Yediot Aharonot, 2 avril 2008

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Mahmoud Ahmadinejad, président de l’Iran, mène dans notre région une politique étrangère problématique, ou paradoxale pour être plus précis. En voici deux exemples :

Premier exemple : l’occupation de trois îles arabes par la République islamique d’Iran, la Grande Tunb, la Petite Tunb et Abou Moussa, qui toutes trois appartiennent aux Emirats Arabes Unis. En dépit des appels répétés du petit Etat du Golfe à en finir avec cette occupation et à rendre ces îles à ses vrais propriétaires, les dirigeants iraniens refusent pour des raisons variées, voire étranges.
Mais une occupation reste une occupation, et l’on ne peut séparer l’occupation par Israël de terres arabes de l’occupation iranienne. Ceux qui exigent d’Israël d’en finir avec l’occupation des territoires palestiniens ne sont pas en droit de le faire pour des raisons politiques et morales, tant qu’eux-mêmes occupent des territoires qui appartiennent à d’autres.

Deuxième exemple : depuis son arrivée au pouvoir, le président iranien ne manque pas une occasion d’attaquer Israël. Il répète devant tous les micros qui lui sont offerts qu’il fera tout pour effacer l’Etat juif de la carte.
Ces déclarations sont des insultes à l’intelligence. Il faudrait faire comprendre à Ahmadinejad et à son groupe d’amis vociférants que le peuple palestinien, qui souffre de l’occupation israélienne depuis plus de 40 ans, en a assez de cette rhétorique. Non seulement ses déclarations nuisent très gravement à la cause palestinienne, mais elles servent aussi la propagande israélienne dans le monde.

Le point le plus important à souligner du point de vue des Palestiniens est que nous ne souhaitons ni effacer Israël de la carte, ni l’exterminer. Nous avons accepté son existence et avons admis ce fait historique. Ce que nous souhaitons, c’est créer, non pas un Etat d’ayatollahs, mais un Etat palestinien laïque et démocratique, à côté de l’Etat d’Israël, avec Jérusalem Est pour capitale, et une solution équitable au problème des réfugiés, en conformité avec les résolutions des Nations unies.

M. Ahmadinejad, s’il vous plaît, arrêter de vendre au peuple palestinien vos illusions et vos tromperies. Le peuple palestinien a le devoir moral et politique de contrer les tentatives iraniennes actuelles qui tendent à créer un fossé entre les organisations palestiniennes. Ils doivent se souvenir de l’ironie de la chose : ils sont le seul peuple au monde à ne pas avoir d’Etat mais deux gouvernements.

Dernier exemple de politique paradoxale : la visite d’Ahmadinejad en Irak il y a quelques semaines. Les commentateurs ont qualifié d’historique cette première visite d’un président iranien en Irak, pays arabe occupé par l’ennemi n° 1 de l’Iran, les Etats-Unis. Comment expliquer cette contradiction dans la politique étrangère iranienne ? Un président iranien rend visite à un pays qui subit une occupation américaine, et dont les nouveaux dirigeants ont été nommés avec l’accord du gouvernement américain et ne peuvent pas mener une politique indépendante vis-à-vis de Washington.

Alors, il faut demander à M. Ahmadinejad haut et fort : le chemin des canaux, ouverts ou secrets, avec l’administration américaine passe-t-elle par les dirigeants irakiens, qui coopèrent avec vos ennemis les plus farouches aux Etats-Unis ? Autre question à laquelle on ne peut échapper : Cette visite résulte-t-elle de l’histoire chiite en Irak et en Iran ? Et comment les dirigeants iraniens peuvent-ils soutenir les chiites irakiens, qui ont fait alliance avec l’occupant américain, tout en soutenant le Hezbollah qui combat les Etats-Unis et Israël ?

Toute personne sensée aboutira à la conclusion que le conflit historique entre les nations perse et arabe n’est pas terminé. L’Iran fait tout pour diviser la nation arabe qui, de plus, ne manque pas de conflits secondaires. La preuve en est la décision de l’Egypte et de l’Arabie saoudite de n’envoyer au récent sommet à Damas que des diplomates de second rang, alors que l’Iran était représenté par son ministre des affaires étrangères.