Le 15 juillet dernier, nous mettions en ligne sur ce site la traduction d’un article * détaillant la proposition de Shaul Mofaz pour sortir du conflit.

Un plan économique insuffisant s’il ne s’assortit pas, outre de nécessaires accords de sécurité, d’un règlement politique sur la base de la solution “deux peuples deux États” entre Israël et une Palestine démocratique et réunifiée, écrit ici Gershon Baskin.


La proposition de cessez-le-feu formulée par Shaul Mofaz gagne du terrain – et ce pour de bonnes raisons. Mofaz propose d’user pour désarmer Gaza d’un mécanisme international du type de celui mis en œuvre par les instances internationales pour ôter à la Syrie ses armes chimiques (ce qui exigeait l’approbation de l’UNSC). Il propose en échange un fond international pour la reconstruction de Gaza d’un montant de 50 billions de dollars. Ce chiffre provient d’un rapport du gouvernement canadien sur les besoins de Gaza en termes de développement. Mofaz a raison à 100% de réaliser qu’il nous faut répondre aux véritables problèmes de Gaza, où les jeunes gens aujourd’hui n’ont aucun motif d’espoir en un avenir meilleur.

Le principal élément absent du plan Mofaz est le pan politique. Ce côté politique consiste évidemment à renouer des négociations authentiques en vue d’une solution à deux États intégrant de nouveau Gaza dans la Palestine, et à ce que ces négociations conduisent à des accords sur [l’existence] de deux États pour deux peuples et sur la fin de l’occupation israélienne. Sans le pan politique du plan, ses autres parties ne marcheront pas. Les droits politiques du peuple palestinien à l’autodétermination doivent être traités avec le respect qui leur est dû et mis en œuvre au moyen d’accords de paix.

L’actualité et les suites immédiates de cette guerre ont mis en lumière le fait que la vraie menace stratégique pour Israël n’est pas les roquettes mais les tunnels. À en croire un rapport des services de renseignement américains, les Israéliens sous-estiment le nombre des tunnels qui conduisent en Israël. Ces tunnels constituent pour Israël une méga-menace et doivent être supprimés. (Peut-être que les Palestiniens de Gaza ont commencé à percer un tunnel de Gaza à la Cisjordanie, et qu’un traité de paix pourrait épargner de grandes dépenses lors d’un possible raccordement des deux parties de l’État palestinien!) Le tunnel découvert hier et menant au kibboutz Nir-Am est à 200 mètres de la maison de mon neveu, sa femme et leurs deux enfants – mais il ne s’agit pas d’une affaire personnelle, cela affecte la sécurité de l’État d’Israël.

Un cessez-le-feu peut intervenir maintenant, et un plan être dans ce cadre soumis et accepté, voire imposé si nécessaire – un plan qui réglerait la question des tunnels même une fois la guerre finie. Une zone-tampon de plusieurs centaines de mètres le long de la frontière entre Gaza et Israël pourrait être mise en place pour une période définie. Des équipes internationales encadrées par les États-Unis, avec l’aide d’Israël et d’autres [nations], pourraient utiliser des sismographes ou n’importe quelle autre technologie pour détecter et détruire les tunnels. Si aucun moyen technique approprié n’existait ou n’avait de succès, on pourrait creuser un fossé de 30 mètres de profondeur tout le long de la frontière pour trouver et détruire les tunnels. Cela doit être fait et être part de tout accord de cessez-le-feu.

Les accords de cessez-le-feu devraient s’intéresser à l’ensemble de trois choses qui changeront la vie à Gaza et en Israël : [l’élément] politique, la sécurité et l’économie. Il est également important que le gouvernement de réconciliation nationale ait le pouvoir de faire en sorte que de nouvelles élections puissent être organisées afin que le peuple palestinien choisisse qui ils veulent pour dirigeants dans les années à venir. Je crois que si un processus s’instaurait qui comprenne ces trois éléments (politique, visant à la fin de l’occupation; économique, concernant la reconstruction et le développement de Gaza et de la Cisjordanie; et de sécurité, quant au désarmement de Gaza et à des accords conjoints israélo-palestiniens de sécurité en vue de la paix) le peuple palestinien élirait un gouvernement qui le mènerait à la paix, tandis que le Hamas se verrait réduit à une petite force insignifiante en Palestine.


* “Subventions versus démilitarisation”:

[->http://www.lapaixmaintenant.org/Subventions-versus]