Ha’aretz, 24 août 2007

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


L’article en une de Ha’aretz hier [Cf. [ ]] n’a pas été apprécié au quartier général de l’Autorité
palestinienne de Ramallah. Notre article affirmait que le président Mahmoud Abbas n’avait formellement rejeté la proposition israélienne de créer un Etat palestinien dans des frontières provisoires. Au cabinet du président, on a pensé qu’il était si important de démentir l’information qu’un démenti a été publié par Abbas lui-même, en renfort de celui de Saeb Erekat, le négociateur en chef de l’OLP dans les pourparlers avec Israël.

La tempête qui a entouré l’information publiée par Ha’aretz a ressemblé à celle qu’avait provoquée l’information selon laquelle la direction de l’Autorité palestinienne empêchait activement la réouverture du passage frontalier de Rafah, entre Gaza et l’Egypte. Dans les deux cas, les dirigeants du Fatah ont craint que le Hamas ne profite de ces informations pour mener une guerre psychologique contre le Fatah. Car aussi longtemps qu’aucun check point n’est démantelé, malgré les nombreuses promesses faites à Abbas par Ehoud Olmert, toute coopération avec Israël est assimilée dans les territoires à une collaboration avec l’ennemi.

La lutte actuelle entre les Fatah et le Hamas oblige Israël à faire preuve d’un doigté particulier dans les négociations sur un accord de principes en train d’être mis au point pour le sommet régional prévu en novembre prochain. Et le Hamas ne manque aucune occasion.

Une formulation malheureuse, qui pourrait être considérée comme une concession sur un « principe sacré », pourrait condamner le sommet avant même qu’il ait lieu.

Par exemple, certains dans les territoires considèrent l’expression « Etat dans des frontières provisoires » comme une preuve de la naïveté de leurs dirigeants, dans le meilleur des cas. Avec les années, les Palestiniens ont appris que, pour les Israéliens, rien n’est plus définitif que le provisoire. Ils n’ont qu’à un jeter un coup d’œil depuis leur fenêtre pour voir les dizaines de colonies sauvages devenues colonies définitives.

D’un autre côté, Olmert sait que l’opinion publique israélienne s’inquiète du fait qu’un accord définitif avec les Palestiniens ne se révèle très rapidement comme provisoire, comme cela a été le cas concernant les accords censés mettre fin aux violences. Et si l’opinion israélienne a oublié les attentats suicides, on peut compter sur Benjamin Netanyahou pour les lui rappeler.

Afin de trouver une formule qui ferait le pont entre le provisoire et le définitif, Olmert et le vice-premier ministre Haïm Ramon ont adopté la méthode de « l’ambiguïté constructive », qui permet à chacune des parties d’avoir sa propre interprétation. Dans le cas des frontières provisoires, la formule de compromis est censée stipuler des frontières provisoires dans une première phase, mais sans qu’un Etat soit déclaré avant qu’intervienne un accord sur des frontières définitives. Olmert pourrait alors déclarer qu’il a appliqué avec succès son « plan de convergence » derrière la clôture de sécurité et tenu sa promesse de séparation entre Israéliens et Palestiniens. De son côté, Abbas pourrait faire porter à son crédit le fait de s’être débarrassé des soldats et des colons sur au moins 92% de la Cisjordanie.

Pour réussir, pareil accord nécessite deux choses essentielles : des garanties internationales et un calendrier, qui stipuleraient que si les relations de part et d’autre de la clôture sont pacifiques, Israël accordera aux Palestiniens une compensation territoriale équitable, en termes de qualité et de quantité, dans un délai défini mutuellement agréé. Le terme « équitable » permettrait à Olmert de retour chez lui de dire qu’il ne s’est pas engagé à se retirer de tous les territoires, et à Abbas de promettre que dans le cadre du règlement définitif, les Palestiniens recevront un territoire équivalent à 100% de la Cisjordanie.