Yediot Aharonot, 3 janvier 2009

[->http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3798920,00.html]

Traduction : Yoël Amar pour La Paix Maintenant


Dieu merci. Nous pouvons annoncer la construction de 3000 nouveaux logements
en Cisjordanie, la poursuite des chantiers à Jérusalem Est et la garantie «
d’une vie normale » aux colons. Nous avons obtenu le quitus de la Secrétaire
d’Etat Hillary Clinton après le refus d’Israël de geler la construction
d’implantations (une erreur historique), nous sommes convaincus que Mahmoud
Abbas traversera sans difficultés les élections palestiniennes, et on
continue dans notre attitude « business as usual ».

Netanyahou est satisfait. Il a une coalition stable et disciplinée, il n’y a
pas de crise en vue dans la relation israélo-américaine, et, le plus
important, sa volonté d’affirmer son adhésion à une solution à deux Etats a
fait de lui un membre du « camp de la Paix ». Il continue même à citer son
discours de l’Université Bar-Ilan comme s’il avait découvert que la terre
n’était pas plate, ce que tous pensaient jusqu’alors.

Il est difficile de croire que les choses vont si bien. Les Etats-Unis ont
abandonné l’exigence d’un gel de la colonisation et laissé Abbas insister
pour qu’un tel gel soit un préalable aux négociations, tandis que
Netanyahrreu ne présente aucune exigence préalable. Hillary Clinton
rencontre Avigdor Lieberman, ministre des affaires étrangères, comme s’il
s’agissait de Moshe Sharett ou d’Abba Eban (anciens ministres travaillistes des affairesn étrangères, réputés comme ayant été « colombes » – ndt). Elle sourit, serre des mains,
va parler aux caméras de télévision mais sait que Lieberman peut dire tout
ce qu’il veut sur ses conseils au premier ministre concernant les
Palestiniens, le rapport Goldstone etc. Elle sait que Netanyahu écoutera
attentivement et que cela se terminera en éclat de rire quand Lieberman aura
quitté la pièce.

Donc le monde entier est contre nous. La belle affaire ! Il l’a toujours été
et il le sera toujours, même si nous faisons la paix. La Grande-Bretagne
bloque notre demande d’intégration à l’OCDE, l’Europe refuse d’acheter des
produits provenant des territoires occupés, nous avons des prises de bec
avec la Norvège et la Suède, nos relations avec la Turquie sont au plus bas
et l’émirat de Bahreïn prépare une loi interdisant toute relation avec des
Israéliens. Et alors ? On a connu pire, et, après tout, on a même déjà
triomphé d’un pharaon.

Et si, Dieu nous en préserve, Abbas acceptait de négocier sans exigences
préalables ? Ou s’il acceptait un compromis sur la question des
implantations ? Pas la peine de s’alarmer à ce sujet pour l’instant

Et si Abbas venait à accepter de négocier ?
Nous pouvons formuler notre politique sur la base des refus habituels de
ceux d’en face. On pourra aussi chanter les louanges de la politique
d’apaisement vis-à-vis de l’Iran basé sur le postulat qu’Ahmadinedjad
n’acceptera aucune proposition. Et si Abbas décide de reprendre les
négociations, on pourra toujours dire non sur Jérusalem ou sur le problème
des réfugiés, faire l’union sacrée et jeter la responsabilité de tout sur
les autres. Tout est affaire de communication ! Un autre discours à l’ONU ou
à Bar-Ilan pourra résoudre le problème.

Et si, Dieu nous en préserve encore, nous assistons à une nouvelle explosion
de violences résultant de l’impasse diplomatique actuelle ? La violence est
le meilleur ciment de notre unité nationale. Nous ferons face à la violence
ensemble, et nous verrons peut-être Kadima entrer au gouvernement sans même
un accord technique sur une rotation au poste de premier ministre. Au pire,
on ajoutera un troisième banc pour les membres du gouvernement à la Knesset.
Quelqu’un criera au gaspillage mais on l’oubliera.

Et si continuer dans l’attitude « business as usual » conduit à ce qu’il y
ait une majorité de Palestiniens à l’ouest du Jourdain et à un Etat qui
n’aura de juif que le nom, même si le monde entier reconnîit son caractère
juif ? Bon, ça n’arrivera pas durant cette législature.