Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant

Tel-Aviv, Ramallah, 28 septembre 2005


Les bureaux exécutifs de l’Initiative de Genève en Israël et en Palestine ont travaillé ensemble ces dernières semaines pour organiser une manifestation conjointe pour la paix, manifestation qui représente la majorité silencieuse des deux côtés et qui appelle à négocier un règlement définitif. Leur objectif était de souligner le fait que l’unilatéralisme doit être relégué au passé et que seul un règlement négocié entre les directions des deux peuples peut mettre fin à ce conflit. Les partenaires de Genève ont décidé d’utiliser la dynamique créée par le retrait israélien de la bande de Gaza et du Nord de la Cisjordanie pour promouvoir une solution à deux Etats.

Dans cet esprit, les QG de l’Initiative de Genève de Ramallah et de Tel-Aviv ont organisé ensemble le samedi 24 septembre une manifestation simultanée à Ramallah et à Jérusalem Ouest. Il s’est avéré que ces manifestations se sont déroulées dans le contexte d’escalade de la violence que nous avons connue ce week-end, qui offrait un contraste saisissant : la paix et le partenariat d’un côté, les attaques et les contre-attaques de l’autre.

Près de 20.000 Israéliens et Palestiniens ont participé aux manifestations, le nombre étant à peu près égal de part et d’autre. La manifestation de Ramallah a débuté plus tôt dans la soirée, suivie de celle de Jérusalem Ouest qui a attendu la fin du shabbat. L’Initiative de Genève a bâti une coalition d’organisations autour de ces manifestations : la Coalition palestinienne pour la Paix (Palestine) et la Coalition du Ruban bleu pour un Traité de paix définitif (Israël).

A Ramallah, l’un des grands moments a été sans nul doute la présence et le discours de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, dont plusieurs extraits ont été projetés et acclamés lors de la manifestation israélienne. Le président Abbas a parlé de la mission que partagent les organisations pour la paix en Palestine et en Israël, et de la nécessité d’oeuvrer ensemble pour parvenir à une paix négociée. Il a appelé à une reprise immédiate des négociations pour parvenir à une solution à deux Etats et à mettre fin à l’unilatéralisme. Il a également fermement condamné le chaos armé : « nous devons en finir avec ces parades armées et interdire l’usage des armes par les civils ». De son côté, Yasser Abed Rabbo a appelé à passer du retrait de Gaza à la fin de l’occupation et du conflit, en soulignant que les partenaires existent des deux côtés. La manifestation s’est distinguée par une absence totale d’armes et par un message sans équivoque de paix et de non-violence. Des ministres et députés de premier plan, des leaders religieux, musulmans et chrétiens, et d’autres personnalités politiques étaient présents.

A Jérusalem Ouest, Yossi Beilin a conduit la manifestation et a appelé à ne pas laisser les extrémistes des deux bords dicter leur ordre du jour. Il a condamné l’attaque de roquettes Qassam contre le sud d’Israël. En soulignant les défauts de l’approche unilatérale, il a appelé à une créer la nécessaire « coalition de la lucidité » composée des majorités des deux peuples. Le député Roman Bronfman (Meretz) a fait remarquer la forte participation d’Israéliens russophones à la manifestation : pour la première fois, cette communauté s’est mobilisée en grand nombre pour une manifestation pour la paix. Shaoul Arieli, ancien commandant de Tsahal responsable de Gaza et négociateur de Genève a montré que les intérêts israéliens étaient mieux garantis par des négociations que par l’unilatéralisme et les petits pas : « un Israël qui fait la paix est un Israël plus fort, et non plus faible ». D’autres orateurs se sont exprimés, parmi lesquels le député Issam Makhoul et des représentants de Shalom Akhshav et de mouvements étudiants. Elias Zananin et Terri Bulatta, respectivement secrétaire général et militant de la Coalition palestinienne pour la Paix, ont réussi à se rendre de Ramallah à Jérusalem Ouest et se sont adressés à la foule israélienne, qui les a accueillis par une ovation.

D’après la 2ème chaîne de télévision israélienne, « la manifestation a mobilisé beaucoup plus de monde que ce que l’on prévoyait ». Pour Ha’aretz, « avant cette date, aucune organisation n’avait réussi à organiser une manifestation simultanée israélo-palestinienne de cette ampleur et de cette nature ». Al-Jazira a couvert en direct la manifestation côté palestinien. Les télévisions et autres médias locaux ont bien couvert les deux manifestations, surtout compte tenu des événements violents du week-end. Les jeunes ont été très présents aux deux manifestations et ont fait d’elles un véritable succès.

Pour les partenaires de l’Initiative de Genève l’unilatéralisme, la politique des petits pas et « [retrait de] Gaza, un point c’est tout » sont voués à l’échec. Il est pratiquement certain que les objectifs de sécurité et de stabilités ne seront atteints que par des négociations pour un règlement définitif du conflit et par une avancée rapide pour respecter les engagements respectifs pris dans le cadre de la Feuille de route, compte tenu des circonstances nouvelles créées par le retrait de Gaza et du nord de la Cisjordanie. Toute impasse après Gaza ne ferait que servir les intérêts des extrémistes des deux côtés.

Après le succès des deux manifestations, les partenaires israéliens et palestiniens de l’Initiative de Genève prévoient de se lancer dans d’autres actions conjointes sur le terrain, pour convaincre les opinions de l’importance d’une solution à deux Etats viable, où l’Etat de Palestine vivra en paix à côté de l’Etat d’Israël, sur la base des frontières de 1967 et du modèle des Accords de Genève.