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Yediot Aharonot, 31 mai 2006

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


La presse est en ébullition, cette semaine, autour de la promesse d’Amir Peretz, ministre de la défense, de démanteler les colonies sauvages en Cisjordanie. Selon une information, 12 de ces colonies allaient être détruites, une autre parlait de 24, une troisième citait « un ministre de premier plan » qui réclamait que plusieurs dizaines de ces colonies soient évacuées.

Mais même les plus naïfs d’entre nous ont du mal à croire ces déclarations. Une simple recherche sur Internet avec les mots clé « évacuation de colonies sauvages (outposts) » donne 166.000 résultats.

A peu près tous les hommes politiques ayant eu affaire à cette question ont promis, d’une manière ou d’une autre, d’évacuer ces colonies sauvages. Mais, malheureusement, il n’y a rien pour étayer le fait que ce soit davantage que de simples menaces. C’est même le contraire : il y avait environ 50 colonies sauvages en 2001, il y en a 102 aujourd’hui.

La réponse à la propagande sur les colonies sauvages est simple : quand vos dirigeants disent qu’ils vont évacuer des colons illégaux, ils veulent dire en réalité qu’ils vont construire. On parvient facilement à cette conclusion en jetant un coup d’œil aux infrastructures qui ont permis de bâtir ces colonies.

Des centaines de kilomètres de routes en bitume, un approvisionnement en eau et en électricité, tout cela a été fourni par l’Etat d’Israël lui-même. Si l’Etat avait voulu mettre fin à ce phénomène, tout ce qu’il avait à faire était de stopper le flot des finances et des ressources.

Ce phénomène des colonies sauvages est si étendu qu’il faut une flotte de conteneurs d’eau rien que pour alimenter les colons, à un coût de dizaines de milliers de shekels par jour. Si nous fermions le robinet et mettions à genoux les habitants des colonies sauvages, il ne faudrait que quelques semaines pour certains se brisent et partent de leur plein gré.

L’absurdité de cette charade de l’évacuation des colonies sauvages a été démontrée en septembre 2004 quand des membres de « Courage to Refuse » et de Shalom Akhshav (La Paix Maintenant) ont démantelé une colonie sauvage sans verser une goutte de sang, et qu’ils se sont même débrouillés pour placer l’une des maisons vides en face du ministère de la défense à Tel-Aviv.

Il n’a fallu que quelques dizaines de personnes pour mener à bien cette opération, avec pour seules armes deux camions et beaucoup de motivation. On voit donc que l’évacuation de colonies sauvages ne pose aucun véritable problème. Quand la volonté existe, on trouve une solution.

Mais, comme il a été dit plus haut, le ministère de la défense ne démontre aucune volonté de la sorte. Même si, symboliquement, une colonie sauvage est détruite tous les mois, cela est fait principalement pour détourner l’attention de l’opinion du vrai problème. Les délinquants ont alors le temps de s’organiser, de faire appel à leurs amis et de se barricader à l’intérieur de la clonie sauvage.

A la fin de la journée, comme on l’a vu à Amona, ils en arrivent à frapper des policiers, dont le corps est un objet légitime de la violence des colons.

Les colonies sauvages sont devenues de la menue monnaie politique, quelque chose qu’on jette à l’opinion quand les sondages n’ont rien de mieux à offrir (dans le meilleur des scénarios) ou pour détourner l’attention de l’opinion d’autre chose (dans le pire).

Binyamin Ben-Eliezer, Shimon Peres, Ariel Sharon, Shaul Mofaz, Ehud Olmert et maintenant Amir Peretz ont tous promis d’évacuer. Mais, alors que les médias et l’opinion se concentraient sur leurs promesses vides de sens, plus de 30.000 nouveaux colons se sont installés dans les Territoires ces six dernières années, et la construction réelle dans les grosses colonies se poursuit à un rythme meurtrier.

La bonne nouvelle, c’est que par le passé, les colonies sauvages représentaient une réelle menace parce que toute colonie sauvage abandonnée finissait par se transformer en une colonie beaucoup plus importante. Aujourd’hui, alors qu’Israël se prépare à un retrait, c’est surtout pour les colons eux-mêmes que ces colonies sauvages constituent une menace.

Au lieu de concentrer leurs forces pour sauver les gros blocs de colonies, les colons se sont dispersés sur des centaines de points de colonisation. Or, il est clair que le jour de la grande évacuation, les points les plus isolés seront abandonnés. Ils ne représentent donc pas une grande menace dans l’optique d’un éventuel accord ou même d’un retrait unilatéral.

Le ministre de la défense serait bien avisé de commencer à confisquer les armes de colons, ceux des colonies sauvages comme ceux des colonies importantes, plutôt que de se concentrer sur des avant-postes marginaux, en ayant à l’esprit l’objectif de les ramener en Israël.

Les maisons vides au sommet des collines ne représentent aucune menace pour la sécurité d’Israël. Les fusils aux mains des délinquants des collines de Samarie, si.