L’engagement de longue date de préserver le “pacte de sang” entre l’État d’Israël et ses citoyens druzes est en voie d’exploser du fait de la stratégie israélienne d’intervention minimale dans la guerre civile en Syrie.


Plus de quatre années durant, la communauté druze de Syrie s’est arrangée pour éviter l’engluement dans la guerre civile qui y fait rage. Tandis que d’autres se trouvaient en première ligne et que de plus petites, comme les minorités Yazidi et chrétienne, étaient fréquemment massacrées par les extrémistes sunnites, les Druzes – bien que perçus comme solidaires du régime d’Assad et contraints d’envoyer leurs fils servir dans son armée, n’ont jamais attiré l’attention meurtrière des factions sunnites les plus extrêmes, telles que Daesh ou le front Nusra, lié à Al-Qaïda.

Ce répit temporaire a connu son terme le mois dernier. La majeure partie de la communauté druze de Syrie se situe dans le djebel druze, au sud du pays, près de la frontière jordanienne. L’effondrement de l’armée d’Assad dans la région a conduit depuis l’ouest à des attaques de la part des rebelles du front sud, dont Nusra, tandis que Daesh resserre son emprise à l’est.

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Un drame de plus petite échelle se déroule dans une enclave druze, au village de Kadr – adjacent à la frontière israélienne. Les forces d’opposition ont maintenant pris là deux positions de l’armée syrienne, à 1,5 km du village. Les combats ont lieu sous les yeux des Druzes du côté israélien de la frontière, de plus en plus inquiets pour le sort de la population druze de Khadr.

Cela fait des mois que les dirigeants de la communauté druze d’Israël font part au gouvernement de leur préoccupation quant à ce qui pourrait arriver à Khadr et au djebel druze. La position du cabinet Netanyahu est claire: Israël n’enverra pas de forces militaires au djebel druze, éloigné de ses frontières; mais il a fait appel aux États-Unis, leur demandant de porter assistance, avec la Jordanie qui le fait déjà, aux Druzes qui y vivent.

La situation de Khadr est perçue comme plus urgente en raison de sa proximité avec Israël. Le chef d’état-major Gadi Eisenkot a annoncé mardi qu’Israël n’attendrait pas sans rien faire si un massacre s’y produisait.

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Il n’en reste pas moins que l’engagement de longue date par Israël de préserver le “pacte de sang” entre l’État et ses citoyens druzes, qui en a conduit des milliers à servir dans les forces de sécurité de la nation, est en voie d’exploser du fait de la stratégie israélienne d’intervention minimale. Laquelle inclut une politique à profil bas d’assistance aux civils près de la frontière, mais aucune participation directe aux combats dans un pays voisin.

La situation à Khadr est-elle aussi critique qu’on le peint? Il est clair que les Druzes israéliens sont inquiets pour leurs proches de l’autre côté de la frontière, alors que les combats se font de plus en plus proches. Pour le moment, ils n’ont pas atteint le village. Il se peut que les rebelles aient tenu compte des avertissements israéliens de ne pas y pénétrer. La lutte des Druzes d’Israël pour les habitants de Khadr s’est faite plus visible il y a deux jours lors de la clôture [par les forces de sécurité] de la zone proche de la frontière, de crainte de dérapage d’une manifestation prévue à cette endroit.

Des rebelles extrémistes peuvent bien voir les Druzes comme des infidèles, mais ils ont conscience qu’une attaque du village se heurterait à une vive résistance et à une éventuelle intervention d’Israël – en dépit de ses déclarations.