique en œuvre sans s’arrêter aux manifestations de violence.

Dans ce qui vient d’être décidé, où est le politique? Où sont les mesures positives?

À force de n’avancer que sur une jambe, la chute est plus que prévisible. À moins que….