Par Ilan Rozenkier pour LPM

Plusieurs initiatives politico-culturelles émanant de l’Autorité palestinienne — même si elles ont été portées par d’autres pays amis — ont fait “la Une” ces derniers temps. Mises bout à bout, elles dégagent un je-ne-sais-quoi de fétide et de rance.

Inutile de revenir sur la résolution de l’Unesco concernant le mont du Temple. Nous avons déjà eu l’occasion de nous exprimer à ce sujet et de dire tout le mal que nous en pensons, sans entériner pour autant la politique des autorités israéliennes à Jérusalem-Est. Mais comme si cela ne suffisait pas, deux autres initiatives sont venues s’y ajouter. L’une concerne la déclaration Balfour, l’autre, les manuscrits de la Mer Morte.

La presque centenaire déclaration Balfour, par laquelle les Britanniques reconnaissaient le droit à l’établissement en Palestine d’un foyer national pour les Juifs, stipulait qu’il était «clairement entendu que rien ne serait fait qui puisse porter atteinte (…) aux droits civils et religieux des collectivités non juives existantes». La campagne annoncée par les Palestiniens contre la déclaration elle-même, et non contre le non-respect de la préservation des droits des résidents arabes qu’elle aurait pu invoquer, traduit une opposition de principe à la souveraineté juive sur une partie du territoire et à la légitimité de sa présence en ces lieux.

Le projet de demande de restitution des manuscrits de la Mer Morte prolonge ce fil négationniste. La demande de restitution laisse supposer que ces manuscrits ont été dérobés ou conquis au fil de l’épée. Or, ils ont été achetés il y a plus de 60 ans — avant l’occupation donc — par l’État d’Israël, et ils traitent de l’histoire du peuple juif. Rien à voir avec la présence d’éléments archéologiques se trouvant aux musées du Louvre, au British Museum ou au Pergamon de Berlin, dont les États propriétaires réclament parfois le retour. Si telle momie égyptienne n’a pas de lien particulier avec Londres ou Paris, qui peut prétendre qu’il en va de même entre les manuscrits et Jérusalem?

Au final, c’est la légitimité de la présence d’Israël dans la région et sur cette terre qui est remise en cause, et non la politique de tel ou tel gouvernement. Ce sont son histoire et son enracinement en ces lieux qui sont niés, comme s’il s’agissait d’un corps étranger, importé, donc à éradiquer.

Tout cela est sans rapport aucun avec l’occupation — que, par ailleurs, nous dénonçons. Cette lecture biaisée intentionnellement fait le jeu de la droite extrême en Israël, qui utilise ces initiatives pour réaffirmer son éternel discours: « Vous voyez bien… ils ne veulent pas de nous, il n’y a pas de partenaire…»; et de se hâter de construire, par mesure dite de rétorsion, quelques centaines d’habitations supplémentaires dans des colonies illégales ou en voie de légalisation.

On ne peut que déplorer ce pacte implicite entre les extrêmes, qui réduit l’espace restant aux forces de Paix qui œuvrent pour une solution juste et politique au conflit. Nous ne tomberons pas dans le piège de la dénonciation unilatérale. Nous poursuivrons notre combat, essentiel pour Israël, et nous dirons NON — non aux implantations; non à la poursuite de l’occupation qui délite les valeurs fondamentales du sionisme; et non à ceux qui remettent en cause la légitimité d’Israël, qu’il s’agisse des partisans du boycott ou de tel ou telle dirigeant(e)s ou instance palestinien(e)s.