Ha’aretz, 3 novembre 2008

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Jeudi dernier, le Hamas a libéré de prison 17 membres du Fatah en signe de bonne volonté avant la prochaine réunion au Caire, où toutes les factions palestiniennes sont censées signer un accord-cadre de réconciliation. Cependant, les observateurs palestiniens sont partagés sur la question de savoir si cet accord conduira réellement à une réconciliation et à la formation d’un gouvernement d’union nationale qui comprendrait le Fatah et le Hamas, de Cisjordanie et de la bande de Gaza.

Ce même jeudi, le président Mahmoud Abbas a annoncé qu’il dirigerait personnellement la délégation du Fatah au Caire, signe apparent d’une intention sérieuse de parvenir à un accord. Mais, en privé, des représentants du Fatah disent que l’objectif principal du Fatah est d’éviter d’être accusé de faire capoter la réconciliation. Le Fatah, disent-ils, n’a aucunement l’intention d’intégrer le Hamas dans un gouvernement d’union, et encore moins de l’intégrer dans les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, forces actuellement occupées à l’arrestation de membres du Hamas partout en Cisjordanie.

Pour sa part, le Hamas paraît peu enthousiaste à l’idée de renoncer à son contrôle total sur Gaza, et il est certain qu’il n’acceptera pas de démanteler sa branche armée. De fait, il a explicitement affirmé qu’il n’accepterait pas les propositions égyptiennes en l’état.

Ainsi, il semble que, pour le Fatah comme pour le Hamas, la préoccupation principale soit d’accuser l’autre pour l’échec des pourparlers. Tous les deux parapheront probablement le document égyptien, qui appelle à un gouvernement d’union nationale à Gaza et en Cisjordanie, à des élections (législatives et présidentielle) anticipées et une refonte complète des services de sécurité de l’Autorité palestinienne. Mais il est fort peu probable que ce programme soit appliqué à échéance un tant soit peu prévisible.

D’un point de vue technique, le plus gros problème est la réforme des services de sécurité. Comment un nouveau gouvernement fera-t-il pour former de nouveaux services qui remplaceront ceux qui sont opèrent en ce moment en Cisjordanie et à Gaza ? Que faire des milliers de membres du Hamas enrôlés aujourd’hui dans des organisations paramilitaires à Gaza ? Selon la proposition égyptienne, 5 commissions composées de membres du Hamas et du Fatah décideront de ces questions. Mais le Fatah craint que diable ne se niche dans les détails et que le Hamas n’essaie de noyer le sujet par des discussions sans fin.

Al-Ayyam, quotidien palestinien affilié au Fatah, rapportait ce week-end que l’Egypte comptait fixer un délai d’un mois au travail de la commission, et que si aucun accord n’intervenait à cette date, la Ligue arabe publierait alors un communiqué officiel attribuant la responsabilité de l’échec à l’une ou à l’autre des organisations. Mais il est difficile d’imaginer les pays arabes, qui s’interdisent en général tout jugement spectaculaire et univoque, faire une exception pour ce cas-ci. Condamner le Hamas serait le pousser encore plus dans les bras de l’Iran. Condamner le Fatah saperait définitivement la légitimité d’Abbas dans les territoires palestiniens.

Cela dit, le gel du processus diplomatique dû aux prochaines élections en Israël pourrait conduire Mahmoud Abbas à décider d’une réconciliation historique avec le Hamas. Dans ce cas, la Cisjordanie et Gaza se retrouveraient réunifiées sous un gouvernement d’union, et Israël serait face à un choix difficile : rompre ou non les relations avec ce gouvernement.