Quand il est question de mettre fin à l’occupation, Nétanyahou à l’art de bercer les critiques de mots creux et vaines promesses. Sa récente proposition de discuter des limites des blocs d’implantations – destinés à rester israéliens après l’évacuation dans le cadre d’échanges de territoires entre Israël et le nouvel État palestinien – n’est, écrit ici ‘Hagit Ofran, que «le dernier avatar d’une stratégie élaborée en 1996».


La dernière proposition du Premier ministre Benyamin Nétanyahou — des négociations concernant les blocs d’implantations — n’est rien d’autre qu’une arnaque sophistiquée.

Il peut dire à ses ministres que les pourparlers sont destinés à obtenir des Palestiniens qu’ils laissent opérer plus de constructions dans les implantations sans fonder un État palestinien ni mettre fin à l’occupation.

Il peut également présenter cette initiative à l’opposition et aux amis d’Israël à l’étranger comme des négociations sur les futures frontières entre Israël et un État palestinien. De fait, cela vise à acheter le calme à l’intérieur et à l’étranger sans avoir à en acquitter le prix politique.

L’expérience a montré que la méthode Nétanyahou suit plusieurs principes: prétendre combattre pour la paix, présenter une initiative que les Palestiniens ne peuvent en aucun cas accepter, et les en blâmer tout en créant sur le terrain des faits destinés à saboter toute chance de solution à deux États.

En conséquence du premier principe, il faut une dose de processus diplomatique, n’importe quelle sorte de négociation qui entraîne une mobilisation internationale pour lui assurer un certain succès, tout en allégeant la pression sur Israël. L’existence d’un processus diplomatique rend plus difficile à la gauche de s’opposer au gouvernement; toute opposition vient principalement de la droite [extrême]. Quand le processus avorte, l’opinion publique le perçoit comme un échec de la gauche justifiant la ligne de la droite.

En conséquence du deuxième principe, l’initiative doit sembler l’expression d’un désir sincère de parvenir à la paix. Mais elle doit être dessinée de telle sorte que les Palestiniens ne puissent l’accepter du fait de ce qu’elle signifie réellement. C’est ce qui s’est passé quand Nétanyahou est devenu chef du gouvernement pour la première fois en 1996, et a endossé les accords d’Oslo, après en avoir été le principal opposant. Il a affirmé qu’il en suivrait la voie, ajoutant un principe de réciprocité: «Ils obtiendront [des avancées] s’ils en font; s’ils n’en font pas, ils n’en obtiendront pas.»

Le principe semblait raisonnable, mais laissa à Nétanyahou la latitude de déclarer à chaque fois que les Palestiniens ne donnant rien, ils ne méritaient rien en retour. Des jets de pierres ou une proclamation incendiaire pouvaient toujours servir de prétexte à l’inaction. C’est ce qui s’est passé quand Nétanyahou a signé les accords d’Hébron avec Yasser Arafat en 1997 et le mémorandum de la Wye River en 1998. Tous deux superfétatoires, puisqu’ils traitaient de la concrétisation d’étapes intérimaires déjà objets d’un d’accord en 1995 et qu’Israël tardait à mettre en œuvre, retrait d’Hébron compris. Suivant les accords d’Oslo, les deux parties étaient censées discuter de la résolution définitive du conflit et signer un traité en mai 1999, mais jamais Nétanyahou n’entama la moindre négociation sérieuse.

En conséquence du troisième principe, quand une initiative échoue les coupables sont les Palestiniens. C’est ce qui s’est passé quand ils ont refusé de reconnaître Israël comme État juif. Nétanyahou savait que cette condition – qui sonne comme raisonnable à des oreilles israéliennes – ne saurait être acceptée en préalable par les Palestiniens. Et donc, tant que les Palestiniens la rejetteraient, Nétanyahou pourrait les dépeindre comme repoussant le processus de paix.

Une démarche du même ordre fut le gel de la construction dans les implantations dix mois durant en 2009, et le refus de prolonger cette période. Les Palestiniens refusèrent de négocier aussi longtemps que la construction se poursuivrait, de sorte que Nétanyahou put leur en faire porter le blâme.

L’offre de négociation sur les frontières des blocs d’implantation est encore un autre et semblable piège. Nétanyahou n’a jamais soumis de carte des blocs auxquels il fait référence, ayant déclaré par le passé que Hébron et Beit-El demeureraient en Israël. Si l’on suit le déroulé de la barrière de séparation, 85% des Israéliens hors des frontières antérieures à juin 1967 (Jérusalem incluse), soit 470 000 personnes, vivent dans cette sorte de blocs.

Par contraste, les blocs ne regrouperaient d’après les négociateurs palestiniens – et selon une carte produite par eux aux pourparlers d’Annapolis – que 59 % des Israéliens résidant en dehors des frontières de 1967, soit 325 000 personnes. Cela fait un différentiel de 145 000 colons et quelque 100 000 âcres.

Si le but de Nétanyahou est d’obtenir l’assentiment des Palestiniens à la continuation de la construction israélienne dans certaines implantations, sans qu’ils reçoivent aucune garantie de frontières, il ment à tout le monde. Les Palestiniens ne peuvent consentir à la construction en des lieux où elle ruine toute chance de fonder un État viable.

S’il entend débattre des frontières, le dialogue doit inclure Jérusalem-Est et les échanges de territoires. Si Nétanyahou parvient à un accord sur les frontières et sur Jérusalem, il pourra parvenir à un accord sur une solution permanente à deux États. Il serait fou de se mettre d’accord sur des frontières sans rien obtenir en retour et sans conclure le marché en totalité.

Mais Nétanyahou ne cherche pas à résoudre [le conflit]; ce n’est qu’une chausse-trappe. Un processus diplomatique est la meilleure façon d’anesthésier l’opposition. La gauche doit éviter ce piège et contrer son initiative de discussion sur les blocs d’implantations.