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Ha’aretz, 9 février 2007

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Le nouveau gouvernement palestinien d’union nationale pose un vrai problème à Israël. Il sera dirigé par un haut responsable du Hamas, Ismaïl Haniyeh. De plus, il ne reconnaîtra pas Israël et ne prétend pas respecter les conditions du Quartette, comme l’un des leaders du Hamas l’a déclaré.

Mais en même temps, ce n’est pas un gouvernement Hamas, et le Hamas n’y aura pas la majorité. Le ministre des finances proposé, Salem Fayad, et l’un des enfants chéris de la Maison Blanche. Le ministre des affaires étrangères, l’universitaire Ziad Abou Amar, a donné de nombreuses conférences aux Etats-Unis et n’a pas de positions extrémistes vis-à-vis d’Israël. Et le ministre de l’intérieur, responsable des forces de sécurité, sera un indépendant, bien que nommé sur recommandation du Hamas.

Dans ces conditions, Israël et les Etats-Unis auront du mal à exiger que le boycott économique du gouvernement palestinien demeure en place.

Les autres membres du Quartette (Union européenne, ONU et Russie) sont depuis longtemps perturbés par l’opposition américaine à un gouvernement d’union, et une fois que celui-ci sera en fonction, soit dans quelques semaines, certains d’entre eux ou même tous pourraient annoncer la reprise des relations avec l’Autorité palestinienne.

Bien que le leader du Hamas Khaled Mesh’al et celui du Fatah, le président Mahmoud Abbas, aient accepté les principes de l’accord de La Mecque il y a une dizaine de jours, ce n’est que cette semaine que les derniers doutes se sont dissipés, quand ils se sont rendu compte que le sommet de La Mecque était leur dernière chance de mettre fin à la guerre intestine à Gaza. Près de 100 Palestiniens ont été tués dans les affrontements depuis deux mois, et les violences et le sentiment de perdre tout contrôle ont poussé Abbas à braver le mécontentement américain et Mesh’al à renoncer à son rêve d’un contrôle exclusif par le Hamas.

L’accord conclu a donné quelque chose à chacun. Mesh’al n’a pas dû renoncer au programme politique du Hamas ni reconnaître Israël. Abbas a un gouvernement que le Hamas ne contrôle plus. Mais de nombreux Palestiniens leur en veulent à tous les deux.

Quiconque lit le document de l’accord pourrait ne pas comprendre pourquoi il a été retardé de plusieurs semaines sanglantes pour quelques mots. Par exemple, le document final déclare que le gouvernement « respectera » les accords passés avec Israël. Abbas voulait le mot « adhérera ».

A Gaza, les habitants se sont réjouis de la fin de la guerre civile. Mais la fête pourrait être prématurée. Sans parler des milices armées de Gaza, quelques illuminés pourraient facilement faire repartir le feu. Et ceux qui ont perdu des proches pourraient ne pas abandonner si vite tout désir de vengeance.

La pacification de Gaza sera la première tâche du nouveau gouvernement. Mais, au mieux, ce sera difficile, et il se pourrait que cela soit impossible.