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Ha’aretz, 22 juin 2006

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Un Etat souverain ne peut pas accepter que des roquettes soient tirées sur son territoire, que ce soit sur Gilo, Kiryat Shmona ou Sderot. Les tirs qui frappent sans répit le nord du Néguev n’ont rien à voir avec une quelconque revendication territoriale sur Gaza, Israël s’étant retiré sur la frontière internationale. Il s’agit en réalité d’une étape supplémentaire dans le conflit entre Israël et les Palestiniens, qui parfois prend des formes violentes, chaque côté considérant la faiblesse de l’autre pour le vaincre.

Peu importe non plus quelle organisation est responsable des tirs. L’Autorité palestinienne a un gouvernement élu, dont la responsabilité est d’empêcher les attaques contre Israël à partir de son territoire.

Mais avant de décider d’une escalade du conflit, avant d’assassiner encore davantage de gens, il serait bon de tenter autre chose : parler au lieu de tirer. Peu importe qui a le plus raison, peu importe qui a commencé, avec qui parler ou même si le fait de parler a oui ou non un objectif stratégique. Même si les conditions ne sont pas encore mûres pour des négociations en vue d’un règlement final du conflit, il n’y a pas de raison logique de ne pas organiser des réunions à tout niveau possible pour discuter de la reprise d’une vie normale, des échanges de tirs, d’un cessez-le-feu. Il faut retenir les leçons du denier cycle de violences de ce conflit sans fin, avant qu’il ne se détériore encore davantage.

Il est évident que le fait de continuer à tuer des civils palestiniens, dont des enfants, n’apportera pas la sécurité aux habitants d’Israël, à court ni à long terme, tout comme les tirs de Qassam sur les civils israéliens, dont des enfants, ne promettra pas un avenir meilleur aux habitants de Gaza.

Les Palestiniens ont un gouvernement élu, un président élu, et ils doivent décider de leur côté qui doit mener un dialogue avec Israël, et de quoi ce dialogue traitera. De la part d’Israël, il n’est nul besoin de boycotter quiconque prendrait part à ce dialogue ni de poser des conditions préalables, puisque à ce stade, ce dialogue ne traiterait pas de la fin du conflit, mais qu’il s’agirait de rapprocher les parties et d’étouffer les braises qui menacent de rallumer une nouvelle guerre. Toute tentative de se parler, d’une hudna (trêve) de quelques jours ou de nombreuses années, d’un arrêt du boycott de l’Autorité palestinienne en échange d’un cessez-le-feu, d’un arrêt des assassinats ciblés en échange d’un arrêt des Qassam, ou de tout autre compromis temporaire, même s’il n’implique pas une vision jusqu’à la fin des temps, porte au moins en lui une option de modération pragmatique, et l’espoir (même s’il est ténu) d’une normalisation rampante. Et toute déception qui suivrait un échec éventuel de ces pourparlers vaudrait mieux que de compter les cadavres d’enfants.

Le désengagement, la convergence, la fin du conflit, la fixation des frontières : tout cela, ce sont de grands mots compte tenu de la situation d’aujourd’hui. D’un côté, il y a la faim et le désespoir, dont les Israéliens ignorent tout. De l’autre, il y a la peur et le désir croissant de vengeance. Il faut stopper ce cycle de la peur. C’est pour cela que les diplomates existent, qui sont capables de voir au-delà du canon du fusil : cette sorte de diplomates qui ne se contentent pas des conseils des militaires, mais qui prennent leurs propres décisions.