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Combien de partis et d’institutions politiques, combien d’associations, combien d’individus à travers le monde ont-ils présenté leurs solutions au conflit qui enflamme le Proche-Orient depuis des décennies ? En France comme ailleurs, une quantité d’acteurs politiques y vont de leurs idées sur la façon de régler la tragédie – avec plus ou moins de lucidité. Malheureusement, la multitude de telles propositions en réduit sensiblement la portée.

Pour cette raison, les Amis de La Paix Maintenant n’ambitionnent pas de mettre au point un ultime plan de paix. De plus, nous nous refusons à nous positionner en donneurs de leçons, ordonnant à chacun ce qu’il devrait faire pour se conformer à un impératif moral qui transcenderait la raison d’Etat : indépendamment des considérations humanistes qui nous motivent, nous privilégions l’efficacité politique plutôt que l’indignation.

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A ce titre, nous voulons faire connaître et soutenir ceux qui luttent de concert dans le cadre d’initiatives conjointes en Israël et en Palestine contre la fatalité de la guerre et l’engrenage de la haine. Parce que la contribution des deux parties permet de désamorcer la méfiance, parce que les solutions qui y sont proposées prennent en compte les aspirations légitimes des deux peuples, les initiatives conjointes entre Israéliens et Palestiniens représentent à nos yeux un réel espoir. Enfin, la médiatisation de ces actions prépare les deux opinions publiques à la coexistence pacifique, marginalisant les maximalistes au profit des partisans du compromis. Deux initiatives conjointes font l’objet d’un retentissement notable. Toutes les deux sont parrainées par des personnalités de renommée mondiale.

L’initiative dite « Ayalon-Nusseibeh » ambitionne de recueillir la signature de plusieurs millions d’Israéliens et de Palestiniens, en nombre égal, autour d’une déclaration de principe dont les termes conviennent à la majorité des deux peuples. Ami Ayalon et Sari Nusseibeh misent sur la formulation des compromis que les deux peuples devront accepter pour régler le conflit. Ils envisagent leur action comme un mouvement populaire qui résonnera dans les milieux politiques. Ami Ayalon a été responsable du Shin-Beth, le service de sécurité intérieure israélien. Son expertise dans la lutte anti-terroriste peut convaincre une large majorité d’Israéliens que l’établissement d’un Etat palestinien indépendant et le retrait des colonies sont une condition nécessaire en vue de mettre fin, sur le long terme, au terrorisme. Sari Nusseibeh, quant à lui, a été représentant de l’OLP à Jérusalem – chargé de défendre les intérêts du peuple palestinien auprès des Israéliens – et recteur de l’Université Al-Quds. Son expérience auprès des Israéliens l’a amené à constater avec pragmatisme que l’insistance des Palestiniens concernant le retour des réfugiés de 1948 en territoire israélien est un obstacle à toute avancée politique.

Parallèlement à cette initiative à vocation populaire, Yossi Beilin, ex-ministre israélien de la justice, et Yasser Abed Rabbo, ex-ministre palestinien de l’information et actuel ministre sans portefeuille au sein du nouveau gouvernement de Mahmoud Abbas, ont poursuivi, malgré la reconduction d’Ariel Sharon au poste de Premier Ministre, la rédaction d’un plan de paix détaillé. Dans la suite logique des pourparlers de Taba qui se sont tenus en 2001 durant les derniers instants du gouvernement Barak, les deux hommes sont parvenus à se mettre d’accord sur un long document de qualité juridique, formant ainsi les fondations de tout accord définitif.

Dans le contexte actuel où le conflit ne connaît pas de trêve et où les lanceurs d’anathèmes tiennent le haut du pavé, ces initiatives conjointes nous rassurent sur l’avenir de la région : malgré les bombes humaines et les revendications inconséquentes, malgré les représailles sanglantes et la colonisation des territoires, tout n’est pas sordide au Proche-Orient. La paix est encore possible. Elle est, en dépit des apparences, à portée de main.

La déclaration Ayalon-Nusseibeh est en ligne sur le site : [->http://www.mifkad.org.il]