Ha’aretz, 21 mai 2008

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Le point de désaccord essentiel entre les positions israéliennes et syriennes réside dans l’exigence formulée par Damas d’un retrait d’Israël sur les lignes du 4 juin 1967 (« ligne Verte »), alors que pour Jérusalem, ce retrait doit s’effectuer sur la frontière internationale.

A première vue, il ne s’agit que de quelques centaines de mètres, mais le point de friction est que les Syriens veulent récupérer une langue de terre qui atteint la rive nord-est du lac de Tibériade, leur permettant ainsi d’y « tremper les pieds ».

Les contacts officieux entre les deux parties via une médiation suisse, qui avaient duré jusqu’en été 2006, avaient débouché sur un accord [Voir les [détails de cet accord, avec carte ]] selon lequel la zone se trouvant entre les lignes de 1967 et la frontière internationale ferait partie d’un « parc de la paix » qui couvrirait tout le plateau du Golan. Les Syriens avaient alors accepté que les Israéliens puissent visiter librement ce parc pendant la journée sans avoir à formuler une demande particulière.

Entre-temps, le président syrien Bachar Assad a exigé qu’Israël respecte un engagement pris par Itzhak Rabin auprès des Etats-Unis, où il promettait que, si toutes les autres exigences d’Israël étaient acceptées, Israël se retirerait sur les lignes de 1967.

Les pourparlers entre les deux parties vont aborder une série de questions dont toutes joueront un rôle dans le succès de la négociation, à des degrés divers.

LES RESSOURCES EN EAU : la Syrie, qui souffre de déficit en eau, a dit récemment à l’ancien président américain Jimmy Carter qu’elle était prête à s’engager à ne pas puiser d’eau du lac de Tibériade (principale réserve d’eau pour Israël, ndt), mais qu’elle souhaitait une aide financière pour créer des usines de désalinisation ainsi qu’un engagement de la part de la Turquie qui fournirait la Syrie en eau.

EVACUATION DES COLONIES : lors de contacts précédents entre Israël et la Syrie, un désaccord est apparu sur le calendrier de l’évacuation des colonies israéliennes sur le Golan. Israël demandait une période de 15 ans, la Syrie envisageait plutôt 10 ans.

LES LIENS DE LA SYRIE AVEC L’IRAN, LE HEZBOLLAH ET D’AUTRES GROUPES PALESTINIENS, DONT LE HAMAS : Israël a insisté pour que la Syrie s’engage par avance à rompre ses liens avec ces parties. Damas a soutenu que cette question devrait être mise sur la table des négociations et qu’elle ferait partie de toutes les questions à négocier. De façon générale, la Syrie a toujours refusé toute condition préalable aux discussions.

IMPLICATION DES AMERICAINS : la Syrie s’en tient à sa demande d’une implication des Etats-Unis dans les négociations et souhaite les voir modifier son attitude envers Damas, dont l’inclusion de la Syrie par le président Bush dans « l’axe du mal ».

DEMILITARISATION DU TERRITOIRE SYRIEN À L’EST DE LA FRONTIERE MUTUELLEMENT AGREEE : la Syrie avait auparavant exigé qu’Israël crée lui aussi une zone démilitarisée. Aucun accord n’est encore intervenu sur l’étendue de ces deux zones démilitarisées.

NORMALISATION DES RELATIONS : la Syrie a soutenu une résolution de la Ligue arabe adoptée en 2002 lors de la conférence de Beyrouth. Celle-ci évoquait une normalisation des relations du monde arabe avec Israël en échange d’un retrait complet des territoires arabes conquis en 1967. On ignore si la Syrie accepterait de normaliser ses relations avec Israël avant que celui-ci ne cède la Cisjordanie et Jérusalem Est dans le cadre d’un accord de paix avec les Palestiniens.

LA LOI D’ANNEXION DU GOLAN : en 1981, une loi annexant le Golan a été adoptée par la Knesset. Cette loi pourrait aujourd’hui rendre plus difficile pour le gouvernement israélien d’obtenir l’approbation de la Knesset, pour l’évacuation des colonies comme pour le retrait territorial. En leur temps, Rabin et Barak s’étaient engagés à soumettre un quelconque accord sur le Golan à un référendum.