Pourquoi tant de fureur de la part des États-Unis et de l’Europe à propos des constructions annoncées par Israël en zone E-1 ? Ha’aretz présente une série de questions-réponses sur le zone controversée entre Jérusalem et l’implantation de Ma’aleh Adoumim.


• E-1, c’est quoi ?

E-1 est une zone de 12 km2 (à titre comparatif, la superficie de Ramat-Gan est de 13 km2, celle de Lod de 12 km2) qui s’étend au nord et à l’ouest de Ma’aleh Adoumim. Au plan municipal, E-1 appartient à Ma’aleh Adoumim.

• À qui ces terres appartiennent-elles ?

Elles ont été déclarées « terres d’État ». Une autre partie a été réquisitionnée au profit de Ma’aleh Adoumim dans les années 70. La zone comporte également des terres palestiniennes.

• Quels sont les plans de l’État concernant cette zone ?

Il y a un plan de construction global dont découlent 5 plans qui concernent les habitations (2 plans), l’industrie, l’hôtellerie, les ressources aquifères. Concernant les habitations, 1 250 unités sont prévues au sud de la zone, 2 400 autres à l’est. La partie industrielle devrait occuper un terrain de 1 340 dounam ( 1 dounam = 1 000 m2). 10 hôtels sont prévus dans la zone hôtelière, regroupant 2 152 chambres et 260 unités d’habitation.

• Où en est ce projet ?

Chacun de ces 5 projets a un statut particulier, mais tous sont « gelés » depuis 2005.

• Que s’est-il passé en 2005 ?

En 2004, les Palestiniens se sont plaints de l’avancée du programme et, suite au lancement de travaux d’infrastructures de grande ampleur par le ministère de la Construction, Condoleezza Rice, à l’époque conseillère à la sécurité nationale des États-Unis, a demandé des explications à Israël. Dov Weissglass, chef de cabinet et représentant spécial d’Arik Sharon, alors Premier ministre, prit l’engagement qu’Israël cesserait de construire et, en 2005, le programme a été gelé.

• Comment se fait-il que la construction ait commencé sans les autorisations nécessaires ?

En 2003-2004, le ministère du Logement, alors occupé par Effi Eytan (Likoud), a lancé de nombreuses constructions illégales en Cisjordanie, notamment à Migron et Guivat Oulpana.

• Qu’y a-t-on construit ?

Des dizaines de millions de shekels (1 shekel = 0,20 € au 8/12/2012) ont été dépensés par le ministère du Logement pour préparer les fondations des habitations en zone sud, travaux qui comprenaient la construction d’un pont au-dessus de la route n°1, d’une route à 3 voies dans chaque sens,l’alignement de la montagne, le creusement d’égouts, etc…

À qui servent ces infrastructures ?

Un poste de police a été installé au sommet de la montagne. Les policiers utilisent cette route. Tout le reste de la zone est désert.

• Est-ce que la droite est dans le vrai lorsqu’elle prétend que c’est Yitzh’ak Rabin qui a poussé à construire dans cette zone ?

Oui. En 1994, le gouvernement, dirigé par Yitzh’ak Rabin, a commencé la planification de cette zone.

• Qu’en est-il de l’assertion selon laquelle construire dans cette zone est indispensable pour assurer une continuité territoriale entre Jérusalem et Ma’aleh Adoumim ?

C’est inexact. Il n’est pas possible de créer une continuité entre Jérusalem et Ma’aleh Adoumim car il y a une ceinture de villages palestiniens, dont Anata, Az Za’ayyem, Elazariya… qui sépareront ces 2 villes même en cas de construction de la zone E-1.

• Et s’agissant de de la séparation de la Cisjordanie en cas de construction de la zone E-1 ?

Oui et non. Comme les Palestiniens n’ont pas le droit de rentrer dans Jérusalem, la circulation du nord au sud se fait par Azarya, Wadi Ner et Abu Dis. C’est une mauvaise route, embouteillée en permanence, qui traverse des zones peuplées et avec des dénivellation conséquentes. Logiquement, il faudrait construire une nouvelle route qui passerait en partie par la zone E-1. Israël avait d’ailleurs un projet alternatif en ce sens : construire une route qui contournerait Ma’aleh Adoumim par l’est et assurerait la jonction entre le nord et le sud de la rive occidentale.


POST-SCRIPTUM

Pour en savoir plus, on pourra utilement se reporter à un texte édité par APN (Americans for Peace Now) le 19 mai 2005 dans leur rapport bi-mensuel sur l’activité des colonies, et rédigé par Dror Etkes, alors directeur de l’Observatoire des Colonies de Shalom Akhshav :

[->http://peacenow.org/entries/archive749#.UMUOlXy9KSN]

Rapport dont nous avons traduit les dernières lignes :

Shalom Akhshav pense qu’Israël devrait cesser toute activité de colonisation dans les territoires occupés. C’est particulièrement important dans le cas de la zone E-1, du fait de sa localisation sensible. Le sort de la zone E-1 devrait être déterminé par la voie des négociations, et non par des mesures unilatérales.