Ha’aretz, 2 juin 2009

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Les Etats-Unis mâcheront moins leurs mots que les administrations précédentes quand il s’agira de faire état de leur opposition à la politique de colonisation d’Israël dans tes territoires palestiniens, a déclaré lundi le président Obama à la radio publique NPR.

« Etre de bons amis, c’est aussi être francs », a dit Obama. « Et je pense que, en certaines occasions, nous n’avons pas été aussi honnêtes que nous aurions dû l’être sur le fait que la direction actuelle, la trajectoire actuelle prise dans la région, est profondément négative, non seulement pour les intérêts d’Israël mais aussi pour les intérêts américains. Nous devons constamment avoir à l’esprit que les négociations qui mèneront à la paix sont possibles, et j’ai dit que le gel de la colonisation en faisait partie. »

Interrogé sur le refus d’Israël de s’engager à un gel complet de la colonisation, le président à dit qu’il était encore trop tôt pour décider des mesures que son administration allait prendre pour faire pression sur Jérusalem. « Nous allons avoir une série d’entretiens. Je pense que, sur le plan stratégique, le statu quo est intenable s’agissant de la sécurité d’Israël. Avec le temps, en l’absence de paix avec les Palestiniens, Israël continuera d’être menacé militairement et aura d’énormes problèmes à ses frontières. »

Lundi, les tensions entre l’administration Obama et le gouvernement de Benjamin Netanyahou étaient proches d’un niveau de crise après que plusieurs représentants américains ont durement critiqué le premier ministre et sa politique concernant les colonies. « Il semble que les Israéliens aient voulu vérifier si nous étions sérieux sur les colonies, et ils se sont rendu compte que nous l’étions », nous a dit un diplomate américain haut placé. « Cela n’a rien à voir avec le discours du Caire, et cela restera notre position après le discours du Caire, car nous pensons que cela est conforme à la sécurité d’Israël sur le long terme. »

La nuit dernière, le ministre de la défense Ehoud Barak a rencontré à New York l’émissaire spécial des Etats-Unis au Moyen-Orient, George Mitchell. Celui-ci a affirmé à Barak que les Américains ne souhaitaient plus revenir aux accords informels entre les gouvernements Sharon puis Olmert et l’administration Bush, accords qui avaient permis la poursuite de la colonisation (cf. [->http://www.lapaixmaintenant.org/article743]).

Mitchell a dit que l’administration américaine n’appréciait pas le refus du gouvernement Netanyahou de reconnaître le principe de deux Etats pour deux peuples. Il a également souligné que les Etats-Unis n’acceptaient pas le concept de « croissance naturelle » pour les colonies (cf., entre autres, l’article sur Ma’oz Esther ). « Nous n’avons rien entendu de la part de l’administration Bush sur ces soi-disant accords avec Israël sur les colonies – probablement des accords oraux entre différents interlocuteurs », dit un haut diplomate américain. « Mais nous n’en savons rien, et il n’y a absolument aucun accord officiel entre nos deux gouvernements. Les Israéliens veulent que nous respections des accords oraux dont nous n’avons jamais entendu parler, mais dans le même temps, ils refusent de respecter des accords écrits et signés par leur gouvernement, comme la Feuille de route et l’engagement envers la solution à deux Etats (Annapolis, ndt). »

Ce désaccord sur les accords oraux concernant les colonies a provoqué un incident embarrassant à Londres, lors d’une rencontre entre Mitchell, le vice-premier ministre israélien Dan Meridor et un certain nombre de conseillers de Netanyahou. Les Israéliens ont fait valoir qu’il existait une lettre entre George W. Bush et Ariel Sharon, où il apparaissait que les blocs de colonies demeureraient entre les mains d’Israël, et qu’en conséquence, la construction y était permise. Mitchell a alors montré aux Israéliens qu’une partie du texte parlait du principe de deux Etats. « Cela aussi est écrit dans la lettre – êtes-vous aussi d’accord avec ça ? »

En dépit de pressions américaines de plus en plus fortes, mises également en lumière à la suite d’une révélation du New York Times selon laquelle les Etats-Unis auraient l’intention de mettre fin au soutien systématique à Israël aux Nations unies [Ces informations (non démenties) évoquent de possibles sanctions contre Israël pour le forcer à cesser toute construction dans les colonies, dont la fin de la politique du veto américain systématique lors de résolutions des Nations unies défavorables à Israël, ou encore un réexamen de garanties bancaires. L’article précise que l’Union européenne, de son côté, pourrait durcir sa politique commerciale vis-à-vis des produits en provenance des colonies ([ – en anglais).]], Netanyahou continue d’affirmer qu’il refusera tout gel total de la construction dans les colonies. Lors d’une réunion de la commission parlementaire de la Knesset pour les affaires étrangères et la défense, Netanyahou a dit : « Nous accepterons de ne plus conquérir de territoires supplémentaires, mais pas de geler la vie dans les colonies. »